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Coopération Afrique-Chine/Rodrigue Ouakiri (Président du Club Ami de la Chine) : « Pourquoi la Chine gagne le cœur des Ivoiriens »

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Le Club Ami de la Chine est une association mise sur pied depuis 2003. Il s’est investi dans la coopération entre la Côte d’Ivoire et la Chine. Rodrigue Ouakiri, qui en est le président, a dévoilé au cours de cet entretien, les enjeux des missions de sa structure pour le rapprochement de ces deux États, plus particulièrement, sur la portée économique. Dans cette interview, il revient sur les actions du chef de l’État concernant la lutte contre la corruption.

 

À quoi doit-on s’attendre quand on parle de Club Ami de la Chine ?

Le Club Ami de la Chine est une association étrangère, créée pour redynamiser et renforcer la coopération entre l’Afrique et la Chine, en général, mais en particulier entre la Chine et la Côte d’Ivoire. La Chine est un pays qui a beaucoup à offrir à l’Afrique. C’est un pays qui est parti de rien pour atteindre un développement considérable et nous pensons que le peuple africain peut imiter le modèle chinois. Au-delà d’imiter le modèle chinois, il nous appartient de nous approprier notre continent pour le développer nous-mêmes, comme l’a fait la Chine. Aujourd’hui, 1 milliard 700 millions d’habitants n’ont plus faim, ils ont vaincu la famine, sur le plan sanitaire, ils n’ont pas à envier d’autres grandes puissances. L’Afrique fait 27 millions de Km2, la Chine fait 9 millions de Km2. L’Afrique fait 3 fois la Chine. Donc, l’Afrique a plus d’espaces que la Chine et la population africaine fait le tiers de la population chinoise. Cela suppose que l’Afrique peut se nourrir et nourrir le reste du monde. L’Afrique a assez d’espaces, le désert pour l’énergie solaire. L’Afrique est le continent de l’avenir et la Chine nous l’a démontré à travers son développement.

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Quelles sont les actions que vous menez pour consolider cette relation entre la Côte d’Ivoire et la Chine ?

Nous existons depuis 2003 et nous avons compris qu’un ami, c’est celui qui te soutient pendant les moments difficiles, il est comme un frère. Et quand la Côte d’Ivoire a connu sa crise, la Chine, géographiquement très éloignée de la Côte d’Ivoire, est venue à ses côtés. Au moment où d’autres ambassades délocalisaient, c’est là que la Chine a poursuivi la construction des infrastructures en Côte d’Ivoire. Ce pays nous a accordé des prêts pendant cette même crise. C’est pour dire que la Chine est un pays dont nous attendons beaucoup. Au niveau du Club Ami de la Chine, nous pensons que la Chine peut aider la Côte d’Ivoire dans tous les domaines, parce que c’est un géant. La technologie chinoise est vraiment développée et nous voulons de ce modèle pour notre pays. La coopération entre le Nord et le Sud à montrer ses limites, il faut donc privilégier la coopération Sud-Sud. Il faut aller à l’école de la Chine pour développer ce continent. Être ami de la Chine, n’est pas une autre de forme de recolonisation. Nous ne voulons pas copier, parce qu’on peut copier avec des erreurs, mais imiter un modèle de développement. Nous préparons le festival du cinéma chinois pour que nos cinéastes ivoiriens puissent faire connaitre nos films en Chine. Imaginez un film comme « Ma famille » d’Akissi Delta traduit en chinois et vendu en Chine. Cela va permettre aux Chinois de connaitre les réalités africaines. Il y a le film « Un mari pour deux sœurs » de Séa Marc Arthur… il y a beaucoup d’acteurs ivoiriens que nous allons faire connaitre.

 

« Les Chinois sont fiers du président Ouattara »

 

Des actions ont été menées dans le cadre de la coopération entre la Chine et la Côte d’Ivoire. Quel est votre niveau de participation pour faciliter ce rapprochement ?

