À l’état civil, Kouakou Aya Nathalie, Impératrice Nathy Lova, Ambassadrice de la musique ivoirienne au Maghreb, scénariste, dit tout sur les messes basses dans le showbiz et le cinéma. Celle qui se bat désormais, contre les grossesses en milieu scolaire, s’est confiée à L’Avenir.
Comment vous vous portez en ce moment, après avoir frôlé, il y a quelques temps, la mort suite à une paralysie ?
Effectivement, j’ai été très malade à la suite d’un tournage. J’ai même été paralysée. Nous avions fait le tour des hôpitaux et il était difficile pour moi de recouvrer la santé. Finalement, c’est dans un camp de prières que j’ai reçu la guérison. C’est grâce à ce camp que je suis parvenue à marcher convenablement.
Il nous revient que cette maladie aurait une origine mystique et qu’un sort vous aurait été lancé par un acteur. Qu’en dites-vous ?
C’est malheureusement ce que j’ai pu entendre. Je puis dire que cette maladie n’était pas simple. C’était une attaque très grave qui devait conduire à ma mort. Dieu ayant la main sur moi, j’ai pu recouvrer la vie dans sa maison. Que toute la gloire lui soit rendue.
« J’ai été victime de harcèlement sexuel »
Ce n’est pas assez fort toutes ces accusations ? Les pratiques mystiques existent-elles véritablement, selon vous, dans le cinéma ?
Ce ne sont pas des accusations fortuites. Les pratiques mystiques existent bel et bien dans le cinéma. Dans mon cas, lors d’un tournage, une de nos doyennes m’a ouvertement dit qu’elle ne m’aimait pas. Ces pratiques sont très récurrentes dans le milieu. Je ne comprends vraiment pourquoi les gens le font, mais je puis vous confirmer, c’est bien une triste réalité que nous vivons dans le milieu.
Pour vous, quelle pouvait être la raison pour laquelle cet acteur que vous accusez, voudrait attenter à votre vie ?
Je ne saurais vous le dire, mais je suis convaincue que c’est une méchanceté gratuite. Généralement, c’est de la jalousie. Sur le plateau de tournage, on m’a attribué un rôle qui n’a pas plu à certaines personnes. Le réalisateur a dû s’interposer pour trancher.
Plusieurs autres acteurs ont-ils déjà été victimes de pratiques mystiques ?
Bien sûr ! Beaucoup de personnes, sauf que les gens préfèrent ne pas en parler. Les gens se font du mal constamment dans ce milieu et c’est une réalité.
Le cinéma ivoirien paie aussi bien pour que certaines personnes en veuillent tant à d’autres ?
Je ne comprends vraiment pas pourquoi en vouloir aux autres dans un milieu qui ne paie pas aussi bien. En plus, aujourd’hui, le milieu du cinéma fonctionne par clans et par droit de cuissage. Malheureusement, on ne t’appelle plus parce que tu es une grande actrice, mais parce qu’on veut de toi. Le talent seul ne suffit plus pour gravir les échelons dans le cinéma.
Pour vous qui avez joué des rôles dans plusieurs films, on s’imagine combien de fois vous avez cédé à des droits de cuissage pour être à ce niveau…
En fait, ceux qui me connaissent bien, savent que je ne cède pas à ce genre de pratiques. J’ai toujours vécu dans la simplicité et aussi cachée. Je suis très réservée et je ne rentre pas dans de tels chantages. J’ai plusieurs fois été victime de harcèlement sexuel. Et ce n’est pas seulement que dans le cinéma, mais aussi dans le milieu du showbiz, puisque je suis aussi une artiste-chanteuse. Souvent, lorsque je finis de chanter, on me demande de ‘’passer d’abord à la casserole’’, avant qu’on ne me donne mon cachet. Ce qui fait que j’ai plusieurs fois laissé mon cachet pour partir. Il y a même certaines autorités qui le font. Par exemple, au cinéma, je devais jouer le rôle principal dans un film, mais le jour de la signature de mon contrat, mon interlocuteur, sans aucun scrupule, m’a proposé de coucher d’abord avec lui, avant qu’il ne me donne le rôle. Ce que j’ai refusé. Aujourd’hui, je me bats pour me faire une bonne réputation dans ce pays et donc, je ne peux me permettre de céder à de telles pratiques.
Après toutes ces expériences où vous avez frôlé la mort et avez eu des propositions indécentes, êtes-vous encore prête à faire carrière dans un tel univers ?
J’y suis toujours. Le cinéma et la musique, c’est ma vie. Quand j’ai arrêté les cours, je me suis retrouvée au théâtre avant de rejoindre l’équipe de ‘’Faut pas fâcher’’ de 2003 en 2010. Par la suite, j’ai fait plusieurs films qui ont eu du succès en Côte d’Ivoire. On peut citer entre autres films, ‘’les épines de l’amour’’, ‘’braquage à l’africaine’’, ‘’extrême obsession’’, ‘’sans regret’’, ‘’Ma grande Famille’’.
Votre nouvelle ambition est de vous battre contre les grossesses en milieu scolaire. Qu’est-ce qui motive une telle initiative ?
Effectivement, je suis l’initiatrice d’un projet dénommé ‘’Zéro grossesse en milieu scolaire’’. Cela, du fait que nous constatons avec regret, que nos petites sœurs, nos filles, dès l’âge de onze ans, s’adonnent à la pratique sexuelle. Souvent, elles prennent des grossesses à l’âge de douze ans. J’ai été sidérée de voir à l’occasion de l’examen du BEPC 2022, une candidate enceinte dont les amies tenaient la main pour qu’elle puisse se rendre dans son centre d’examen pour composer. Elle était à terme. Mon combat, aujourd’hui, est d’orienter et de sensibiliser ces jeunes filles pour éviter les grossesses à risques pendant le cursus scolaire.
Avec quelles recettes comptez-vous y arriver pour réduire le taux de grossesses élevé dans nos écoles ?
Je ne dévoilerai pas maintenant ici, ma stratégie pour amener ces jeunes filles à ne plus tomber dans la facilité. Je leur montrerai comment elles doivent s’y prendre pour éviter les grossesses sur les bancs. J’ai moi-même été victime et c’est la raison principale pour laquelle je me bats pour sauver mes jeunes sœurs. En classe de 4e, je sortais avec mon professeur. Mes parents ont tout fait, je ne voulais pas entendre raison. Je leur disais que j’aimais bien mon professeur. Finalement, ils m’ont abandonnée et ont arrêté de payer mes cours à partir de la classe de 3e. Cela a brisé mon rêve d’être une magistrate, car celui avec qui j’étais, ne pouvais pas payer mes études. J’ai finalement gâché ma vie pour juste du sexe. J’ai très mal et je regrette fortement cet épisode de ma vie. Dieu ayant un destin pour chacun, j’ai pu trouver une autre voie dans le cinéma et la musique. Ce qui n’est pas forcément le cas pour ces milliers de jeunes filles qui prennent des grossesses pendant qu’elles sont encore à l’école. De ma relation avec mon professeur, il y a eu deux enfants avec les avortements. Pour une meilleure sensibilisation également, je prépare la sortie d’un single pour soutenir ce combat. Ce sera du slam entremêlé de couper-décaler. J’ai aussi écrit un scénario dont le tournage est prévu pour très bientôt, dans les villes ciblées où il y a eu beaucoup de grossesses en milieu scolaire.
Philip Kla