Il n’est pas allé du dos de la cuillère pour asséner ses vérités sur certaines pratiques qui sont en totale déphasage avec la déontologie médicale. Dans un langage franc, cet universitaire dénonce, sous la forme de conseils et de recommandations faits à de jeunes médecins. Lors d’un panel avec pour thème : « Initiative santé mentale Ado jeunes et leaders de jeunesse », dans un hôtel de la place. Une initiative du réseau des médecins volontaires de Côte d’Ivoire dans le cadre de la première édition de la semaine du médecin volontaire.
« Souvent on meurt et nous sommes enterrés pour de bonnes raisons. On fait souvent des AVC pour de bonnes raisons, parce qu’on veut construire des maisons. Pour de bonnes raisons, on fait des accidents de la route, parque qu’on veut aller faire un « gombo » à 2h du matin. Beaucoup d’erreurs médicales sont souvent liées aux épuisements des médecins . En même temps, il est au CHU, en même temps, il est dans deux cliniques », regrette cet universitaire pour qui, cette situation est liée à la course effrénée du gain, au détriment de leur santé. Pour le Pr Koua, certains médecins n’entretiennent pas leur santé mentale : « Très souvent, le gombo fait que les médecins ne prennent pas soin de leur bien-être, de leur santé. Un des indicateurs de mauvaise santé mentale, c’est la mauvaise qualité du sommeil. Les médecins ne dorment pas bien, parce qu’ils vont de clinique en clinique, de gombo en gombo. Je sais de quoi je parle. Beaucoup de jeunes médecins sont pressés d’avoir de l’argent au point où, même lorsque l’État fait des augmentations, ils considèrent que ce n’est pas suffisant ».
Le directeur Coordonnateur du programme national de santé mentale a soutenu que le métier de médecin est embrassé par certains en ignorant toutes les contraintes s’y afférentes : « beaucoup de jeunes médecins sont rentrés dans le corps médical sans savoir les enjeux. Certains idéalisent la profession médicale. Lorsqu’ils finissent sur les bancs universitaires et qu’ils se retrouvent affectés dans les localités telles que Tehini, ou Doropo, ils vivent mal ces affectations », a-t-il fait remarquer puis d’ajouter : « Parce que, ce médecin a fait tout son stage au CHU de Cocody où il y a les services de scanner, d’IRM. Avec tout ça, il se voit affecté à Doropo où souvent, il n’y a même pas de radiologue. Ce qui se passe, c’est qu’il y a beaucoup, puisqu’ils ne sont pas préparés à la prise de poste, qui vivent mal ces affectations », a-t-il révélé.
Comme conseils, le Pr Koua Médard a exhorté les praticiens de la santé du réseau, à se détourner de la course au gombo, en privilégiant leur santé mentale : « Un médecin, un jeune médecin est responsable de son bien être psychologique. L’éducation au bien être psychologique n’est pas une affaire de blanc, c’est une affaire de qualité de vie. Soit tu tombes malade et tu prends tous tes « gombos » pour soigner ta maladie, soit tu prends le temps de promouvoir ton bien être », a-t-il conseillé. Car pour lui, « Ce n’est pas une option, c’est une conséquence du fait que, quand on est médecin, on doit être des promoteurs à la fois de notre santé mentale et du bien-être des populations qui viennent dans les établissements sanitaires ».
Ernest Famin