Nous tenons à dire merci à la Chine. Comme je le disais, en pleine crise post-électorale, la Chine a construit une salle de conférence au ministère des Affaires étrangères au Plateau, l’autoroute de Grand Bassam, l’adduction d’eau potable à Bonoua. Elle nous a offert l’hôpital général de Gagnoa, le barrage de Soubré… les chantiers sont multiples dans le Nord, à l’Est, l’Ouest comme le Sud. Partout, elle est présente. Nous avons été contactés pour amener des jeunes pour travailler sur le 4e pont. Mais le hic, il fallait comprendre le chinois. C’est pourquoi, nous avons décidé de faire la promotion de la langue chinoise, parce que c’est la langue la plus parlée au monde. Il est bon pour les Ivoiriens d’apprendre à parler cette langue. Cela va faciliter l’interconnexion entre le peuple chinois et les Ivoiriens. Comme la Chine veut s’exporter, il y a de grandes entreprises chinoises qui veulent se faire connaitre en Afrique, en Côte d’Ivoire, la langue peut favoriser tout cela. La Chine a fait beaucoup en Côte d’Ivoire et nous demandons plus.

 

Au niveau économique, qu’est-ce que vous attendez de ce pays ?

La Chine est aujourd’hui la première puissance économique du monde. C’est celui qui a assez de moyens financiers qui peut aider celui qui n’en a pas. Donc, nous demandons un soutien réel de la Chine pour pouvoir réaliser beaucoup de choses en Côte d’Ivoire. Nous avons besoin des hôpitaux suffisamment équipés dans plusieurs régions, des écoles… à travers le soutien financier que ce soit sous forme de prêts. Dans tous les cas, notre pays qui est également une puissance en Afrique peut rembourser ces prêts. Mais aussi, nous avons nos matières premières que nous voulons faire connaitre à la Chine, c’est d’ouvrir le marché chinois aux Ivoiriens, aux Africains. Nous faisons la promotion de beaucoup de choses. La pandémie nous a quelque peu freinés, mais nous n’allons pas baisser les bras. Nous étions en train de faire la promotion du pagne baoulé en Chine via certains canaux, la promotion du pagne yacouba… Si les Chinois veulent s’intéresser à ces choses, nos tisserands auront des opportunités d’affaires, parce que d’immenses commandes seront faites. Pour nous, la Chine est un pays qui peut sur tous les plans, aider l’Afrique, particulièrement la Côte d’Ivoire. La Chine a plusieurs types de qualité de produits, il y a la première qualité, la deuxième et troisième qualités, ça dépend du commerçant qui va en Chine. Certains qui veulent faire du chiffre vont prendre des choses qui ne durent et disent que c’est du ‘‘chinetoc’’. Sinon en Chine, les immeubles ne tombent pas ! Les ponts ne tombent pas ! Donc, le concept « chinetoc » est un faux concept. C’est en fonction des actes qu’elle pose qui fait que la Chine gagne le cœur des Ivoiriens. Pour les planteurs, elle a mis sur pied, des téléphones qui rechargent d’autres ou se rechargent avec l’énergie solaire.

 

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Avec votre structure, que gagne la Côte d’Ivoire concernant la jeunesse et l’éducation nationale ?

Notre pays, à travers notre structure, gagne beaucoup. Nous sommes en train de mobiliser la plupart de nos frères, nos amis jeunes à aller fréquenter l’école occidentale. Nous avons des partenariats avec certaines universités en Chine. Nous distribuons des bourses d’études à des Ivoiriens pour aller fréquenter en Chine. Nous avons eu des entretiens avec l’ambassade de la Chine qui a demandé qu’on suspende nos actions à cause de la pandémie. Nous sommes en train d’orienter le regard de la jeunesse vers la Chine. Au niveau du football, nous avons lancé ce qu’on appelle le TAI CHI, le tournoi de l’amitié ivoiro-chinoise qui se jouera dans toutes les villes de la Côte d’Ivoire. Pendant que ce tournoi aura lieu, nous allons enregistrer des talents que nous proposerons aux Chinois. Nous allons mettre en exergue, les potentialités économiques, culturelles, touristiques de chaque ville pour attirer des investisseurs. Quand on parle de sport, la Chine est au sommet. Nous rendons hommage à Didier Drogba, Gervinho, Yaya Touré… qui ont joué dans ce pays. Donc, la jeunesse a beaucoup à gagner avec le Club Ami de la Chine. La Chine est le seul pays qui prête sans intérêt. Aux jeunes, je veux dire qu’on ne cherche pas du travail, mais on crée le travail. Des jeunes issus de différentes formations peuvent se mettre ensemble pour créer une entreprise. Maintenant qu’elle est constituée, on cherche les moyens. C’est ensemble qu’on est fort, au lieu de chercher à aller à l’aventure, il faut participer au développement de son pays.

 

Qu’en est-il de la production du cacao en Chine ?

