Société

Élysée Leroux (RIJES) : « Les jeunes sont les plus contaminés au VIH-SIDA »

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En Côte d’Ivoire, le SIDA est en net recul. Mais, au regard de leur comportement, les jeunes dans les lycées et collèges s’exposent de plus en plus aux Infections sexuellement transmissibles (IST), voire le VIH-SIDA. C’est ce qu’atteste Élysée Léroux, le directeur exécutif du Réseau ivoirien des jeunes contre le SIDA (RIJES) dans cette interview accordée à L’Avenir, à la veille de la célébration de la Journée internationale de lutte contre le VIH -SIDA.

 

Chaque 1er décembre, le monde entier célèbre la Journée mondiale de lutte contre le SIDA. Selon ONU-SIDA, la jeunesse reste vulnérable face à cette maladie malgré les ripostes. Quelle est la prévalence du SIDA aujourd’hui en Côte d’Ivoire ?

Nous n’avons pas de chiffres précis. Mais, le taux de prévalence a globalement diminué. Cependant, nous regrettons de nouvelles contaminations au niveau des jeunes. Cela, parce que nous avons mis en avant, depuis les dernières années, la prise en charge des malades au détriment de la communication. Et malheureusement, nous notons surtout parmi les jeunes, de nouvelles contaminations. Et ces nouvelles contaminations sont chez les jeunes de moins de 25 ans. Cela se comprend quand on regarde le nombre de grossesses en milieu scolaire et les Infections sexuellement transmissibles qui continuent d’éprouver beaucoup de jeunes, notamment chez les élèves. Il y en a qui sont hétérosexuels, comme homosexuels. Ce sont des personnes qu’il faut prendre en charge.

 

À combien estimez-vous ces nouvelles contaminations ?

C’est ce que je vous ai dit. Je ne peux pas être précis sur les chiffres. Mais, nous savons que les jeunes de moins de 35 ans représentent 70% de la population ivoirienne qui est estimée à plus de 25 millions d’habitants. Et parmi ces jeunes, 70% sont dans les zones urbaines. Le taux de scolarisation chez les garçons s’élève autour de 70%. Ce taux est de 60% chez les filles. Je vous donne ces chiffres pour que vous compreniez que c’est la population la plus importante, la jeunesse, qui est encore exposée à ces contaminations. Chez les filles de moins de 30 ans, la prévalence au VIH est de 2%, alors que 1,5% de jeunes garçons sont atteints du VIH, selon nos derniers chiffres.  Et ce chiffre est encore plus élevé chez les travailleurs du sexe. Dans ce milieu, le taux est de 18%, selon les derniers chiffres, chez les filles. Et pour les hommes homosexuels, le taux atteint 22%.  Cela pour vous dire l’urgence qu’il y a aujourd’hui de redoubler d’effort pour éradiquer définitivement le SIDA.

 

Aujourd’hui, avec l’avènement de la pandémie de la COVID-19, la sensibilisation contre le SIDA semble mise au placard. On ne vous entend plus…

Vous avez raison. Mais, il n’y a pas que le SIDA dont on ne parle plus. C’est la santé de façon générale qui est mise sous l’éteignoir. Cette pandémie a fait arrêter beaucoup d’activités. Au niveau de la lutte contre le SIDA, nous avons dû tout arrêter pour respecter les mesures barrières. Parce que nos activités, c’est plus du corps-à-corps. Mais à côté de cela, il y a aussi l’aspect financier. Toutes les ressources ont été orientées vers la COVID-19. Mais nous essayons de nous adapter à cela, parce qu’on sait que cette pandémie est aussi à prendre au sérieux. Nous regrettons seulement que cela se fasse au détriment des autres maladies comme le VIH-SIDA qui continue de contaminer beaucoup de jeunes.

 

N’est-ce pas aussi vous qui avez baissé la garde ?

Pas du tout. Nous sommes d’accord que la COVID-19 mobilise la communauté mondiale, comme c’est le cas aujourd’hui. Et nous avons constaté que cette pandémie qui, au départ était une maladie qui attaquait plus les personnes âgées, n’épargne plus aucune couche sociale. Beaucoup de jeunes sont victimes de cette pandémie. Dieu merci, grâce au numérique qui est prisé par la jeunesse, nous avons poursuivi nos activités de sensibilisation. Mais, nous avons aussi participé aux campagnes de sensibilisation des jeunes au respect des mesures barrières. Aujourd’hui, avec l’avènement des vaccins, nous sensibilisons les uns et les autres à se faire vacciner.  Au-delà du SIDA, c’est la santé des jeunes que nous travaillons à préserver.

 

Ne faut-il pas craindre que cette croisade contre la COVID-19 vous fasse oublier votre combat originel de sensibilisation contre le SIDA ?

Pas du tout. La preuve, nous sommes mobilisés pour la journée mondiale de lutte contre le SIDA qui se tient demain (aujourd’hui, ndlr). Le thème de cette année, « Réduire les inégalités pour mettre fin au SIDA », est évocateur. Mais nous avons réadapté ce thème mondial à nos réalités en l’intitulant comme ceci : « Réduire les inégalités pour un meilleur accès des jeunes à des services de santé de qualité ».

 

Comment préparez-vous cette journée mondiale de lutte contre le SIDA ?

Nous sommes très attachés à la réussite de cette journée qui doit mobiliser la communauté nationale sur la problématique du SIDA dans notre pays. Cette année, nous allons mettre plus d’accent sur la mobilisation de la jeunesse ivoirienne. Ce 1er décembre sera l’occasion d’attirer les parents, les décideurs, les religieux sur les questions de sexualité qui demeurent encore un tabou. Or, c’est par la sexualité que le SIDA se transmet en général. Cette année, nous avons invité les autres organisations de l’Afrique de l’Ouest pour porter cette journée.

 

Ténin Bè Ousmane

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