Vous êtes désormais le secrétaire départemental du Rhdp à Port-Bouët. Quel est le sentiment qui vous anime ?
C’est un sentiment de fierté. Le Rhdp est aujourd’hui le premier parti politique Ivoirien implanté sur toute l’étendue du territoire. Nous avons la majorité à l’Assemblée nationale, au Sénat. Nous avons les plus grands nombres de maires et de conseils régionaux. Cette légitimité est le fruit du travail abattu par le président de la République, Alassane Ouattara. Les chantiers partout en Côte d’Ivoire permettent aux cadres au plan local de bénéficier de la confiance des populations. Mon élection est le prolongement de ce travail.
Aujourd’hui que vous avez la légitimité, on peut dire qu’une grande porte vous est ouverte ?
C’est un grand pas. Je profite de l’occasion pour saluer tous nos militants et cadres de Port-Bouët. Je pense à mes collègues que sont Fozié Yéo, conseiller à l’Assemblée nationale et Motto Yao Armand, conseiller économique et social. Ensemble, nous avons su relever ce grand défi et nous comptons aller plus loin.
Cette élection départementale n’était pas gagnée à l’avance. Vous aviez en face l’ancien départemental…
Aucune élection n’est gagnée à l’avance. La nôtre n’échappait certes pas à cette vérité, mais il faut relativiser quand même. Cette élection est le résultat d’un travail de longue haleine. Depuis près de 20 ans, nous sommes sur le terrain politique. Nous avons investi notre argent et de notre temps dans la commune. Depuis 2000, d’abord avec le Rassemblement des républicains (Rdr) et ensuite en 2007 avec le Rhdp. Nous nous sommes inscrits dans la discipline de notre parti en respectant toutes les décision de la direction.
D’aucuns pensent que vous aviez eu peur d’être candidat
Comment enseigner la discipline à nos jeunes frères si nous-mêmes ne sommes pas disciplinés ?
Ceux qui le disent ne me connaissent pas ou ne savent pas la réalité de la situation. En 2016, aux législatives, l’ex-maire de Port-Bouët, feu Hortense Aka Angui nous a quasiment supplié de ne pas être candidat. Nous avons ravalé notre ambition et avons soutenu les candidats de notre parti. En 2018, notre direction a encore choisi le candidat qui, selon elle, pouvait nous faire gagner. Nous avons accepté de soutenir ce candidat. Le scrutin a été âpre avec les péripéties que nous avons tous connues. Hélas, nous nous sommes inclinés pour les municipales, nous avons encore fait preuve de discipline. Malheureusement, notre candidat s’est incliné. Si nous avons agi ainsi, c’est pour donner l’exemple. Comment enseigner la discipline à nos jeunes frères si nous-mêmes ne sommes pas disciplinés ? Ce n’est pas la peur, mais plutôt le désir de montrer l’exemple.
Parlant de la discipline, le nouveau secrétaire exécutif du Rhdp, Ibrahim Cissé Bacongo, a lancé un avertissement aux militants. C'est quasiment la tolérance zéro pour l'indiscipline
Nous félicitons au passage le ministre Bacongo pour sa nomination. Nous pensons qu'il a le profil de l'emploi. Venant de lui, cet avertissement sonne comme une alerte. À l'origine de l'indiscipline, il y a trois facteurs. Le premier, c'est la guerre des cadres. L'indiscipline peut être considérée comme une bataille des cadres sur le terrain. À défaut de descendre dans l'arène ou par volonté de contrôler à distance une zone, les cadres jettent leurs poulains dans la bataille contre d'autres cadres. Sinon comment comprendre que le parti choisisse son candidat et qu'un autre candidat décide de l'affronter ? La deuxième cause, ce sont les choix inopportuns. Quand le parti choisit la personne inadéquate, qui n'a aucune légitimité, naturellement, ceux qui occupent le terrain se sentent lésés et décident de candidater.
À Port-Bouët par exemple, l'on a assisté à la promotion de celui qui avait pourtant défié la direction en décidant d'être candidat contre le candidat du parti en 2018.
La dernière cause, c'est l'inconsequence de certains de nos cadres. Les indisciplinés sont parfois portés en triomphe. À Port-Bouët par exemple, l'on a assisté à la promotion de celui qui avait pourtant défié la direction en décidant d'être candidat contre le candidat du parti en 2018. Non seulement, il a été nommé dans la direction, mais bien plus encore, il a été nommé dans une institution de la République. Quand on promeut des cadres qui ont défié la direction, naturellement, l'indiscipline ne peut que prospérer. C'est tout cela que le ministre Bacongo va changer. Par ailleurs, il faut une véritable fermeté et surtout, des choix opportuns et judicieux. C'est la clé du respect de la discipline.
