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Interview/ Congrès des sages-femmes d’Afrique : Kangouté Maïmouna (Syndicat sages-femmes) annonce plus de 2000 participantes en provenance de 17 pays

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Kangouté Maïmouna, sonne la mobilisation des sages-femmes pour le succès du congrès des sages-femmes d’Afrique
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La Côte d’Ivoire va abriter du 26 au 28 Octobre 2022 le congrès de la Fédération des Associations de Sages-Femmes d’Afrique Francophone (FASFAF). À quelques heures de l’événement, Mme Kangouté Maïmouna, secrétaire national du syndicat des sages-femmes et maïeuticiens de Côte d’Ivoire dans cette interview donne les enjeux de l’événement, dégage les perspectives de la pratique du métier.

Combien de pays sont-ils attendus et combien de participantes ?

17 Pays de l’Afrique francophone y compris notre pays la Côte d’Ivoire et, environ 2000 participants. On aura également, des pays comme Haïti, l’Algérie, Les Pays-Bas d’où vient la Présidente mondiale de l’ICM.

Pourquoi le choix de la Côte d’Ivoire ?

Il faut déjà savoir que tous les pays d’Afrique francophone, pourvu qu’ils réunissent les conditions pour accueillir de telles assises pourraient également le faire. Pour cette édition, notre pays à été retenu et c’est une fierté pour toutes les sages femmes vivant en Côte d’Ivoire.

La relative stabilité sociopolitique et économique de notre pays, l’hospitalité légendaire qu’on nous connait.

Nous avons ici, des entités de la profession sage femme notamment l’ASFI (Association des sages-femmes ivoiriennes) avec à sa tête une dynamique Présidente (Awa DIALLO Epse YAO). L’ASFI est membre de l’International Confederation of Midwives (ICM) c’est-à-dire la confédération internationale de sages-femmes dont la Présidente est également annoncée pour cette édition.

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Quels sont les objectifs et les enjeux de ce congrès ?

Comme le thème l’indique, ces rencontres scientifiques visent l’amélioration de la santé maternelle et néonatale à travers les sages femmes d’Afrique francophone.

Ce sera une occasion de partager les expériences, revisiter les recommandations en vue de les harmoniser pour répondre à la vision 2030 de la pratique sage-femme. Cette année verra également le renouvellement de la Présidence de la FASFAF qui était assurée jusque-là par le TOGO.

Peut-on savoir les données de la mortalité des femmes en couche en Côte d’Ivoire ?

Selon les données récentes de l’enquête démographique de la santé (EDS 2021), nous avons une amélioration à ce niveau avec, 385 décès pour 100.000 naissances vivantes au lieu de 614 en 2012. Je félicite au passage toutes les sages-femmes dont l’engagement a contribué à ce résultat.

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Quels sont les problèmes que vous avez en commun avec vos consœurs des autres pays ?

Le problème primordial est celui de la mortalité maternel et néonatale encore en hausse dans la plupart de nos pays. Ensuite viennent les problèmes suivants du statut des écoles de formation et la mise en œuvre du système LMD (Licence-Master- Doctorat). Il y a également la problématique du profil de carrière des sages-femmes, l’insuffisance de personnel, la mauvaise répartition du personnel et enfin l’Insuffisance du financement de la santé qui devrait être à 15 % du budget national.

En Côte d’Ivoire, le métier des sages-femmes n’est plus réservé exclusivement à la femme. Les hommes sont désormais autorisés à faire accoucher. Quels sont vos rapports avec les maïeuticiens sur le terrain ?

Effectivement, depuis 2014, les hommes peuvent désormais intégrer la profession de sage-femme mais, les premiers maïeuticiens sortiront cette année. Ce qu’il faut savoir, c’est que dans les centres de santé où il n’y a pas de sage-femme, les infirmiers réalisent déjà des accouchements. De plus, à travers les gynécologues-obstétriciens, les hommes pratiquent également des accouchements.

 

Dans la même veine, quels sont vos rapports avec les gynéco-obstétriciens ?

Ce sont des rapports de collaboration. Ils sont les supérieurs hiérarchiques directs des sages-femmes dans le cadre du travail en équipe. A travers la Société de Gynéco-obstétrique de Côte d’Ivoire (SOGOCI), dont nous sommes membre, ils nous apportent énormément en termes de formation.

Combien sont les maïeuticiens en Côte d’Ivoire ?

On a une centaine environ en formation actuellement. La première promotion représente à peu près la moitié.

Chaque fois qu’une femme décède en couche, la tendance est d’accuser les praticiennes que vous êtes. En tant qu’organisation syndicale, que faite-vous pour changer la donne ?

Nous faisons notre part en tant que structure de défense des intérêts de sages-femmes pour situer les responsabilités et rétablir la vérité.

A côté de cela, nous sommes engagées, également dans la sensibilisation de nos membres, la participation aux enseignements postuniversitaires pour renforcer le niveau sur le terrain, faire des coachings sur site pour un renforcement des capacités, aider à prôner des meilleures pratiques sages-femmes, valoriser la profession sage-femme.

Il y a aussi la question de la formation continue. Vous en bénéficiez ?

La formation est permanente à travers les coachings de nos collègues les plus expérimentées (mentorat et tutorat), les ateliers et séminaires, les journées scientifiques et les congrès comme celui qui va se tenir bientôt du 26 au 28 Octobre 2022. C’est parfois juste un problème de planification dans les services qui ne permet pas à tout le monde d’en bénéficier. Mais au-delà de ce qui est formel, chacun d’entre nous doit pouvoir établir son plan de carrière et s’organiser en fonction pour être parmi les meilleurs dans son domaine.

Quels sont les défis qui vous attendent avec l’évolution de la technologie, surtout qu’on parle de plus en plus d’E-médecine ?

La technologie doit pouvoir révolutionner nos pratiques pour plus d’efficacité et d’efficience. Dans ce sens notre rôle est de sensibiliser les sages-femmes à cette nouvelle technologie ; former les sages-femmes dans le domaine de l’E- médecine ; et aider les sages-femmes à adopter et mettre en pratique cette nouvelle technologie

La pratique du métier ne risque-t-il pas de connaitre des bouleversements avec l’évolution technologique ?

L’évolution technologie constitue une avancée positive qui devrait nous aider à parfaire la prise en charge du couple mère-enfant et de la famille en général. Elle nous permet en un clic d’aller faire des recherches sur le net, de rentrer en contact avec des collègues/collaborateurs pour des avis et orientations, etc…

C’est une pratique modernisée qui va participer à la performance du système sanitaire et favoriser une meilleure éclosion de la profession et des pratiques sages-femmes. Cette nouvelle approche des soins sages-femmes nous amène à sortir de notre zone de confort. Mais, Quelque soit l'évolution technologique les sages femmes auront toujours une place en salle de naissance.

Quel message avez-vous à donner à vos collègues pour la réussite du congrès ?

Que chacune s'approprie ce congrès, et fasse en sorte d’en tirer beaucoup d'enseignements. Se former et former, partager des expériences, c’est l’occasion ou jamais.

J’exhorte toutes les sages-femmes à participer massivement à ces assises car c’est un défi pour la Côte d’Ivoire. Il s’agit de la 3e édition après Bamako et le Burkina-Faso et nous devons relever ce défi. Défi d’une bonne organisation, défi d’une mobilisation exceptionnelle. Sage-femme de Côte d’Ivoire, c’est ton congrès, c’est mon congrès, c’est notre congrès. C’est l’année de notre année. Le pays nous appelle. Alors répondons !

Réalisée par Ernest Famin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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