La Société de développement des forêts (SODEFOR), véritable rempart contre la désertification, fait de l’agroforesterie, un pan important de sa politique de reforestation.
De 16 millions d’hectares de forêt dans les années 1960, la Côte d’Ivoire ne compte aujourd’hui que moins de 2,9 millions d’hectares et cela est dû à la culture du cacao, dont le pays est le premier producteur mondial de fèves. La disparition rapide de la forêt provoque des perturbations climatiques inquiétantes pour toutes les espèces vivantes. Et pourtant, l’activité humaine intense ne facilite pas la régénération du couvert végétal.
En 1960, le territoire ivoirien était couvert de forêt à plus de 50% contre moins de 11%, actuellement. Il n’y a que 13,3% des forêts classées et 32,2% des aires protégées qui contiennent encore une couverture forestière. L’agriculture épuise 62% du couvert forestier Or, l’objectif du gouvernement est de recouvrer au moins de 20%, le pays de son couvert forestier d’ici 2030.
Dans son approche de reconquête et d’accroissement du couvert forestier national, la SODEFOR a mis en place, des mécanismes qui consistent en la préservation des forêts existantes et la réhabilitation des zones dégradées.
Le centre de semence forestier : la solution pour régénérer la forêt
Restaurer le couvert forestier détruit et principalement les 234 forêts classées de Côte d'Ivoire détruites par endroits, en raison du réchauffement climatique, des catastrophes naturelles, de l'appauvrissement des sols, de la migration des populations, de l’agriculture extensive, de l’orpaillage clandestin, des feux de brousse et de diverses autres actions, affectant le couvert forestier, l’environnement et les populations. Voici le défi auquel reste confrontée cette société d’État. Elle a décidé d’inscrire au cœur de ses priorités, la gestion et la conservation des semences forestières de qualité, à travers un centre dénommé « Centre de semences forestières », fruit de ses prérogatives.
Ce centre qui dispose d’un patrimoine semencier de 322 hectares, est constitué de 3 vergers à graines clones de teck sur une superficie de 2,5 hectares chacun dans les forêts classées de Mopri dans la sous-préfecture de Tiassalé, de Béki (Est, région de l’Indéné-Djuablin) et Téné, située dans la région d'Oumé qui abrite d’ailleurs, le plus grand centre de bouturage.
"Le reboisement concerne toute l'étendue du territoire de Côte d'Ivoire. C'est à partir de ce centre de bouturage que nous élevons les plants pour le reboisement", explique le Sous-Lieutenant Diarra Fousséni, responsable du centre de semences forestières.
Outre ces mesures prises, en 2020, la SODEFOR a adopté un système de surveillance satellitaire national de la déforestation et a créé une première "armée verte", une brigade de 650 soldats dédiés à la lutte contre la déforestation et la criminalité forestière.
L’agroforesterie, gage d’un développement durable
Le centre de semences forestières de la SODEFOR fait la mobilisation des semences de diverses essences forestières utilisées, dans le cadre de l’agroforesterie, en associant les cultures pérennes telles que le cacao, le café, l’hévéa, etc.
C’est donc une technique qui consiste à planter sur les mêmes espaces ou la même parcelle, des arbres forestiers à faible densité et des cultures agricoles. Avec cette technique, ce sont 100 plants maximum à l’hectare qui sont mis en terre avec une distance de 10 mètres entre les lignes et aussi entre les cultures.
L’objectif est de rendre productives, les zones dégradées de la forêt et de contractualiser les occupations agricoles en forêt classée. « La mise en place de ce système agroforestier résulte d’un accord entre la SODEFOR et le paysan illégalement installé en forêt classée. Le reboisement est fait à faible densité avec des essences locales de lente révolution. Les travaux de réalisation de la plantation forestière sont réalisés par le paysan lui-même. Ce système fait cohabiter les plants forestiers et les cultures agricoles sur une certaine période», a révélé dans une allocution, le directeur général de la SODEFOR, Colonel Mamadou Sangaré.
« L’Initiative d’Abidjan » au cœur de l’agroforesterie
Le Président de la République de Côte d’Ivoire, SEM Alassane Ouattara, a lancé à l’ouverture de la 15e Conférence des Parties (COP15) de la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification et la Sécheresse (CNULC), le lundi 9 mai 2022, un appel à tous les bailleurs de fonds pour sauver la planète à travers un projet dénommée « L’Initiative d’Abidjan ».
L’Initiative d’Abidjan ou Abidjan Legacy Program devrait à l’origine, mobiliser près de 600 milliards F CFA auprès des bailleurs de fonds pour restaurer les terres dégradées, renouveler au moins, 3 millions d’hectares de forêt d’ici 2030 et renforcer durablement la productivité agricole en Côte d’Ivoire. Le chef de l’État a récolté des promesses de dons pour un montant estimé à 1400 milliards FCFA.
Il s’agit d’un programme de gestion durable des sols et de restauration des écosystèmes forestiers. « L’Initiative d’Abidjan constitue donc une réponse globale et intégrée, qui vise tout d’abord, à créer les conditions d’une durabilité environnementale, à replacer ensuite, le secteur agricole dans un rôle puissant de création d’emplois et de revenus, à produire enfin, un équilibre social qui garantisse à toutes les couches de la société, le droit à une alimentation équilibrée et à une vie plus décente », a expliqué le Premier ministre Patrick Achi, lors de la présentation du projet aux chefs d’État et aux bailleurs de fond.
"L’Initiative d’Abidjan" est un programme dont les grands principes pourront s’appliquer à tous les pays confrontés aux défis de la désertification et de la déforestation. Il rentre en phase avec cette transformation structurelle de l’économie agricole amorcée par la SODEFOR face aux changements climatiques.
Joël Dally
