Société

Ramadan : Comment les gendarmes vivent le jeûne

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Jeûner et être de faction, prendre la garde la nuit, être sur le terrain de sport alors que l'organisme est au régime. Les gendarmes de la caserne militaire d'Agban témoignent.

Le mois du ramadan n'empêche pas l'exercice de ses fonctions militaires. Elle n'est pas une opportunité pour le soldat de se soustraire à ses obligations professionnelles. À la caserne du mythique camp de gendarmerie d'Agban, les soldats l'ont bien compris. Les musulmans de ce camp observent le jeûne, à l'instar des autres musulmans. Pour ceux d'entre eux approchés le mercredi 28 Avril 2021, à l'occasion de la rupture collective du jeûne avec le ministre d'État, ministre de la Défense Téné Birahima Ouattara, la tâche n'est pas aisée dans cette période de pénitence, mais reste passionnante. « La majorité de tout ce que nous faisons est physique. Nous mettons tout dans le cadre de la foi. Avec la foi, on peut tout faire. Même chez les chrétiens, il est écrit qu'avec la foi, on peut déplacer les montagnes. Lorsque la foi prend le dessus, en faisant le jeûne normalement, tu as l'espoir d'avoir ta récompense après », fais remarquer un jeune gendarme, visiblement heureux de partager son expérience.
Un soldat reste un soldat. Il est soumis à un code de déontologie. Qu'il soit commis au maintien de l'ordre, au poste de police, au bureau ou en train de réguler la circulation routière, les valeurs morales et les règles de conduite enseignées pendant la formation à l'école de gendarmerie ne varient pas pendant le ramadan expliquent des gendarmes.
Entre jeûne et devoirs du métier
« Tu peux jeûner sereinement, sans indisposer les autres, sans tenir des propos gênants. Le but du jeûne, c'est de souffrir, mais ce n'est pas parce que tu jeûne que tu vas indisposer tes proches. Le jeûne, ce ne pas seulement se priver de nourriture, mais être en de bonne relation avec ses collègues », soutient un homme en tenue. Et de renchérir : « C'est un ensemble de comportement. Lorsque nous devons travailler, nous le faisons selon nos textes réglementaires. Si je dois aller en maintien d'ordre, je le fais selon les règles établies. Ce n'est pas parce que je suis en jeûne que je vais faire autre chose ». Pour ce dernier, le travail bien fait est source de bénédiction. « S'il y a lieu de faire un combat, nous allons faire le combat. Le travail selon Allah est une bénédiction, donc il faut le faire normalement », a-t-il ajouté.

« Pour la rupture du jeûne, il n'y a pas de dispositif particulier. Chacun se débrouille comme il peut. La rupture à 4h du matin est un combat. J'étais affecté dans un service hors d’ici où se trouvait un kiosque qui ouvrait à 4h du matin. J'allais pendre le café au lait et je retournais à mon poste »

Restez oisif en se laissant dominer par le jeûne est plus dangereux et épuisant, affirme un autre gendarme. « Celui qui jeûne et qui ne veut rien faire sent plus la difficulté que celui qui jeûne et qui est en activité. Nous faisons la garde les nuits sans problème », assure-t-il. Selon ce gendarme, il n'y a pas de disposition particulière en faveur de la communauté musulmane dans la caserne d'Agban. Cela est pareil pour beaucoup de postes de service.
« Pour la rupture du jeûne, il n'y a pas de dispositif particulier. Chacun se débrouille comme il peut. La rupture à 4h du matin est un combat. J'étais affecté dans un service hors d’ici où se trouvait un kiosque qui ouvrait à 4h du matin. J'allais pendre le café au lait et je retournais à mon poste », témoigne-t-il. Et de poursuivre: « Mais arrivé ici (Ndlr camp Agban), j'ai cherché un kiosque, je n'ai rien vu. Mais c'est psychologique. Cela n'empiète pas sur le travail. Il y a d'autres même qui se lèvent à 4h du matin, mais n'ont pas l'appétit. Même souvent à la maison, je n'ai pas envie de manger du riz. Il me suffit de boire de l'eau ça passe ».
Ne pas confondre le travail et la religion, a indiqué pour sa part un autre frère d'armes. « Il ne faut pas mélanger le travail et la religion. À l'école de gendarmerie, à Daloa , on parcourait 8 km. Il y a des compétitions d'évaluation et vous devriez donner le meilleur de vous-même. Mais lorsque je finissais ce parcours, je n'avais jamais soif pendant que les autres étaient à la recherche de l'eau », témoigne-t-il.

Ernest Famin

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