Politique

Reportage/24 h après son décès: Pleurs et tristesse à la résidence des Bédié

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La maison du parti connaît une atmosphère de deuil depuis le départ brutal de son premier responsable, Henri Konan Bédié. (Photo : MZ)
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Pleures, consternations, recueillement… Le décès du président du PDCI-RDA, Henri Konan Bédié, plonge les Ivoiriens dans la tristesse et la désolation.

Le récit de notre reporter

La Côte d'Ivoire est en deuil, l’Afrique aussi. Elles viennent de perdre un de leurs illustres fils. L'ex-président de la République et président du PDCI-RDA, Henri Konan Bédié, a été arraché à l'affection des Ivoiriens, dans la soirée du mardi 1er août 2023. L'ex-chef d'État est décédé à 89 ans, suite à un malaise dont il a été victime à Daoukro. L'annonce de cette nouvelle dramatique plonge depuis le mardi, sa famille, les militants de son parti et au-delà, tous les Ivoiriens, dans une consternation générale.

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Hier, mercredi 2 août 2023, moins de 24 heures après sa disparition, les cœurs demeurent encore affligés et les visages très marqués. Devant la résidence de celui que la presse appelait affectueusement « le Bouddha de Daoukro », à Cocody Les ambassades, le ballet de véhicules est devenu interminable. Les allers et venues de ces voitures ont démarré depuis la veille, après l'annonce officielle du décès. Il est 12h15. A l'entrée de ladite résidence, 5 bâches et des chaises ont été dressées pour accueillir les visiteurs. Comme il est de coutume dans la tradition africaine, nous sommes de plain-pied dans les funérailles.  Une atmosphère de deuil règne en ces lieux.

Par petits groupes, à pieds, plusieurs personnes convergent vers la résidence du couple Bédié. Un important dispositif de sécurité s’est également mis en place, pour éviter d’éventuels débordements. Des dames arrivent en pleurant. Elles sont inconsolables. Elles pleurent en langue baoulé pour exprimer leur douleur. « Papa Bédié tu nous as tuées… » ; « Ce n’est pas ce que nous nous sommes dit… » ; « Nous sommes arrivées, vient nous parler, les élections municipales vont démarrer bientôt. Viens donner la conduite à suivre … », pleurent-elles à chaudes larmes.

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Mme Yao, militante du PDCI-RDA qui était présente à la résidence la veille, juste après l’annonce du décès, raconte ses premières émotions : « J’ai appris la nouvelle sur les réseaux sociaux comme tout le monde. J’ai pensé à des rumeurs, donc au début ? je n’ai pas pris en considération. Quand la nouvelle a commencé à être insistante, j’ai appelé des personnes qui m’ont confirmé. Mais je ne croyais toujours pas. Je suis arrivée à la résidence du président vers 2h du matin, et là, j’ai compris que le président Bédié nous avait vraiment quittés. C’était comme un déchirement dans mon intérieur ».

Des journalistes refoulés

Les yeux également pleins de larmes, certains hommes cachaient difficilement leur douleur devant cette disparition. Comme de nombreux Ivoiriens qui ont fait le déplacement, les journalistes affluent également en nombre pour être des témoins oculaires. Ils ne sont pas les bienvenus. Des instructions fermes ont été laissées : interdiction de filmer et de prendre des photos, au risque de voir ses appareils confisqués ou mis en pièce. Certains confrères, facilement identifiables avec leurs caméras et autres appareils, sont purement et simplement refoulés. Seuls les membres de la famille, les proches et certaines personnalités, sont autorisés à accéder à l’intérieur de la résidence. Une fois à l’intérieur, on aperçoit arriver des éléments de la garde rapprochée de l'ex-chef d'État avec leurs affaires personnelles. Renseignements pris, ils rentrent fraichement de Daoukro. A quelques différences près, le même décor (bâches, chaises…) est planté.

L’après Bédié fait déjà débat  

C’est l’occasion pour certains de mettre en corrélation leurs derniers rêves, avec le décès du défunt président du plus vieux parti de Côte d’Ivoire. « Je comprends maintenant tous les rêves que je faisais ces derniers jours. C’est comme si nous étions à des funérailles, mais je ne savais pas qui était décédé », raconte une jeune militante du PDCI-RDA, venue pleurer Henri Konan Bédié. C’est l’occasion également pour d’autres, d’exhumer de vieilles prophéties de pasteurs, qui ont prédit le chaos que le pays devrait connaître dans les années à venir. Si l’essentiel des conversations tournaient autour du défunt président et du parti qu’il laisse sans leader désormais, la question de sa succession est très présente sur toutes les lèvres.

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Certains noms circulent déjà, quelques heures seulement après le décès du Sphinx de Daoukro : Jean-Louis Billon, Thierry Tanoh, Tidjane Thiam… qui  sera le prochain président du PDCI-RDA ? Sur la question, les débats vont bon train. A 14h50, quelques heures après notre passage, le président de la République, Alassane Ouattara et son épouse, puis l’ex-chef de l’État, Laurent Gbagbo, et sa compagne Nady Bamba, sont passés à la résidence des Bédié, témoigner leur compassion à la veuve du président Henri Konan Bédié.

Tout comme à la résidence des Bédié, la maison du parti, toujours à Cocody, régnait la même atmosphère. La consternation se lisait sur tous les visages. Certains n’arrivaient même pas à contenir leurs larmes suite au décès subit du doyen de la politique ivoirienne qu’était Henri Konan Bédié.

 

Manuel Zako

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