La 6e édition de la Journée Handi emploi s'est déroulée le mardi 17 mai 2022 à l'auditorium de la CAISTAB au Plateau à Abidjan. Danielle Adahi, Commissaire générale de ladite journée, a indiqué avoir pris en charge, 450 personnes au cours des six années d'existence de la journée.
Pourquoi avez-vous créé un salon spécifiquement dédié à l'insertion des personnes en situation de handicap ?
La journée Handi emploi est née du constat que nous avons fait, à savoir les difficultés que les personnes en situation de handicap ont à s'insérer dans le milieu professionnel. C'est important pour nous de sensibiliser et d'accompagner cette couche vulnérable de la société ivoirienne. Aussi, nous avons la volonté de mettre en relation, les entreprises et les personnes en situation de handicap. Enfin, la volonté de les former et de les orienter dans leur choix de métier et de formation, nous a amenés à initier cette journée.
Quels sont vos objectifs en chiffres au terme de cette journée ?
L'initiative de cette journée nous a permis d'augmenter considérablement, le taux d'insertion des personnes en situation de handicap en Côte d'Ivoire. La majorité des entreprises démarre par des stages. C'est important de commencer par un stage, parce que plusieurs personnes en situation de handicap n'ont pas la qualification suffisante pour obtenir directement un emploi durable. Nous mettons un accent particulier sur les stages, parce que pour nous, c'est un mode de formation que nous souhaitons pour les personnes en situation de handicap. Après la journée Handi emploi, en général, nous avons entre 100 et 150 personnes en situation de handicap qui sont mises en stage dans de grandes entreprises. Ce que nous souhaitons, c'est que nous ayons de plus en plus de Contrats à durée indéterminée (CDI). De la première journée Handi emploi en 2017 à ce jour, nous avons 400 et 450 personnes en situation de handicap qui sont mis en stage. 15% ont conclu des Contrats à durée déterminée (CDD) et seulement 5% des CDI. Nous pensons que ce taux est très faible. Nous sommes conscients qu'on ne peut insérer des handicapés moteurs comme on insère des handicapés sensoriels.
Quelle est l'innovation de cette édition de la journée Handi emploi ?
Depuis l'année dernière, nous avons ouvert nos actions aux sourds et malentendants. Cette année, nous l'avons ouverte aux handicapés intellectuels, de sorte qu’aucune personne en situation de handicap ne se sente lésée. Tout le monde doit avoir sa chance à un emploi décent. Si vous faites le tour des stands, vous verrez le savoir-faire de nos jeunes. Les artisans n'ont pas voulu se faire compter l'événement.
Comment expliquez-vous ce taux très faible des personnes en CDI après six éditions de la journée ?
C'est justement le regard des autres. Je profite d'ailleurs pour sensibiliser les uns et les autres sur le handicap. Ceux qui viennent aux activités de la journée Handi emploi sont, à 80 ou 90%, des personnes qui ont dans leur entourage, des connaissances en situation de handicap. C'est soit un membre de la famille ou dans leur environnement proche. Avec ça, nous ne pouvons pas augmenter le taux des personnes insérées professionnellement en CDI. Lorsque je vais vers un chef d'entreprise et que je constate que dans son environnement, il n'a aucune personne en situation de handicap et que dans sa famille, il n'en a pas, mais qu'il est sensible à cette situation, je trouve cela formidable. J'apprécie ce genre d'initiative. Il faudrait que de plus en plus de personnes y travaillent pour changer le regard des gens. On ne peut pas vivre dans notre société sans trouver une place pour l'autre.
Un appel à lancer ?
Je dirai tout simplement aux parents de faire sortir les enfants en situation de handicap. Il faut qu'ils viennent prendre la place qui est la leur au sein des entreprises. Ils ne sont pas moins intelligents que les autres. À notre ministère de tutelle, je dirai de continuer à nous soutenir pour la réussite de cette journée spécialement dédiée à la promotion des jeunes personnes en situation de handicap.
Entretien réalisé par Roxane Ouattara