Politique

Suspension du 8e congrès extraordinaire : Le PDCI pris au piège de ses propres textes

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Ce couac est un désaveu du processus tel que planifié par le président intérimaire, Philippe Cowpli Boni (Photo : dr)
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Le congrès extraordinaire du PDCI-RDA n’a donc pas eu lieu le samedi 16 décembre 2023 dernier. Une décision de justice tombée sine die la veille, vendredi 15 décembre, en a, en effet, suspendu la tenue. Il n’en fallait pas plus pour que les militants de ce parti imputent ce coup de théâtre à un bouc-émissaire. A la vérité, le PDCI-RDA est pris au piège de ses propres textes.

Alors que tout portait à croire que le 8e congrès extraordinaire de ce parti, annoncé à grand renfort médiatique, allait bien se tenir le samedi dernier, voilà que, patatras, un gros grain de sable vient faire dérailler le processus. Une décision de justice, prononcée par le tribunal de première instance du Plateau la veille, est venue tout mélanger. En effet, deux militants du PDCI-RDA, s’estimant victimes des « rouages » du comité en charge de l’organisation des élections devant conduire à l’élection du successeur d’Henri Konan Bédié, ont saisi la justice.

 

Les plaignants dénoncent des « rouages »

 

Il s’agit en l’occurrence de Christophe Blesson, Secrétaire général de la section du PDCI-RDA Yopougon Niangon Saint Pierre, membre du bureau politique du PDCI-RDA et Oura Affroumou Mathieu, secrétaire général de la section PDCI-RDA de Yopougon Gesco Manutention II et président du rassemblement national pour la victoire du Pdci (RPV-PDCI). Tous deux se disent congressistes statutaires conformément à l’article 33 des statuts du parti énumérant les membres du congrès et donc estiment avoir qualité pour contester les conditions d’organisation de ce congrès. Contestant la conduite du processus électoral par le président intérimaire du PDCI-RDA, Philippe Cowpli Boni, ils ont exercé un droit que la loi reconnaît à tout citoyen, en saisissant les tribunaux. Le faisant, ils ont pointé le piétinement, par le comité en charge des préparatifs du congrès extraordinaire, de certaines dispositions des textes régissant le parti.

 

Les articles 33 et 41 des statuts foulés aux pieds

 

Au titre des manigances dénoncées, le non-respect de l’article 33 des statuts, qui se traduit par le fait que le nom de Christophe Blesson ne figure pas sur la liste de congressistes alors que les textes lui en donnent le droit. Vient ensuite la violation de l’article 41 des statuts du PDCI-RDA portant critères de candidature pour être président du PDCI-RDA. Ce texte dispose qu’il faut « être ivoirien ; être de bonne moralité ; jouir de ses droits civiques et politiques ; être âgé de 40 ans au moins ; être à jour de ses cotisations ; avoir été membre du Bureau politique pendant au moins 10 ans ; s’acquitter d’une contribution au financement du congrès dont le montant est fixé par le Bureau politique ». Se fondant sur ces critères énoncés, les plaignants Christophe Blesson et Oura Mathieu font remarquer que rien ne devrait permettre au comité électoral de recaler la candidature du secrétaire exécutif en chef du parti, Maurice Kakou Guikahué. En tout cas, pas le chiffon rouge du contrôle judiciaire invoqué pour le mettre à l’écart, sans rien officialiser.

 

L’article 37 du règlement intérieur froissé

 

Par ailleurs, ces militants qui ont saisi la justice s’appuient sur une autre disposition du règlement intérieur du PDCI-RDA, qu’ils estiment avoir été froissée par le comité en charge des préparatifs du congrès. Il s’agit de l’article 37 du règlement intérieur qui dispose, en son alinéa 2, que « les listes des délégués (du congrès, Ndlr) doivent être établies et communiquées au Secrétariat Exécutif 30 jours avant la date fixée pour l’ouverture du congrès par lesdits organes ». Selon les plaignants, les « congressistes et le corps électoral n’ont pas été convoqués 30 jours avant la tenue du congrès, comme le prévoient les textes ». On le voit donc, les raisons invoquées par les deux militants du PDCI-RDA, auteurs de l’action en justice, trouvent leur fondement dans les textes qui régissent le fonctionnement du parti. Le parti septuagénaire est, pour ainsi dire, victime de ses propres turpitudes. Plutôt que de vouloir faire porter le chapeau aux autres, il devrait entrer en lui-même pour assumer ce couac, qui n’est rien d’autre qu’une conséquence de l’opacité qui a entouré les préparatifs de ce congrès, opacité qui a fait dire à deux « éléphants » du PDCI-RDA, Jean-Louis Billon et Thierry Tanoh, que tout cela puait la mascarade.

Assane Niada

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