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Côte d'Ivoire/ Fête du travail Qui en veut au syndicaliste Zadi Gnagna ?

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Zadi Gnagna réclame la reconnaissance de statut de centrale syndicale de son organisation. (Photo : DR)
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Malaise dans les centrales syndicales. À l’approche de la célébration de la journée internationale du travail, le lundi 01 mai 2023, une centrale syndicale et non des moindres, estime être victime d’une injustice : la non-reconnaissance de son statut de centrale syndicale, et pourtant.

Après une longue accalmie, les bruits de bottes dans l’univers des centrales syndicales en Côte d’Ivoire pourraient ressurgir. L’une d’entre elles, actrice de premier plan dans les mouvements de masse ayant conduit à la signature de la première trêve sociale d’août 2017 et la seconde signée en août 2022, n’est pas contente du traitement qui lui est infligée. Il s’agit de la Plateforme nationale des organisations professionnelles du secteur public-privé de Côte d’Ivoire (PFN). Cette organisation, dirigée par Zadi Gnagna Théodore, dénonce une irrégularité dans le traitement des centrales syndicales. La PFN ne jouit pas de la reconnaissance de son statut, en tant que centrale syndicale avec tout ce que cela implique. Et pourtant, son statut de centrale syndicale lui a été reconnu et attribué par un arrêté ministériel en date du 05 février 2019, par l’ex-ministre de l’Emploi et de la Protection sociale, Abinan Kouakou Pascal. Sur la base de cette reconnaissance, intervenue après avoir rempli tous les critères exigibles en la matière, la PFN devrait participer au même titre que les cinq premières centrales syndicales, aux élections professionnelles.

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Ces joutes électorales devraient permettre de déterminer la liste définitive des cinq centrales syndicales reconnues par l’État de Côte d’Ivoire, sur les six existantes.  L’idée d’organiser des élections professionnelles est le fait de la volonté du gouvernement d’assainir le milieu des centrales  syndicales.  C’est en juillet 2018 que le processus a été amorcé, sous Jean-Claude Kouassi, alors ministre de l’Emploi et de la Protection sociale. Ce processus consistait à la mise en place d’un comité technique au niveau dudit ministère. Cette mesure visait à déterminer les centrales qui respectaient le code du travail. Ledit code de travail, en son article 53-2, précise en effet, que pour être centrale syndicale ou confédération des travailleurs, il faut avoir trois (3) fédérations issues de secteurs différents. Ces fédérations doivent avoir cinq (5) syndicats de base légalement constitués. Au bout de ce processus qui a consisté à faire des enquêtes sur l’existence réelle des syndicats, un arrêté ministériel signé en février 2019, va reconnaître six (6) organisations en Côte d’Ivoire. Elles seront considérées comme centrales syndicales, ce qui justifie qu’elles ont respecté le code du travail en son article 53-2. La plateforme nationale, la dernière-née des centrales syndicales, y faisait partie. Ledit arrêté prévoyait l’organisation des élections professionnelles, afin de choisir parmi les six, cinq  organisations représentatives.

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La campagne va s’ouvrir au sein des différentes organisations, mais n’ira pas à son terme.  Le ministère va stopper le processus électoral. En juillet 2019, la tentative de reprise du processus va encore accoucher d’une souris. Et depuis, les élections professionnelles, dont les résultats devraient permettre de désigner les cinq centrales syndicales, n’ont pas encore été tenues. Mais cinq centrales syndicales, en dehors de la PFN, sont les interlocutrices de l’État et bénéficient de tous les avantages y afférents. Ce sont ces mêmes centrales syndicales qui participent à l’organisation de la fête du travail et sont invitées à intervenir au nom des travailleurs.

Il s’agit de l’Union générale des travailleurs de Côte d’Ivoire (UGTCI), la Confédération des Syndicats Libres (CSL/Dignité), la Fédération des Syndicats Autonomes de Côte d'Ivoire (FESACI), l’Humanisme et l'Union Nationale des Travailleurs de Côte d'Ivoire (UNATRCI) qui sont pour l’heure, les centrales syndicales reconnues par l’État.

 

Zadi Gnagna : « Nous exigeons l’organisation des élections professionnelles » 

Zadi Gnagna, président de la PNF, déplore cette politique de deux poids, deux mesures. Pour lui, toutes les six centrales syndicales doivent être logées à la même enseigne, en attendant l’organisation des élections professionnelles. « Nous pensons qu’en attendant qu’il y ait les élections, les six centrales doivent être les interlocutrices de l’État.  Nous pensons que c’est une humiliation. Or, personne ne peut ignorer la légitimité et l’encrage national de la plateforme. Nous sommes l’une des plus grandes organisations syndicales en Côte d’Ivoire. Nous sommes utilisés comme des pompiers pour éteindre le feu, après, on nous laisse tomber. Cela ne peut plus durer et moi, en tant que président, j’ai suffisamment temporisé. Nous ne pouvons pas accepter d’être la seule organisation victime du blocage électoral, dont nous ne sommes pas les initiateurs », a dénoncé le leader syndical. Zadi Gnagna a regretté l’absence de son organisation à la célébration officielle de la fête du travail : « Nous ne sommes pas invités à la célébration de la fête de travail. Il faut que cette humiliation cesse. Nous avons décidé de mener notre combat de suivi. Si on ne nous met pas à la place qu’il faut, c’est que les gens veulent qu’on disparaisse ». Face à cette situation, le leader syndical avoue avoir entrepris des démarches auprès de certaines autorités, afin que justice soit faite : « Nous avons entrepris des démarches au plan national, nous avons écrit récemment au protocole d’État pour attirer son attention. Nous envisageons d’écrire également au grand médiateur ».

 

Ernest Famin

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