La ville de Yamoussoukro a accueilli du 6 au 10 août 2024 une campagne spéciale de chirurgie humanitaire de hernies. C’était une initiative de l’Association ivoirienne des médecins chrétiens. Une ONG qui prône la médecine de proximité dans les zones défavorisées et la lutte contre les grandes endémies.
Je suis très souvent interpellé par mes parents par rapport à cette affection qui les dérange énormément
Elle n’est pas à sa première opération du genre. Dr Koffi Michel est médecin chirurgien à l’hôpital général d’Anyama. Il est le président de cette l’ONG. Selon ce médecin, la hernie est une préoccupation, surtout pour les populations rurales qui travaillent dans les champs, parce qu’elle les empêche de pouvoir mener à bien leurs activités champêtres. L’idée d’organiser ce programme humanitaire relatif à l’opération des hernies est partie d’un constat. « Moi-même, en tant que fils de la région de Yamoussoukro, je suis très souvent interpellé par mes parents par rapport à cette affection qui les dérange énormément. J’ai eu à cœur de pouvoir les aider en sollicitant l’organisation de cette campagne qui permet d’avoir des subventions, et ainsi réduire le coût de l’opération. Ce qui permet à ces paysans qui n’ont pas beaucoup de moyens de pouvoir se faire opérer dans les structures classiques », confie-t-il.
Ce sont les populations de Yamoussoukro qui étaient concernée
La tranche d’âge concernée par cette opération était comprise entre 14 et 80 ans. Cette opération a été un succès, reconnaît le praticien de la santé, au regard de l’engouement qu’elle a suscité au sein des populations ivoiriennes, de toutes les régions du pays, alors que la cible initiale était les habitants de Yamoussoukro, soit un total de 100 personnes à opérer. « Nous avions arrêté la liste quelques jours avant le début de la campagne, parce que nous étions débordés. Ce sont les populations de Yamoussoukro qui étaient concernées, mais celles d’autres villes du pays nous ont contactés, à savoir Bondoukou, Méagui, Abidjan…En fin de compte, nous nous sommes limités à une liste de 150 personnes enregistrées, sans compter les populations de Yamoussoukro qui sont venues directement sans passer par l’inscription », indique-t-il.
Les différents types de hernie
Des enfants, avec un nombril volumineux qui ne laisse pas indifférent à la vue, même couvert d’un vêtement, sont légion. En général, ces enfants mènent leur quotidien, sans que cela ne soit une source d’inquiétude pour les parents, à l’instar de leurs camarades qui ne présentent pas cette malformation congénitale. Parfois, ce sont des personnes adultes, des hommes, en particulier, qui éprouvent des difficultés à marcher. À travers leur pantalon ou culotte, l’on aperçoit une tumeur au niveau des parties génitales (testicules). Cette masse volumineuse, pour le porteur, ne lui permet pas en général de se mouvoir aisément. Tous ces cas de figure sont les signes cliniques d’une hernie. Il y en a plusieurs sortes : celles dites superficielles et les hernies profondes. Au niveau des hernies superficielles, il y a la hernie ombilicale qui est la plus connue. C’est une hernie congénitale. Il existe également la hernie inguinale qui se trouve au niveau des testicules. Ce sont des orifices herniaires qui peuvent être soit congénitaux, soit dus à l’effort physique. Une fois que ces orifices se déchirent, l’intestin y entre et vient se gonfler au niveau des testicules.
Les femmes aussi sont victimes
Contrairement à ce que certains pensent, la hernie inguinale ne touche pas que les hommes. Les femmes peuvent en être également victimes, a soutenu Dr Koffi Michel. Seulement, selon lui, chez la femme, cette hernie est appelée hernie crurale et se manifeste par un gonflement vers le haut au-dessus du sexe. Il y a aussi la hernie de la ligne blanche, une ligne imaginaire qui quitte l’ombilic jusqu’au creux du cœur qu’on appelle la xiphoïde.
Quant aux hernies profondes, on note la hernie hiatale. Elle concerne l’estomac. Il existe également la hernie discale qui se trouve au niveau de la colonne vertébrale.
La hernie inguinale n’est pas un problème de santé publique, mais elle affecte le rendement de travail chez la victime. De ce point de vue, elle perturbe la productivité des populations actives. Beaucoup de personnes ont cette maladie, mais vaquent à leurs occupations, a révélé Dr Koffi Michel. « C’est pendant cette campagne que j’ai vu des personnes de très haut niveau social qui m’ont appelé pour s’inscrire. Ce qui est grave, c’est que c’est une maladie honteuse, ce qui fait que les personnes qui sont victimes ne veulent qu’on le sache. Ce sont les plus courageux qui viennent vers nous pour se faire opérer », souligne-t-il.
Ernest Famin