 C’est vrai que dans l’ouest de la Chine, il y a eu un essai, mais quoi qu’on dise, la Côte d’Ivoire demeurera le premier pays producteur de cacao. Et le besoin en chocolat ou en dérivés de cacao, la production chinoise ne peut pas le couvrir. Ce ne sont pas des choses qui doivent nous effrayer, parce qu’un pays comme la Côte d’Ivoire qui est passée à deux millions de tonnes, vous comprenez que qu’on dise, on aura toujours le marché chinois à notre disposition. Nous avons ici au pays, un grand projet de reboisement que nous avons appelé « Reverdir la Côte d’Ivoire et le monde ». C’est un projet qui permettra de rendre la Côte d’Ivoire verte. C’est un projet écologique et économique. Avec le soutien de nos partenaires dont le ministère des Eaux et Forêts, nous allons faire le planting de milliers d’arbres du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Nous allons lutter véritablement contre le réchauffement climatique, mais aussi contre la famine, parce que le désert est en train de gagner du terrain, il faut le repousser. Lors de son discours, au sommet Chine-Afrique à Dakar, au Sénégal, le président de la Chine a demandé des actions de planting pour reverdir l’Afrique et le monde. Nous avons la même vision que le président de la Chine. L’Afrique est le continent de l’avenir. D’ici à 30 ans, c’est l’Afrique qui va nourrir le monde.

 

Au niveau sécuritaire, la menace terroriste plane toujours. Comment le Club Ami de la Chine envisage-t-il soutenir la Côte d’Ivoire ?

L’armée la mieux équipée et la mieux entraînée au monde, est l’armée chinoise. Nous, au niveau du Club Ami de la Chine, nous avons fait des démarches dans ce sens pour soutenir les forces de défense et de sécurité. La Chine a mis à la disposition de nos forces, d’importants moyens, nous n’en diront pas plus. Ce pays nous a présenté sa puissance de feu. Il nous soutient à travers du matériel sophistiqué. Et l’armée de Côte d’Ivoire est au point. Nous avons été surpris par des attaques, mais nous avez vu que la riposte a été fatale pour les assaillants. L’armée de Côte d’Ivoire est très outillée à repousser les djihadistes.

 

L’autonomisation de la femme est un projet qui tient à cœur au gouvernement ivoirien. Que comptez-vous faire pour soutenir l’État dans ce processus ?

Nous sommes pour la promotion du genre. Dans le Club Ami de la Chine, nous avons donné de la place aux femmes, parce que nous voudrons que les femmes africaines, ivoiriennes imitent les femmes asiatiques. Ce sont des femmes qui travaillent et ne comptent pas sur l’homme. Elles prennent leur destin en main et créent des entreprises. Nous avons également des actions en partenariat avec le ministère de la femme et pour cela, nous allons solliciter le soutien de l’ambassade de Chine.

 

Le chef de l’État mène une rude bataille contre la corruption, quel est le regard de la Chine sur cette action du numéro ivoirien ?

Vous me donnez l’occasion de rendre un hommage appuyé au chef de l’État, le président Alassane Ouattara, parce qu’entend que bosseur, il a changé le visage de la Côte d’Ivoire. La Chine est le pays qui combat de manière ardue, la corruption. Et même de hauts dirigeants corrompus, ont été radiés du parti communiste et de leurs entreprises, parce que la corruption met les pays en retard. Et nous, au niveau du Club Ami de la Chine, nous demandons à nos élus, cadres, de mettre fin à ces pratiques. Le chef de l’État fait des pieds et des mains pour lutter contre ce fléau. Pour la petite histoire, j’étais en Chine et une jeune fille m’a rendu service. En guise de remerciements, je lui ai offert un cadeau qu’elle a refusé. Cela donnait l’impression que je voulais la corrompre, or, ce n’était pas mon intention. Les Chinois ont une mentalité qui ne les amène pas à accepter un cadeau après un service rendu. Nous disons merci au président de la République qui rehausse l’image de la Côte d’Ivoire. Les Chinois sont fiers du président Ouattara.

 

Récemment, s’est tenu un sommet Chine-Afrique au Sénégal. Que gagne notre pays la Côte d’Ivoire ?

Les retombées de ce sommet, nous allons les constater dans les jours à venir. Sans même ce sommet, à travers tout ce que nous avons énuméré plus haut, vous voyez que la Chine s’implique dans le développement de la Côte d’Ivoire. Ce pays est dans le cœur de la Chine.

 

Interview réalisée par Venance Kokora

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