Politique

Après le divorce politique: Simone Ehivet Gbagbo efface les traces de Gbagbo

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Simone Ehivet Gbagbo efface les traces laissées par Laurent Gbagbo. (Photo : DR)   
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Les relations entre l’ex-chef d’État et celle qui a été son épouse jusqu’à ce qu’il intente la demande de divorce, ne sont plus au beau fixe. Avec la création de son parti politique, elle fait son petit bonhomme de chemin. Et, visiblement, l’ex-Première dame veut oublier tout ce qui la lie au leader du Front populaire ivoirien (FPI).  

Il y a des signes qui ne trompent pas. Simone Ehivet Gbagbo semble être dans une logique de vouloir gommer tout ce qui la lie à Laurent Gbagbo. Probablement, à cause de la demande de divorce intentée par ce dernier à son endroit, ainsi que l’éclatement du Front populaire (FPI). Rappelons que l’ex-chef d’État, qui totalise 32 ans de mariage et près de 50 ans de relation, a intenté une demande de divorce à l’endroit de Simone Ehivet Gbagbo, depuis le 20 juin 2021. C’est-à-dire trois jours après son retour au pays. Après qu’il a été acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye où il a passé pratiquement 10 années. À cela, il fait ajouter la situation qu’a connue le FPI. L'ex-chef de l’État, qui a tenté de reprendre son parti en main consécutivement à son retour, s’est butté à Affi N’guessan, qui a assuré la direction, suite au décès de Sangaré Aboudrahamane. C’est donc la mort dans l’âme que Laurent Gbagbo s’est résolu à fonder un autre parti, à savoir le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI). Il a été porté sur les fonts baptismaux, le dimanche 17 octobre 2021.   

Simone Ehivet Gbagbo crée son parti

Alors qu’elle aurait pu le rejoindre dans cette nouvelle formation politique ou aller au FPI, où mine de rien, elle a passé une trentaine d’années de sa carrière politique, celle qu’on appelait dans cette formation politique, la « dame de fer », a préféré créer son propre parti politique, à savoir le Mouvement des générations capables (MGC). Il a été fondé le 19 août 2022, à deux ans de la présidentielle d’octobre 2025. Le MGC, selon ses fondateurs, est un parti socialiste, qui a opté pour la social-démocratie. Selon les explications données par le manifeste, « ce modèle se traduit par une pratique politique qui allie le système économique de marché - adopté aujourd’hui, par la quasi-majorité des pays du monde - à l’exigence de la protection sociale des populations ». De l’avis de Dr Traoré Samba, le premier vice-président du parti, Simone et ceux qui l’ont suivie au MGC, ne voulaient pas quitter le FPI. Seulement, dira-t-il, pour expliquer la situation : « Il se trouve que le FPI d'avant 2021 a implosé. Notre présidente en a tiré les conséquences et a créé le MGC… ». Vraisemblablement, toujours est-il qu’avec la création de ce parti, Simone Ehivet s’éloigne un peu plus de Laurent Gbagbo.  

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Le MGC de Simone Gbagbo a décidé d’organiser une fête pour célébrer le retour au multipartisme en Côte d’Ivoire, survenu en 1990. La dénomination fait aussi allusion à la fête organisée par le FPI au temps de Gbagbo. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le MGC a, pour sa part, choisi comme dénomination « La fête des libertés ». La présidente du MGC a calqué l’un des signes de salutation de Laurent Gbagbo, notamment les deux doigts de la victoire.

Les deux doigts de la victoire par les deux doigts de l’unité

Au MGC, en guise de salutation, on brandit les deux doigts, qui rappellent étrangement ceux que Gbagbo avait l’habitude de lever quand il saluait des foules. Sauf que pour le MGC, les deux doigts sont collés, et non séparés comme ceux de Laurent Gbagbo. Nous avons pu nous en rendre compte, le samedi 28 janvier 2023, au cours de la cérémonie d’installation du vice-président, coordonnateur du District de la Comoé, en l’occurrence, Akoi Kacou Innocent. Chaque fois qu’un responsable du parti, y compris Simone Ehivet Gbagbo, était annoncé pour prendre la parole, brandissait ce signe. Un participant n’a pu s’empêcher d’affirmer tout bas, que ce signe renvoie à celui que Gbagbo brandissait quand il était au FPI. « Nos deux doigts collés marquent l’unité.

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C’est inscrit dans nos textes du parti », a affirmé le premier vice-président, en guise de réaction. Traoré Samba ajoute en ces termes : « On n’a pas fait ce choix par rapport au FPI du président Gbagbo. Le « V » de nos camarades d’où nous venons était le « V » de la victoire. Nos doigts collés, c’est l’unité. Nous prônons l’unité », explique-t-il. Des signes de l’éloignement d’avec « l’opposant historique » semblent être ressentis par ailleurs, dans les discours.

Gbagbo quelque peu ignoré dans les discours

 Depuis la création de son parti, la présidente du MGC évoque rarement ou pas du tout, le nom de Laurent Gbagbo dans ses allocutions. Quelques jours après le retour de Gbagbo au pays, elle avait fait un discours dans lequel elle a prononcé son nom, tout en remerciant les autorités gouvernementales d’avoir œuvré à ce sujet. Mais depuis la création de son parti, elle le cite rarement aux cours de ses interventions. Au cours de la cérémonie d’installation du vice-président, coordonnateur du District des Lagunes, qui s’est tenue le samedi 18 février 2023 à Dabou, Simone Gbagbo a rendu un hommage au motif que « (…) c’est la localité où est née cette formation politique des années 1980, le Front Populaire Ivoirien (FPI). Ce parti-là, qui a contribué, dans une large mesure, à ouvrir la voie à une avancée notable vers la liberté, vers la démocratie ». Elle a aussi évoqué de manière générale, ceux qui étaient présents ce jour-là, sans pour autant mentionner le nom de Laurent Gbagbo, qui, quoiqu’on dise, est le chef de file de cette formation politique. « En 1988, dans une palmeraie de la terre de Dabou, une poignée de personnes audacieuses et déterminées, qui ne reculaient devant aucune menace, a posé des jalons solides du pluralisme politique en Côte d’Ivoire », a déclaré la présidente du MGC. Elle a ajouté : « J’ai eu l’honneur d’être de ces personnes-là. Nous croyions fermement à la lutte pour la liberté. Aujourd’hui, l’histoire de ce parti-là, a pris la tournure que l’on sait ; mais il reste que Dabou demeure le berceau incontestable de notre quête de dignité. Voilà la raison de ma grande émotion, ce jour ! ».

Aristide Otré

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