Les femmes chercheures sont de plus en plus rares dans le domaine de la recherche scientifique et de l’innovation en Côte d’Ivoire. Le constat a été fait samedi 04 juin 2022 par la présidente de l’association des femmes et enseignantes chercheures de Côte d’Ivoire (AFEMC-CI), Docteure Céline Nobah Kacou-Wodjé. La cérémonie a eu lieu au centre national de matériels (CNMS) à Abidjan Cocody.
Les domaines de la recherche qui sont longtemps considérés comme des bastions masculins, sont de plus en plus revendiqués par les femmes. Selon un rapport de la Banque africaine de développement (BAD), la participation des femmes et des filles à la science est cruciale pour le développement de l'Afrique, parce que les besoins du continent, notamment le développement de ses infrastructures, son industrialisation, la modernisation de son agriculture, l’essor de son secteur privé et l’amélioration de ses systèmes de gouvernement et de redevabilité, ont pour dénominateur commun, la nécessité de disposer de personnes en mesure d’acquérir des compétences scientifiques et technologiques. Cependant, il est d’autant important de reconnaître qu’aucune amélioration ne peut être envisagée dans la qualité de vie des Africains sans que l’on ne consente des investissements en matière de compétences professionnelles, scientifiques, technologiques et d’innovation.
En 2018, on dénombrait en Côte d’Ivoire, seulement 16,5 % de femmes dans la recherche scientifique et de l'innovation. Le taux est légèrement en hausse en 2022 avec 20% de femmes chercheures.
Pour la présidente de l’AFEMC-CI, par ailleurs, enseignante-chercheure en hydrobiologie, spécialiste en pisciculture à l’ENS d’Abidjan et 1ère femme chercheure en pisciculture en Côte d’Ivoire, la promotion du genre féminin est plus qu’une nécessité pour la recherche et le développement du pays.
« Notre association est présente dans toutes les universités de la Côte d’Ivoire. Le monde de la recherche est un milieu où il y a peu de femmes chercheures, surtout dans les filières scientifiques. En mathématiques, nous avons 01 seule femme chercheure pour toute la Côte d’Ivoire. Joséphine Guidy Wandja, la première agrégée africaine et docteure d'État en mathématiques est à la retraite. En sciences physiques, pour toute la Côte d’Ivoire, nous avons 12 physiciennes. En sciences économiques, sociales, nous représentons en gros, 20% de chercheures et enseignantes-chercheurs. C’est qu’il y a problème. Donc, il est important de nous unir en association pour mieux nous organiser et analyser le contexte. Susciter des vocations de chercheur auprès de nos petites sœurs des lycées et collèges, afin que nous puissions servir de modèle et qu’elles puissent embrasser la carrière », a-t-elle exprimé.
Faible taux d’implication des jeunes filles
Docteure Céline Nobah Kacou-Wodjé a déploré le faible taux d’implication des jeunes filles dans le domaine de la recherche scientifique en Côte d’Ivoire. À cet effet, elle projette de mener des actions pour susciter une motivation accrue de jeunes filles des lycées et collèges vers les sciences.
« Beaucoup de filles ne sont pas motivées parce qu’elles ne savent pas ce que c’est la recherche. Donc, la faute incombe à tout le monde. Nous, en tant que femmes chercheures, nous devons organiser des journées carrières dans les lycées et collèges afin que nos jeunes filles voient en nous, des modèles pour leur permettre de se projeter dans l’avenir. Qu’elles se consacrent aux études. Elles n’ont pas d’excuses parce que nous sommes à l’heure du numérique. Elles doivent orienter leur formation dans les recherches. Dans les filières scientifiques, elles sont nombreuses, mais au bout de compte, elles désistent. Nous allons tenter de mettre en place, un plan stratégique qui puisse leur permettre d’embrasser cette carrière de chercheure », a-t-elle indiqué.
Venance Kokora
