Quelle mouche a bien pu piquer le PDCI, pour qu’il produise prestement un communiqué de façon unilatérale pour prendre ses distances avec le clan Soro ? Une démarche solitaire d’autant plus intrigante qu’une douzaine de jours plus tôt, ce parti signait avec plusieurs autres partis politiques et organisations de la société civile, la déclaration sur laquelle la justice s’est fondée pour incriminer Soumahoro Kando. Le tribunal reproche, en effet, à ce proche de Soro, d’avoir pris part à cette cérémonie pour le compte de Générations et Peuples Solidaires (GPS), le parti créé par Guillaume Soro et considéré comme dissous. Il n’en fallait pas plus pour que le PDCI se fende prestement d’un communiqué pour annoncer à la ville et au monde qu’il « n’est en aucun cas en alliance avec le GPS ». Que cache cette intention publiquement affichée de se démarquer de Soro, dont le passé rime avec des actions subversives ?
Les messages codés du communiqué
Une relecture attentive de ce communiqué permet de saisir le message qu’il distille en filigrane, message qui aide à comprendre les dessous de cette curieuse sortie solitaire du PDCI. On y lit notamment : « Bien que les parties signataires partagent un engagement envers la démocratie, elles ne sont pas toutes d’accord sur les idéologies et les méthodes utilisées ». Quelles sont ces « méthodes utilisées » avec lesquelles le parti créé par Houphouët-Boigny, dit ne pas être d’accord ? Tout porte à croire qu’il s’agit de méthodes antidémocratiques, en clair, du recours à la violence comme voie d’accès au pouvoir. C’est du reste ce que laissent sous-entendre clairement les passages du communiqué du PDCI qui vont suivre. « En signant ladite déclaration, le PDCI respecte les dispositions légales et constitutionnelles en vigueur », clame le parti fondé par Houphouët-Boigny. En disant cela, le parti dirigé par Tidjane Thiam laisse sous-entendre que certains des signataires de la déclaration du 9 août dernier semblent s’être inscrits dans une logique subversive, visant à mettre à mal l’ordre constitutionnel.
N’est-ce pas, du reste, ce que dit cette autre phrase du même communiqué : « En tant que parti de paix et de non-violence, le PDCI a toujours plaidé pour le respect de la constitution, considérée comme un pilier de la démocratie et condamne fermement l’utilisation de la violence comme moyen d’accès au pouvoir » ? Par ces mots, le parti septuagénaire livre en pâture certains des cosignataires de la déclaration du 9 août au siège du PDCI, que ce parti considère comme étant tentés par « l’utilisation de la violence comme moyen d’accès au pouvoir ». Le disant, le parti dirigé par Tidjane Thiam pointe expressément Guillaume Soro et son parti. On le voit, à travers son communiqué du 21 août dernier, le PDCI ne s’est pas contenté de prendre l’opinion à témoin de ce qu’il n’est pas en ménage avec le GPS de Soro ; il va bien plus loin en révélant, à mots à peine couverts, ce que l’ancien chef de la rébellion serait en train de mijoter depuis l’un des pays de l’AES où il se terre.
Ce que cache la sortie intrigante du PDCI
Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que le PDCI balance ainsi un projet de déstabilisation que seraient en train de nourrir certains des signataires de la déclaration du 9 août dernier, au nombre desquels Soro et son parti, GPS ? Quel message, par « téléphone rouge », a-t-il été passé au PDCI et à son président Tidjane Thiam pour que ce parti se précipite pour annoncer sur la place publique qu’il « n’est en aucun cas en alliance avec le GPS », autrement dit ni de près ni de loin mêlé à quelque projet funeste que ce parti serait en train de tramer ? Est-ce le scénario de l’épisode du fameux Conseil national de transition (CNT), qui s’est rejoué et a ainsi donné lieu à ce communiqué inopiné produit par le PDCI, le 21 août ? Il nous revient, en effet, qu’au plus fort du projet subversif baptisé CNT, le président du PDCI d’alors, feu Henri Konan Bédié, avait été informé, preuves compromettantes à l’appui, que son parti était de mèche avec ce projet de déstabilisation dont Guillaume Soro était la tête pensante. Ce qui avait eu pour effet de ramollir le leader du PDCI d’alors. L’histoire s’est-elle répétée avec cette affaire Soumahoro Kando ? Tout porte à le croire. D’où, cette sortie tempétueuse du PDCI que rien ne présageait.
Assane Niada