L'ancienne Première dame, Simone Gbagbo est, à 72 ans, à un tournant décisif de sa vie matrimoniale et politique. Entre un Laurent Gbagbo qui est prêt à tout faire pour effacer le passé qui le lie à elle et un parti politique au bord de l'implosion, Simone semble dans la tourmente depuis un certain 17 juin 2021.
Née il y a 72 ans, Si- mone Gbagbo est tout à la fois, une syndicaliste rompue, une femme politique à poigne et une mère. Durant les années d’exil de son époux, Laurent Gbagbo, c’est elle qui a veillé sur la famille et œuvré à la préservation du parti qu’ils venaient de porter sur les fonts baptismaux. Dans une interview accordée à la comédienne Hanny Tchelley, Laurent Gbagbo a confié que tous les hommes avaient peur de créer un parti po- litique face au PDCI-RDA, à cause des représailles de Félix Houphouët-Boigny. «C'est Si- mone Gbagbo qui a dit, créons notre parti politique», relate-t-elle dans un live Facebook.
En 2000, la Camarade, comme l'appellent les militants du FPI, est élue députée d'A bobo aux élec- tions législatives. Elle deviendra par la suite, présidente du groupe parlementaire FPI à l'Assemblée nationale ivoirienne. Elle conduira les débats pour défendre la ''souveraineté de son pays'' en 2002, sous la rébellion de Guillaume Soro. Elle est au cœur des mécanismes de prise de décision et mobilise donc, les bases pour obtenir un soutien populaire pour le compte du FPI. Ce qui n'étonne pas forcément, puisqu'elle fut chargée de la formation politique des militants, lors de la création de son parti. Elle s'y connait. La prison, Simone va y séjourner à plusieurs reprises aux côtés de Laurent Gbagbo, son époux de- puis 1989.
Camarade de lutte, épouse, syndicaliste, Simone Gbagbo a été avant tout, conseillère de Laurent Gbagbo pendant l'élection présidentielle de 2010 qui a débouché sur une crise post-électorale. Si- mone Gbagbo multiplie les mee- tings, Laurent Gbagbo sous pression de la communauté internationale, veut céder selon des in- discrétions. Elle a les cartes en main. D'ailleurs, elle réussit à mo- biliser plus de 5.000 sympathisants lors de son dernier grand meeting au Palais de la culture de Treichville.
Simone et les escadrons de la mort
Première dame de 2000 à 2010, Simone Gbagbo est la ''dame de fer'', comme l'appellent des obser- vateurs de la vie politique en Côte d'Ivoire, pour montrer son in- fluence dans la gestion du pouvoir avec son mari. Son nom est cité dans les tueries des escadrons de la mort qui sévissent à Abidjan. Anselme Séka Yapo, son aide de camp, est régulièrement cité dans ces tueries. Le journaliste franco- canadien, Guy-André Kieffer, dis- paru sur le parking d’un hypermarché d’Abidjan le 16 avril 2004. Le comédien Camara H., membre du Rassemblement des républicains (RDR) d'Alas- sane Ouattara, retrouvé mort dans la commune d'Adjamé le 2 février 2003, le corps sans vie criblé de balles d'Émile Téhe du (Mouve- ment populaire ivoirien), retrouvé dans la forêt du banco dans les en- virons de la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (MACA) en début novembre 2002.
Tous ces morts sont imputés à l'escadron de la mort que l’opi- nion rattachait à la garde rappro- chée de Simone Gbagbo. Pourtant, les annexes de l’enquête onusienne à l'époque « d’établis- sement des faits » ont cité des noms dont lui-même Anselme Séka Yapo et celui de Patrice Bahi, un adepte des arts martiaux, appartenant à la garde civile du chef de l’État.
Même si Séka Yapo a été reconnu coupable du meurtre du général Robert Gueï par le Tribunal de Première Instance d'Abidjan-Pla- teau en août 2016, le mystère sur la mort des trois cités plus haut et de plusieurs militants proches d'Alassane Ouattara demeure en- core à ce jour.
Simone et la crise postélectorale de 2010
«C'est Simone Gbagbo et Abou- drahamane Sangaré qui avaient pris le président Laurent Gbagbo en otage. C'est à cause d'eux qu'il y a eu tous ces problèmes. Le président était prêt à accepter les accords que lui proposaient les présidents africains qui vou- laient trouver une issue tranquille à la crise postélectorale. Mais, Simone Gbagbo et Abou drahamane ont refusé », a indiqué Sam l'A fricain, ancien membre de la galaxie patriotique et proche de Laurent Gbagbo, lors d'une émission-débat sur une chaîne cryptée.
A en croire Sam l'A fricain, Si- mone Gbagbo et Aboudraha- mane Sangaré sont les seuls responsables de ce qui est arrivé à Laurent Gbagbo. Une in- fluence de Simone qu'il qualifie de négative et qui aurait poussé son époux à s'accrocher au pouvoir en 2010, malgré toutes les négociations entreprises par les institutions africaines et la communauté internationale.
A rrêtée avec son époux le 11 avril 2011, Simone Gbagbo, la dame de fer, n'est que l'ombre d'elle-même. Transportés au golf hôtel, Laurent et Simone Gbagbo n'ont plus les cartes en main. Cependant, même là, Si- mone veut tout contrôler. Dans les vidéos, l'on entend : «Laurent, assieds-toi ici», lâcha-t- elle. Le couple mythique d'Abidjan venait là de perdre le pouvoir. Simone aussi.
Roxane Ouattara