Tous les candidats du Rhdp ont perdu à Port-Bouët. On se demande si un jour, votre parti pourra obtenir un poste électif dans cette commune
C’est possible. D’ailleurs, nous pensons avoir gagné les dernières législatives. Malheureusement, une défaillance au niveau de notre organisation a profité à l’adversaire. C’est le lieu de saluer Siandou Fofana, avec qui nous formions une formidable équipe. Il a beaucoup apporté à Port-Bouët. À ses côtés, nous avons beaucoup appris et comptons nous bonifier pour relever les défis qui viennent. Nous saluons également le ministre Abdourahmane Cissé pour ses conseils avisés et son amitié qui nous a fait rarement défaut.
En parlant de défi, on imagine aisément que vous lorgnez le fauteuil municipal
C’est mon prochain objectif. Quand on a la légitimité au sein de son parti, on se bat pour avoir la légitimité au sein de sa zone de compétence. Nous connaissons Port-Bouët pour y avoir passé plus de la moitié de notre âge. Je ne peux pas faire un jour sans y faire un tour. Je connais les chefs traditionnels, les chefs de communauté, les leaders de jeunesse et de la société civile. À chacun, nous avons offert quelque chose. Ils nous ont également apporté beaucoup. Nous pensons détenir suffisamment d’éléments pour remporter les municipales. Oui, je suis candidat. Après plus de 15 ans en train de soutenir les candidats de la direction, il est temps pour moi d’aller à la conquête du suffrage des électeurs. J’en ai les capacités.
Une élection, ce sont les moyens et les hommes. Avez-vous ces éléments pour espérer gagner ?
Nous avons les hommes qu’il faut. Quant aux moyens, il faut les chercher. À ce stade de mon propos, je souhaite vraiment lancer un cri du cœur. Pendant 20 ans, j’ai soutenu mon parti sans rien attendre en retour. J’ai soutenu non seulement le parti par des actions sociales, mais j’ai aussi soutenu de nombreux cadres. Je l’ai fait avec mes moyens, en mettant parfois en péril mes affaires. En retour, je n’ai pas le sentiment d’un retour de l’ascenseur. Non seulement, je n’ai pas obtenu grand-chose, mais des cadres manœuvrent pour m’étouffer. Ils m’ont même fermé des opportunités parce qu’ils veulent me voir à terre. C’est méchant et inhumain. Si le Rhdp tient toujours à Port-Bouët, c’est grâce à nos actions. Au moment où les militants se disent abandonnés, nous luttons pour les aider. Et on le fait pour soutenir le président de la République. En retour, on veut nous écraser, nous humilier.
Qui veut vous écraser ?
Quand des personnes ici à Port-Bouët ont été candidats indépendants contre le candidat de leur parti et que ces personnes sont nommés au sein du secrétariat exécutif, et sont nommées comme conseiller économique et social, il y a lieu de se poser des questions. Comment comprendre que ces personnes soient à ce niveau au détriment de ceux qui ont tout donné au parti et qui assistent, impuissants, à cette injustice flagrante. Quel message lançons nous à la jeunesse ? Certains m’ont ri au nez en me disant que j’aurai dû me déterminer plus tôt parce que mon parti n’allait jamais me soutenir. J’ai refusé l’indiscipline et je ne le regrette pas. Ce que je regrette, c’est la tentative de m’humilier.
Quand vous parlez sans citer quelqu’un, on peut se demander si ce que vous dites est vrai !
Nous avons été combattus par de hauts cadres qui ont financé nos adversaires pour nous faire tomber.
En politique, on ne cite pas ses contemporains. À Port-Bouët, l’histoire est récente et au sommet, on la connaît tous. Pour les départementales, nous avons été combattus par de hauts cadres qui ont financé nos adversaires pour nous faire tomber. Pourtant, nous étions la liste la plus consensuelle.
Qu’attendez vous de votre parti ?
Nous avons foi qu’avec les ministres Kafana Koné Gilbert et Ibrahim Cissé Bacongo, nous aurons ce que nous méritons. Nous souhaitons faire savoir que nous ne sommes pas des ennemis, ni des adversaires au sein d’une même maison. Tous, nous travaillons pour le rayonnement de notre Parti. Si le Rhdp revient au pouvoir à Port-Bouët, ce ne sera pas une affaire de Konaté ou de quelqu’un d’autre. C’est l’image de notre parti qui en sortira grandie. Par ailleurs, nous demandons aux cadres de nous aider. Nous avons besoin d’être forts pour aider nos jeunes. En essayant de m’affaiblir, c’est le Rhdp qu’on affaibli. Après tout, quand j’ai les moyens, j’aide autant que je peux. Et si les gains sont redistribués, il y aura moins de grogne.
Après votre élection, quelle est l’étape suivante ?
C’est la réorganisation de notre base dans la dynamique du Directoire du Rhdp. Ensuite la remobilisation et la conquête de Port-Bouët. Nous avons les hommes qu’il faut. Il nous reste le moyens et la légitimité administrative. Sur ce point, je peux compter sur de nombreux cadres qui nous accompagnent avec leurs conseils.
Entretien réalisé par
Yacouba DOUMBIA