Politique

Justice: Retour sur un procès mouvementé de Guillaume Soro et ses compagnons

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Abidjan, dimanche 27 juin 2021 (lavenir.ci)-Le procès dit « Ministère public contre Guillaume Soro et 19 autres » pour complot contre l’autorité de l’État, a connu son épilogue le mercredi 23 juin 2021 devant le tribunal criminel d’Abidjan qui a prononcé son verdict. Guillaume Soro, le principal accusé, a écopé de la prison à vie, quand ses compagnons comme Affoussiata Bamba et Koné Kamaraté Souleymane, alias Soul To Soul, ont été condamnés à 20 ans de prison. Retour sur un procès qui a alimenté l’actualité ivoirienne pendant plus d’un mois.

Plus d’un mois après l’ouverture du procès dit « Ministère public contre Guillaume Soro et 19 autres » pour complot contre l’autorité de l’État, le 19 mai dernier, le tribunal criminel d’Abidjan a condamné mercredi dernier, Guillaume Kigbafori Soro, l’ancien président de l’Assemblée nationale, à la prison à vie et a ordonné la dissolution de « Générations et Peuples Solidaires » (GPS), son mouvement politique.  Son ex-chef du protocole, Koné Kamaraté Souleymane dit Soul To Soul, l’ex-ministre Affoussiata Bamba-Lamine et plusieurs militaires, ex-membres de la garde rapprochée de Guillaume Soro, ont été condamnés à 20 ans de prison. Quant à l’ex-ministre Alain Michel Lobognon, Sékongo Félicien, ainsi qu’aux frères Soro (Simon et Rigobert Soro), ils ont écopé de 17 mois de prison. Ces derniers ont ainsi été libérés, parce qu’ayant déjà passé 18 mois en prison. Les accusés, à l’exception de Traoré Babou qui a été purement et simplement acquitté, ont été condamnés à payer à l’État de Côte d’Ivoire, la somme d’un milliard de FCFA, à titre de dommages-intérêts. Ce procès de Guillaume Soro et de ses compagnons qui a duré un peu plus d’un mois, a alimenté l’actualité ivoirienne de ces dernières semaines. Quatorze accusés sur vingt ont effectivement comparu pendant ce procès. Quant à Guillaume Soro, Affoussiata Bamba, Moussa Touré, Sess Soukou Mohamed, Zebret Souleymane et Issiaka Fofana, ils ont été jugés et condamnés par contumace. L’on peut retenir trois temps forts de ce procès. Notamment, l’audition des accusés, les témoignages et les plaidoiries des avocats et le réquisitoire du procureur de la République.

L’audition des accusés

Les dépositions des accusés de ce procès ont débuté le mercredi 26 mai 2021, avec celle de Sékongo Félicien, le président du MVCI (parti politique proche de Guillaume Soro) et se sont achevées par celle de l’ancien ministre Alain Michel Lobognon. Durant cette étape cruciale de ce procès, l’on a noté que tous les accusés qui ont déposé à la barre du tribunal criminel, ont plaidé non-coupable. Par ailleurs, certains aveux comme ceux du commandant Kassé Kouamé Jean-Baptiste, l’ancien chef de la sécurité rapprochée de Guillaume Soro, ont retenu l’attention. « Je n’ai pas fait de complot avec quelqu’un. C’est moi qui ai demandé à mes éléments  de prendre les armes pour aller les jeter dans l’eau à Assinie dans le but de les détruire. Il y avait une présence armée au siège de GPS ce jour-là. C’était chaud et j’étais troublé ». Ces déclarations du commandant Kassé qui ont surpris plus d’un dans la salle d’audience, ont certainement apporté de l’eau au moulin du procureur de la République pour accréditer sa thèse de la tentative de complot. Ajouté à cela, l’accusation s’est fondée également sur un audio qu’elle impute à Guillaume Soro et dans lequel celui-ci dévoile un projet de coup d’État en Côte d’Ivoire. Autre fait marquant de ces dépositions, c’est que certains accusés et non des moindres, comme Soul To Soul, Alain Lobognon et Sékongo Félicien, qui ont certes rejeté la tentative de complot, ont cependant soutenu, que s’ils avaient été informés d’une quelconque tentative d’atteinte à l’autorité de l’État projetée par Guillaume Soro, ils se seraient opposés.

Les témoignages

Silué Sinaly, le directeur général de l’Autorité nationale de l’aviation civile (ANAC) a été le seul témoin à charge de ce procès. Les témoins annoncés par la défense, n’ont finalement pu comparaître. Ainsi, M. Silué, lors de sa déposition, a soutenu mordicus que ce ne sont pas les autorités ivoiriennes qui ont empêché l’atterrissage de l’avion de Guillaume Soro, le 23 décembre 2019 à l’aéroport d’Abidjan. Selon lui, M. Soro qui revenait de la France, a délibérément dérouté son vol vers Accra au Ghana. «  Aucune autorité ivoirienne ne m’a demandé d’empêcher l’atterrissage de l’avion de M. Soro. Toutes les autorisations d’atterrissage ont été accordées à notre niveau… C’est celui qui a commandé l’avion qui a demandé son déroutement », avait accusé M. Silué le 10 juin 2021 à la barre du tribunal criminel d’Abidjan. Ce témoignage de M. Silué avait été contesté par la défense qui avait promis le témoignage à décharge d’un expert de l’aviation qui n’est jamais venu.

Les plaidoiries et le réquisitoire du ministère public

Le procureur de la République Adou Richard Christophe, dans son réquisitoire le 16 juin 2021, avait requis l’emprisonnement à vie contre l’ancien premier ministre ivoirien Guillaume Soro, estimant qu’il est coupable des faits de complot et atteinte contre l’autorité de l’État. Il avait requis 20 ans d’emprisonnement contre Soul To Soul et des militaires de la garde rapprochée de M. Soro. Quant à l’ex-ministre Alain Lobognon et aux frères Soro (Simon et Rigobert), M. Adou avait requis 17 mois de prison. Allant dans le sens du procureur de la République, les avocats de l’État de Côte d’Ivoire avaient soutenu que les faits reprochés aux accusés ont été établis. En retour, le collectif des avocats de la défense s’était inscrit en faux, en tentant de démontrer l’innocence de leurs clients.

Lahassana Barro

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