Nommé en remplacement d’Aka Aouélé, Pierre Dimba arrive au ministère de la Santé et de l'Hygiène Publique dans un contexte marqué par la crise de la pandémie du coronavirus.
Le nouveau ministre de la Santé arrive au moment où les recherches médicales à l'échelle internationales ont permis de trouver des vaccins contre la maladie. Non praticien du domaine médical, il aura surement à cœur de convaincre les sceptiques qu’il est à la hauteur de la tâche. L'actualité sanitaire mondiale est dominée ces dernières semaines par le vaccin anti-Covid-19. La Côte d'Ivoire n'est pas en reste. Dans sa politique de riposte, elle a commandé ses premières doses de vaccin par le mécanisme Covax pour 505 000 seringues et 504 000 doses de vaccin AstraZeneca/ Oxford depuis le 26 février 2021. Des cibles ont été d'abord identifiées pour cette première vague avant d'être élargies à un plus grand nombre. Le gouvernement s'est donné un objectif en invitant les populations cibles à se faire vacciner. Mais le contexte ne semble pas favorable. Il y a de la réticence, de l'inquiétude chez les populations, surtout après la suspension de ce vaccin pendant quelques jours dans certains pays européens avant de reprendre le processus. Comment parvenir à atteindre les objectifs du gouvernement pour une large couverture vaccinale, dans un contexte de méfiance extrême des populations à propos de ce vaccin ? C'est la première équation. Une autre équation est celle liée au nombre de contamination. Depuis mars 2020, date de la survenue de la maladie en Côte d'Ivoire avec la première réunion du Conseil national de sécurité, le challenge pour le gouvernement est la limitation du nombre de personnes contaminées. Le défi, on peut le dire, a été relevé, étant entendu que la Côte d'Ivoire est citée en exemple parmi les pays au monde où le taux de mortalité liée à la maladie reste encore très faible, en comparaison des statistiques mondiales de même que le nombre de contamination. À la date du mardi 06 avril 2021, la Côte d'Ivoire, selon le point de la situation du Covid-19 fait par le ministère de la Santé et de l'Hygiène Publique faisait état de 256 décès, 43130 personnes guéries sur 44854 cas confirmés depuis la crise. Au regard de ces données, il s'agira pour le nouveau ministre de faire en sorte de contenir le taux de contamination, à défaut de le revoir à la baisse, surtout avec la découverte de la nouvelle variante du virus, jugée plus contagieuse et mortelle que le premier, par les experts. Pour y parvenir, le nouveau patron de la santé devra relever le défi d’amener les populations à respecter les mesures barrières, lesquelles sont de plus en plus foulées au pied. Les primes Covid, une bombe à désarmer Pierre Dimba va devoir également s’attaquer à l'épineuse question de la prime d'incitation à la Covid, qui continue de susciter des mécontentements au sein de la grande famille du corps médical. Une catégorie des agents de la santé, considérée comme des contractuels, ne bénéficie pas de la prime à incitation instituée par le gouvernement, au profit de certains corps de métiers, considérés comme des métiers à risque dans le cadre de la riposte contre la maladie. L’application de cette mesure continue de faire grincer les dents. Le nouveau ministre parviendra-t-il à faire baisser le mercure et partant désamorcer les mouvements de grève projetés par certains agents de santé ? La gestion du coronavirus n'est, évidemment, pas l'unique sujet de préoccupation de son département ministériel. Il y a aussi le problème des urgences médicales dans les établissements publics en Côte d'Ivoire. Le gouvernement ayant pris la pleine mesure du problème, a ordonné la prise en charge gratuite pour ce qui concerne les premiers soins, de tout malade admis aux urgences dans un établissement de santé publique. Le nouveau ministre réussira-t-il à faire appliquer cette disposition gouvernementale ? Outre l’équation des urgences médicales, bien d’autres dossiers ne manqueront pas de mobiliser l’énergie du successeur d’Aka Ouélé, au nombre desquels la vétusté des locaux et du matériel de certains établissements sanitaire.
Ernest Famin
