Même s’ils ne sont pas encore officialisés par la direction du parti, les résultats sortis de cette consultation de la base du RHDP sont pleins d’enseignements. Ces élections ont permis de cerner les régions et localités qui font la force des houphouëtistes.
Après les missions d’évaluation et d’implantation dans le mois de mai dernier, cette élection des départementaux permettra à tous points de vue de consolider l’assise et l’enracinement du parti des houphouëtistes. Ainsi donc la première leçon à retenir, c’est le triomphe de la démocratie en interne. D’autres partis sur l’échiquier national ont entrepris des projets similaires, mais ne sont jamais allés au bout de leur logique du fait d’un risque d’une guerre impitoyable de clans. L’opposition peut déblatérer sur le cas de Kouto qui est un incident isolé et qui n’entache aucunement cette grande victoire de la démocratie en interne. Au-delà de cette leçon à la classe politique, les élections départementales ont permis également de cerner les régions et localités où le RHDP peut être rassuré pour les échéances à venir. Dans ces zones, le personnel politique est parvenu à contenir le choc des ambitions et à élaborer des listes consensuelles qui ont permis d’aller à ces élections avec une fleur à la boutonnière. Ceci est une preuve manifeste que le RHDP est solidement implanté dans ces régions où malgré les ambitions et les antagonismes internes, le parti a su faire son unité. Ce sont des acquis très précieux à préserver pour les échéances futures. La première de ces zones est incontestablement la région du Haut-Sassandra. Tout le monde connaît la complexité de la situation politique à Daloa où des guerres fratricides de clans sont très présents et pesants dans les choix à la base. Mais usant de tact et de diplomatie, Mamadou Touré est parvenu à obtenir des listes consensuelles dans chaque département du Haut-Sassandra. C’est une véritable prouesse de réussir à avoir le consensus dans tous les départements du Haut Sassandra qui, faut-il le rappeler, est la seconde région électorale du pays après le district d’Abidjan. A côté du Haut-Sassandra, la région du Tchologo a réussi aussi le pari d’avoir des listes uniques et consensuelles dans les départements de cette région. Ceci est à mettre à l’actif du ministre d’Etat, ministre de la Défense qui est l’arbre tutélaire du RHDP dans la région. Il en de même dans la région du Worodougou. Il est vrai que le président Amadou Soumahoro et le Premier ministre Hamed Bakayoko qui étaient les icônes de la lutte politique dans cette région ne sont plus de ce monde, mais les cadres ont pu dignement contenir leurs divergences pour avoir des listes consensuelles dans tous les départements administratifs du Worodougou.
Multiplicité de candidatures, d’accord, mais privilégier le consensus pour être plus soudé et fort !
Les régions du Loh-Djiboua et du N’zi à travers ces élections départementales ont aussi démontré que le RHDP est uni et soudé en présentant des listes consensuelles dans les trois départements administratifs respectifs de ces deux régions. Et pourtant, les ambitions étaient très prononcées. A côté des régions, il y a des villes qui sont des symboles dans la lutte politique du RHDP où il y a eu également chorus autour des choix des candidats avec le consensus à la base. On peut citer le cas de Bouaké où le ministre Amadou Koné et l’ensemble des responsables locaux du RHDP sont parvenus à un consensus. C’est un signal très fort dans la mesure où Bouaké est la seconde ville du pays. Il y a aussi le cas de Korhogo, ville natale de feu le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Le ministre de la Communication qui était au four et au moulin a réussi également le coup des listes consensuelles. Il est vrai que Korhogo est un bastion imprenable du RHDP, mais le choc des ambitions pouvait faire imploser l’ardeur militante à tout moment. Mais pour la mémoire d’Amadou Gon Coulibaly, Amadou Coulibaly, affectueusement appelé AM’S et l’ensemble des cadres ont pu se mettre ensemble sur une liste consensuelle. Dans le district d’Abidjan, la commune qui force le respect et l’admiration dans ce domaine, c’est Abobo qui est le fief du RHDP. La ministre des Affaires étrangères Kandia Camara est parvenue à étouffer la guerre des ambitions. Et à la grande surprise de tout le monde, il y a eu une seule liste dans la mythique commune d’Abobo. Il est vrai que la liste n’est pas exhaustive et d’aucuns pourraient soutenir que là où il y a eu une multiplicité des candidatures est un signe de la vivacité de la démocratie interne. Qu’à cela ne tienne. Mais le RHDP doit aller en 2023 à des élections locales avant le rendez-vous fatidique de 2025. Et tout le monde connaît le choc des ambitions en interne. Réussir à obtenir le consensus à la base est un très bon signe qui peut être interprété comme la manifestation de la discipline des militants qui est la force de tout projet. Il y a donc eu des candidatures multiples dans d’autres localités. Ceci n’est pas mauvais en soi, mais s’il y a une possibilité d’obtenir le consensus, cela peut consolider la force du RHDP. Et certaines régions et localités, grâce au leadership des cadres ont réalisé ce coup.
Kra Bernard