Société

Reportage/Distribution de cartes nationales d’identité: On se bouscule pour sa CNI !

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Plus de 3000 personnes…
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La caravane de retrait des CNI, initiée par l’ONECI, a connu un réel engouement, à l’étape de Yopougon. Les populations se sont massivement déplacées au Complexe Jessie Jackson où s’est déroulée l’opération, du 1er au 6 mars 2023. L’Avenir a fait le constat.

Alors que certains Ivoiriens disent attendre depuis plusieurs mois voire un ou deux ans pour se voir délivrer leurs cartes d’identité nationale, d’autres ne se donnent pas la peine d’aller retirer leurs cartes déjà établies. Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Vagondo Diomandé, l’a d’ailleurs relevé il y a peu à l’occasion d’une cérémonie publique. « Nous avons atteint plus de 5,5 millions de cartes d’identités produites. Plus de 400.000 cartes d’identité nationales attendent encore leurs propriétaires dans les centres de l’ONECI », a-t-il déploré. C’est pour remédier à cette situation que l’ONECI a initiée une caravane de distribution des cartes d’identités qui dorment dans les tiroirs de ses bureaux, fautes de pétitionnaires venus les réclamer.

3000 pétitionnaires par jour ! 

La première étape de cette caravane de distribution des CNI a démarré à Yopougon. Il est 10h45, le lundi 6 mars 2023. Les rayons brûlants que dardent le soleil de plomb ne semblent pas freiner les ardeurs des centaines de personnes qui continuent d’affluer au Complexe sportif de la commune, ce jour.  Ils viennent de partout, mais partage le même espoir : celui de retourner chez eux avec leur CNI. Cette opération de distribution de carte d’identité, initiée par  l’ONECI, a démarré dans cette cité, depuis le 1er mars 2023. Elle est prévue pour s’achever le 7 mars. Ce lundi 6 mars, et comme depuis le début de l’opération, l’espace dédié à cette opération est bondé. La dizaine de bâches dressées pour l’occasion ne suffit pas à accueillir tout ce flux de pétitionnaires. Il faut donc patienter un bon moment, sous le soleil, avant d’espérer voir   un siège se libérer sous les bâches. Selon la responsable, Bohoussou Sylvie, chef de projet, ce sont un peu plus de 3000 personnes qui sont enregistrées chaque jour dans la base de données.

Des fortunes diverses

Au milieu de cette masse de monde, et après des heures d’attente infructueuses, Kerène Kouakou se résout à abandonner. « Je suis arrivée depuis très tôt ce matin. Après des heures passées dans le rang, c’est maintenant qu’on me dit que mon dossier est incomplet et on me demande d’aller chercher le reste des documents pour revenir. Je suis fatiguée, je reviendrai un autre jour », confie la jeune assistante de direction, toute dépitée. Habib Sanogo, à contrario, est tout sourire. Il ne se lasse pas de contempler sa toute nouvelle CNI. « Je suis content d’avoir pu récupérer ma CNI. On m’a envoyé un message, je suis arrivé aujourd’hui et après quelques heures, on m’a remis ma carte. Je n’ai pas mis trop de temps ici », se réjouit ce mécanicien de profession. « J’ai fait la carte, et depuis 3 mois j’ai reçu le message, mais je n’étais pas à Abidjan. J’ai été ce matin au 23ème arrondissement, la carte n’y était pas. On m’a orienté à la mairie de Selmer, avant de me dire de venir ici. Je suis heureuse d’avoir pu récupérer ma CNI. Je suis enfin une vraie Ivoirienne », savoure Mme Yao.

Processus de retrait 

Pour cette opération de retrait des CNI dans la commune de Yopougon, ce sont les pétitionnaires de la mairie centrale de Selmer, des commissariats du 17e et du 23e arrondissement de police qui sont directement concernés. Ici, trois circuits de retrait ont été mis en place. Selon le circuit, lorsque le pétitionnaire arrive, il est d’abord pris en charge par des agents qui vérifient, dans un premier temps, le message d’invitation. Ensuite, son récépissé est récupéré pour les recherches de la CNI. Quand celle-ci est retrouvée en fonction du lieu d’enrôlement, le pétitionnaire est enfin invité à faire l’enregistrement avec les empreintes digitales et puis c’est tout.

