Politique

Aboubacar Barro, maire résident de Kong « Ceux qui nous attaquent ne sont pas des djihadistes »

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Abidjan, le mercredi 30 juin 2021 (lavenir.ci)-Les attaques terroristes de ces dernières années dans le Nord de la Côte d’Ivoire, ne laissent plus personne indifférente. Dans cette interview qu’il a accordée à L’Avenir, Aboubacar Barro, maire résident de Kong, affiche toute sa préoccupation devant l’ampleur du phénomène dans la région.

 

Le lundi 29 mars dernier, les forces de défense et de sécurité installées dans la localité de Kafolo-Bac, ont été attaquées. Cela, moins d’un an après une première attaque qui avait coûté la vie à 14 militaires. Les dernières en date se sont déroulées à Téhini et à Tougbo. Comment vos populations vivent ces événements ?

La première attaque de juin 2020 nous a surpris. Avant ces attaques, on entendait parler de terrorisme loin de nous, dans les pays comme le Nigéria. Le terrorisme s’est ensuite rapproché de nous, en touchant le Mali et le Burkina Faso. Maintenant, il nous touche directement.

C’est vous dire que la première attaque de Kafolo, village du département de Kong, nous a surpris. Les populations, y compris les autorités étaient sous le choc. Vous me donnez l’occasion de remercier le préfet, Soualiho Soumahoro.  En sa qualité d’autorité suprême, il a immédiatement réuni la population pour demander de ne pas paniquer. Depuis, nous sommes dans cette disposition.

Mais malgré cette disposition, il y a eu une deuxième attaque et une troisième, même si le bilan de ces dernières est moins lourd...

L’attaquant a sa stratégie et le défenseur à la sienne. Ici, celui qui nous attaque n’est pas identifiable au premier contact. Ce sont des gens comme vous et moi. Souvent, ils sont même très aimables. Après la première attaque, des indices ont été donnés à la population pour identifier ce type de personne. Aussi bien l’étranger qui arrive que le jeune homme parmi nous qui se radicalise. Mais, il faut comprendre la complexité du terrorisme. Les terroristes réussissent à radicaliser certaines couches de nos populations.

 

Voulez-vous dire qu’il y a des complices internes qui favorisent la radicalisation ?

Il a été établi que la première attaque a été possible à cause de complices internes. Il y en a eu. Et la plupart de ces complices étaient des gens d’une même communauté.

 

« Nous surveiller comme du lait sur le feu »

Ce fait que certaines communautés soient soupçonnées de complicité avec les djihadistes ne fragilise-t-il pas la cohésion sociale dans le département ?

 

Le préfet et toutes les autorités politiques et traditionnelles s’activent pour inviter les populations à ne pas stigmatiser une communauté, de façon systématique. Vous avez raison, parce que les jours qui ont suivi la première attaque, il y avait une grande méfiance entre les populations. Mais, la population a été sensibilisée pour ne se référer qu’à l’autorité, quand il a des indices ou des soupçons de radicalisation sur une personne. Vous savez, nous n’avons pas le choix que de nous surveiller comme du lait sur le feu. Chaque fois que nous avons des soupçons, nous remontons l’information à la gendarmerie ou à la police.

 

On a constaté une forte présence militaire dans la région et plus particulièrement à Kong. Cette situation n’en rajoute-t-il pas à la psychose ?

Pas du tout. La population a été rassurée et chaque fois, à la mosquée, nous prions pour les militaires. C’est grâce à eux que nous vivons en paix. Ils ne sont pas venus pour contrôler la population. Ils sont là pour nous protéger.

 

Ténin Bè Ousmane

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