Depuis l'indépendance en 1960, cinq générations distinctes ont marqué la scène politique ivoirienne :
* 1960 à 1975 : l'ère des fondateurs avec Houphouët-Boigny (feu) et ses compagnons.
* 1975 à 1990 : l'époque des héritiers et des opposants, avec des figures comme Bédié (feu), Gbagbo, Ouattara et Wodié (feu).
* 1990 à 2005 : les successeurs de loyauté, tels qu’Amadou Gon (feu), Tidjane Thiam, Maurice Kakou Guikahué, Ahoua Don Mello, Affi N’Guessan, Patrick Achi et Tiémoko Meyliet Koné.
* 2005 à 2020 : la génération de la relève, incarnée par Assalé Tiémoko, Mamadou Touré, Sidi Touré, Charles Blé Goudé et d'autres leaders issus de la FESCI.
* 2020 à 2035 : les générations Y et Z, regroupant les jeunes âgés entre 25 à 45 ans.. Génération internet!
Chaque cycle de 15 ans semble être ponctué par des crises, marquant des signaux de transition vers de nouveaux horizons politiques. De la modification constitutionnelle des années 1970 au retour du multipartisme des années 1990 et aux turbulences des années 2000, ces crises révèlent les dynamiques de pouvoir et les aspirations des différentes générations. À l'aube de 2025, nous nous trouvons à un tournant décisif où les générations passées et futures devront coexister et collaborer pour construire une Côte d'Ivoire stable et prospère.
Une Analyse des cycles et crises
En observant attentivement l’histoire politique ivoirienne, on constate qu'à intervalles réguliers d’environ 15 ans, une crise surgit, semblant agir comme une « alerte » de la nature pour signaler un changement de cycle. Les historiens et observateurs de la vie politique peuvent en débattre, mais il est clair que les premières crises de succession politiques apparaissent vers les années 1970, notamment avec la modification de la constitution.
Première crise
À la fin de la décennie 70, juste avant la révision constitutionnelle qui a ôté à Philippe Yacé, alors président de l’Assemblée nationale et dauphin constitutionnel, tout espoir de succéder à Houphouët-Boigny, une crise significative s'est manifestée. Les événements de juillet 1977, avec le limogeage d’Henri Konan Bédié, Mohammed Diawara, Arsène Assouan Usher et Abdoulaye Sawadogo, respectivement ministres de l’Économie et des Finances, du Plan, des Affaires étrangères et de l’Agriculture, constituent aussi des jeux de succession marquants. La transition n’aura pas lieu.
Trois autres crises de successions
Quinze ans plus tard, en 1990, une deuxième crise politique survient, aboutissant à une crise de succession en 1993. Encore quinze ans après, la crise militaro-politique de 1999/2002 prend une tournure particulière en 2005 lorsque le président Laurent Gbagbo accepte d'autoriser Alassane Ouattara, son principal adversaire politique, à se présenter aux prochaines élections, cédant ainsi à la pression de la communauté internationale. Cette période est marquée par de graves tensions et de nombreux morts entre 2005 et 2007.
Quinze ans plus tard, une autre crise de succession éclate avec le troisième mandat (ou premier mandat de la 3ème République) du président Ouattara, causant environ 85 morts et 484 blessés en trois mois.
Une nouvelle phase transitoire
En observant les cycles précédents, il est plausible de penser que 2025 marquera le début d’un nouveau cycle qui se poursuivra jusqu’en 2035. Je crois que des acteurs politiques tels que Mamadou Touré, Stéphane Kipré, Sidi Touré, Emmou Sylvestre, Guillaume Soro, Charles Blé Goudé et Assalé Tiémoko joueront un rôle majeur.
Je pense que la période de 2025 à 2030 sera plutôt une « phase transitoire » visant à « évacuer » les trois premières générations, actuellement âgées de 60/70 à 90 ans. Les acteurs de la quatrième génération (45-55/60 ans) auraient plus de leviers et devront composer avec la cinquième génération, composée actuellement et majoritairement de jeunes âgés de 25 à 45 ans, constituant la grande classe moyenne.
Cette génération se divise en deux blocs : les « résistants », ceux qui sont restés durant la grande période de crise de 2000 à 2010, et les « repats », la diaspora ayant atteint le plafond de verre en Occident et désirant rentrer. Une grande vague de retours est à prévoir entre 2027 et 2035.
Vers une superposition des générations
En clair, l'année 2025 s'annonce critique. La troisième génération, qui aurait dû arriver au pouvoir entre 2005 et 2020, risque d'être sacrifiée. C’est la volonté de la quatrième qui tente d’encourager la deuxième génération de se maintenir pour mieux « griller » la troisième. Va-t-elle se laisser faire ?
À partir de 2030/35, il y aura donc un énorme "embouteillage" de trois générations (3ème, 4ème et la 5ème génération) qui devront se superposer. Je crois ici que les générations 4 et 5 ont un grand coup à jouer ensemble.
C’est donc le temps de la formation, de la préparation et du maillage territorial. On voit bien le jeu des uns et des autres et leurs différentes stratégies.
Bien négocier le prochain tournant
Pour terminer, notons que l’avenir politique de la Côte d’Ivoire repose sur la capacité de ses leaders actuels et futurs à bien négocier le prochain tournant des cycles de transition. La clé réside dans l’anticipation et la préparation des générations montantes à prendre la relève dans un contexte de stabilité et de progrès continu. Les enjeux sont élevés, mais avec une vision claire et une action concertée, la Côte d'Ivoire peut espérer un avenir prospère et pacifique (2030/2025).
Quid 2025 ? Je ne vois pas très bien encore cette année dans mes notes !
Une contribution de Magloire N’Déhi