L’intensification de la lutte contre certaines pathologies est une priorité pour le gouvernement ivoirien. C’est ce qui ressort dans sa feuille de route de sa politique sanitaire de l’année 2023. Cette intensification va se faire par plusieurs moyens. Il s’agit entre autres de la vaccination, du dépistage et des prises en charge. En ce qui concerne le cancer, qui est une maladie de santé publique, l’État prévoit une vaste campagne de dépistage des femmes. Quinze mille huit cent quarante (15 840) femmes de 25 à 49 ans seront dépistées du cancer du col de l’utérus par test HPV et/ou traitées par thermo ablation ou par résection à l’anse diathermique. Les villes bénéficiaires de ce programme sont prioritairement Abidjan, Bouaké et Daloa. En plus du dépistage, les femmes malades du cancer bénéficieront d’une prise en charge pour leur traitement. À ce niveau, six cent cinquante (650) patientes atteintes de cancer du sein, bénéficieront de la gratuité des thérapies ciblées, soit d’une chirurgie mammaire. À défaut de ces options, d’autres bénéficieront d’une subvention de la radiothérapie.
Pour ce qui est du VIH/Sida, la stratégie va porter sur le dépistage, afin de permettre à un grand nombre de la population de connaître son statut sérologique. Précisément, ce sont 89% des personnes vivant avec le VIH qui sont concernées par cette mesure en fin 2023.
Parmi elles, 81,5% des personnes informées de leur statut sérologique seront mises sous traitement ARV en fin 2023. Et 85,7% des personnes vivant avec le VIH sous traitement ARV doivent avoir leur charge virale supprimée au bout du compte.
Quant à la tuberculose, l’accent sera mis sur la décentralisation des appareils devant servir au diagnostic. Ainsi, huit (08) appareils GeneXpert seront installés dans le cadre de la décentralisation de l’outil moléculaire pour le diagnostic de la maladie.
Le gouvernement veut aussi mettre l’accent sur la malnutrition chez la petite enfance, source de plusieurs maladies. C’est pourquoi, il a décidé de renforcer sa politique en matière de nutrition, tout en faisant bénéficier des soins aux enfants malnutris. Ce sont 80% des enfants malnutris (MASsc, MASc) qui seront soignés. Quant aux structures d’accueil des services de nutrition, deux mille trois cent quarante-trois (2 343) établissements de santé vont offrir des services de nutrition (Unités Nutritionnelles Thérapeutiques Ambulatoires fonctionnelles, ANJE) et ce, dans les 113 districts sanitaires.
Le paludisme
En matière de paludisme, véritable maladie de santé publique en Côte d’Ivoire, l’une des premières causes de mortalité, quinze (15) fourgonnettes seront acquises pour améliorer la disponibilité des médicaments et intrants. Ce dispositif va permettre d’améliorer le diagnostic et la prise en charge des femmes enceintes, ainsi que celui des enfants. À ce niveau, 138 883 cas de paludisme diagnostiqués et confirmés chez la femme enceinte, seront pris en charge gratuitement. Chez les enfants de 0 à 4 ans, plus 2 982 007 cas de paludisme diagnostiqués et confirmés seront pris en charge gratuitement. En outre, plus de 1 266 880 enfants et 959 886 femmes enceintes recevront la MILDA. Six (06) districts sanitaires bénéficieront de traitement des gites larvaires à travers l’épandage d’insecticide par les drones. Au moins, 80% des femmes enceintes vues en CPN, bénéficieront de 3 doses de Sulfadoxine pyriméthamine pour la prévention du paludisme. Le coût global au titre de ces activités est de 45 milliards de F CFA.
Ce qui est prévu pour les programmes de vaccination
En matière de vaccination, les campagnes traditionnelles contre certaines maladies seront maintenues et renforcées. 95% des enfants seront complètement vaccinés avant 12 mois en Penta 3. Pour la rougeole et la rubéole, le taux d’enfants de moins de 12 mois à vacciner est de 95%. Plus de 90% des filles âgées de 9 ans seront également vaccinées contre le Papillomavirus Humain (HPV) et passer de 40% à 70% de la population cible (12 ans et plus) complètement vaccinées contre la COVID-19. Dans le même chapitre, trois dépôts régionaux de vaccins et consommables seront construits à San Pedro, Odienné et Bondoukou.
La digitalisation du secteur de la santé fait partie des 5 grandes réformes du ministère de la Santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle. La digitalisation du secteur de la santé, comme cela se fait de plus en plus dans nombreux ministères, vise à améliorer la gouvernance des hôpitaux et la traçabilité des données, grâce au système d’information hospitalier (SIH). Plusieurs structures sanitaires seront connectées au SIH. Ces structures sont au nombre de cent soixante (160) établissements de santé, à savoir 20 CHR, 40 HG et 100 ESPC. L’avantage, c’est que 100% des actes de gratuité ciblés seront tracés dans les 160 établissements de santé connectés au SIH. Avec le système de digitalisation, les frais des consultations généralistes, ainsi que ceux des spécialistes, seront payés de façon électronique dans les EPHN, EPHR et EPHD. Autre avantage lié à la digitalisation des services de santé, c’est la traçabilité des produits sanguins. Elle sera effective depuis le prélèvement jusqu’au dernier utilisateur dans les hôpitaux, grâce à un robuste système de traçabilité. Le coût de mise en œuvre de cette réforme est de 7,550 milliards de FCFA dont 7 milliards pour la mise en place du SIH, 300 millions au titre de la traçabilité de la gratuité ciblée, 250 millions au titre de l’outil de paiement électronique et de 350 millions pour la traçabilité des produits sanguins.
Ernest Famin