Abidjan, le lundi 28 juin 2021 (lavenir.ci)-L’ancien chef de l’Etat est auprès des siens dans son village natal à Mama. Arrivé dimanche après une escale à Blouzon pour se recueillir sur la tombe de sa mère, Laurent Gbagbo a donné rendez-vous à ses partisans pour le lendemain, parce que très éprouvé par le voyage. Il avait même promis leur donner les « nouvelles ».
Recevant des chefs traditionnels, des élus et cadres de Gagnoa, à son domicile à Mama, Gbagbo a expliqué les raisons qui l’ont amené à s’attacher désormais à sa seconde épouse, Nadiani Bamba. Un choix tranché depuis son retour en Côte d’Ivoire le jeudi 17 juin dernier. Selon lui, cette dernière lui a été d’un grand soutien au détriment de Simone Gbagbo qui était également détenue pendant une longue période avant d’être libérée. « Merci à Nady Bamba qui a été un grand soutien pour moi pendant le temps que j'ai passé à la Haye (…) il faut la remercier. Elle a quitté Accra où elle était en exil pour demander l’asile pour être toujours avec moi », a-t-il déclaré. A la suite de son argumentaire, l’ancien député de Ouragahio en 1990, est revenu sur son séjour carcéral dans le quartier pénitentiaire de la Cour pénal international (Cpi), à Scheveningen. Mais, avant son assignation en résidence surveillée à Korhogo, au nord de la Côte d’Ivoire.
Sa connexion avec un ex-chef de guerre libérien
Laurent Gbagbo a fait part d’une connexion qu’il a eue avec des prisonniers de renom dont le puissant chef de guerre et ancien président libérien, Charles Ghankay Taylor et l’homme d’Etat de la République démocratique du Congo, Jean Pierre Bemba Gombo, acquitté des charges de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. A cela, s’ajoute ses premières impressions en prison aux Pays-Bas.
« On m'a emmené là-bas mais quand tu sais que tu n'as rien fait, tu es tranquille. J’ai fait 7 ans à la Haye et 1 an à Korhogo. Je n'ai pas vu les jours passés parce que les Africains m'ont adopté et je les recevais chaque jour. Taylor, bemba et moi cotisions pour nourrir les Africains qui étaient en prison avec nous. Au début, j'avais un peu peur parce que je pensais que mes gens ont fait des choses qu'ils m'ont cachées. Pour moi, c'était des amusements ce qui se passait à la Haye car il n’y avait rien de sérieux. Il fallait simplement écarter un adversaire gênant », a-t-il prétexté.
Malgré son état, présentant quelque signe d’amaigrissement, l’ancien secrétaire général du Front populaire ivoirien (Fpi) dans les années 1990, est revenu sur les raisons qui ont motivé les juges de la Cpi à leur accorder la liberté. A croire, le président Gbagbo, « le dossier de l’accusation était très faible » et « l'appel du procureur Bensouda », une honte.
Comment Bédié et une délégation ont failli le couler
Le professeur d’Histoire a partagé à ses visiteurs, un incident qui a failli dégénérer entre lui et son pays d’accueil, la Belgique. En effet, après le passage d’une délégation du Pdci-Rda conduite par son président, Henri Konan Bédié, les autorités belges ont jugé que cette action qui, en son temps, avait fait couler beaucoup d’encre, s’apparentait à des actes politiques.
« Un jour, un ministre belge m'envoie un document pour me dire que je faisais de la politique, puisque j'avais reçu le président du PDCI et une délégation de son parti dirigée par Guikahué, alors que je ne devais pas le faire. Je lui ai répondu que c'est à cause de la politique que vous m'avez envoyé ici et c'est la politique qui va me sortir d'ici », a-t-il conclu.
Venance KOKORA
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