Sauf que tout n’est pas si facile, lorsqu’il faut traiter des centaines de cas en même temps, pour environ 20 agents mobilisés. Et quand l’attente se fait trop longue, quand les rayons du soleil frappent fort, le ton monte, les esprits s’échauffent. « Nous sommes ici depuis 5h, dites-nous quelque chose ! » ; « Nous sommes sous le soleil, personnes ne s’occupe de nous, qu’est-ce qu’il y a ? » ; « Occupez-vous de nous, nous sommes des hommes aussi !» ; « Arrêtez la magouille, regardez-nous aussi ! », pestent quelques pétitionnaires encore dans les rangs, à la merci du brûlant soleil.

Dans ces circonstances, ce sont les vendeurs d’eau qui se frottent les mains, quand les bouteilles et autres sachets d’eau s’arrachent comme de petits pains. « Je suis là depuis 6h, j’ai utilisé presque tout mon argent pour boire de l’eau. Depuis, on me dit d’attendre, je ne vois rien. Je vous demande de nous aider. Nous voulons nos cartes, c’est pourquoi nous sommes sous ce soleil. Même s’il pleut, nous serons là. Cela fait trois ans que je me suis enrôlée, et depuis ma carte ne sort pas. Je ne sais pas ce qui se passe. Je tourne partout, aujourd’hui je suis ici et j’attends », piaffe Marthe Adjoua N’dri, sexagénaire, commerçante à Yopougon.

Quelques dysfonctionnements

Ici, une préoccupation est revenue de façon récurrente. Les pétitionnaires déplorent le « dysfonctionnement » dû aux messages invitant au retrait des CNI. « Je me suis fait enrôler depuis 2 ans. Je n’ai jamais reçu de message. Je suis même allé sur le site, on m’a dit que le document était en cours de traitement. Je suis néanmoins venu ici pour avoir de plus amples informations », nous apprend Abdoul Samassi. Comme lui, ils sont nombreux à n’avoir pas reçu de messages. Mais à l’occasion de cette opération foraine, ces cas sont également pris en compte. Des chapiteaux sont dressés pour toutes les formes de réclamations (erreurs ou omissions sur la carte, retard pour dossier incomplet etc.).   « Nous avons organisé cette opération pour donner l’opportunité au maximum de personnes de non seulement venir retirer leurs cartes, mais aussi faire des réclamations », nous explique Mme Bohoussou Sylvie. Elle dit ne pas comprendre « pourquoi les gens ne viennent pas retirer leur cartes ». Selon elle, « l’ONECI fait sa part ».

Pourquoi les CNI ne sont pas retirées ? 

« Nous avons les notifications par SMS, nous procédons aussi par appels. Il faut ajouter à cela, les informations sur le site internet. Malgré tous ces canaux, les cartes sont encore là, en très grand nombre. On va expliquer ça par le fait que nous, Ivoiriens, nous aimons les choses de la dernière minute. Tant que nous ne sommes pas coincés ou que nous n’avons pas une pression, nous ne nous pressons pas pour ces choses-là. Souvent, on appelle et on nous répond : « Ma CNI est prête, gardez, je vais passer après’’ Et ça traine », se désole Mme Bohoussou. « Depuis le début de l’opération, nous recevons plus de 3000 personnes par jour. Si on avait un tel engouement, les cartes devraient déjà être distribuées au maximum », renchérit-elle. Er d’ajouter : « Cette opération doit sillonner toutes les communes d’Abidjan. Après Yopougon, nous allons nous organiser pour aller ailleurs ».  

L’appel de l’ONECI aux populations  

« Nous avons un centre de réclamation, nous avons des numéros verts, nous avons le site en ligne. Il n’y a pas de problème qui n’a pas de solutions. Je n’ai pas reçu ma carte nationale d’identité, j’ai la possibilité de me rendre dans n’importe quel centre ouvert, pour faire ma réclamation. J’invite vraiment les populations à se rapprocher de l’ONECI, pour comprendre les raisons de la non disponibilité de certaines CNI. Jusqu’à preuve du contraire, je n’ai pas connaissance d’un cas qui n’a pas trouvé solution. Je n’ai pas encore entendu qu’on a refusé la CNI à un pétitionnaire. Quand ça tarde, c’est qu’il y a un complément de dossier à faire. Mais pour avoir l’information, la bonne, il faut se rapprocher de l’ONECI », exhorte Bohoussou Sylvie.

Manuel Zako

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