13 ans après sa création sous la forme de groupement politique, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) s’est mué en parti politique, le lundi 16 juillet 2018. Que devient ce parti politique aujourd’hui, quatre ans après sa création ?
Le lundi 16 juillet 2018, le paysage politique ivoirien connaissait une nouvelle phase. Plusieurs partis politiques, le Rassemblement des Républicains (RDR), l'Union pour la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire (UDPCI), le Mouvement des Forces d’Avenir (MFA), le Parti Ivoirien des Travailleurs (PIT), l’Union pour la Paix en Côte d`Ivoire (UPCI) et le mouvement « sur les traces d’Houphouët-Boigny» actaient la naissance du parti unifié du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix( RHDP). A l’hôtel Ivoire où se tenait l’assemblée générale constitutive de la nouvelle formation politique, son président, Alassane Ouattara, déclarait qu’il était bien « persuadé qu’avec cette union », la Côte d’Ivoire irait « encore plus loin, plus vite, car l’union est toujours fructueuse et la désunion est dispersive ».
Bilan positif
Quatre ans après, que devient le RHDP ? « Le président avait vu juste », se réjouit un cadre du parti présidentiel, joint hier au téléphone. Pour ce membre du Conseil politique, le premier indice du bilan positif du RHDP est le fait qu’il a réussi à conserver le pouvoir. « N’oubliez pas que l’enjeu, à la création du RHDP, était bien le pouvoir », soutient cet ancien ministre qui a requis l’anonymat. Non sans regretter que le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) ait refusé à l’époque, de s’inscrire dans cette « logique salutaire » défendue par le Président Alassane Ouattara.
Le RHDP, faut-il le rappeler, a d’abord été un groupement politique, lancé en mai 2005 par Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié. « L’Union entre ces deux ‘’enfants d’Houphouët-Boigny’’ avait permis de ramener la paix dans le pays. Ces deux grands hommes seraient restés ensemble que la Côte d’Ivoire se serait portée davantage mieux », poursuit-il.
À l’observation, le bilan est bien positif pour le parti unifié. En effet, au-delà de la conservation du pouvoir d’État, il reste la force politique la plus importante du pays. Lors du dernier scrutin législatif du 6 mars 2021, le RHDP a gardé la majorité avec 137 sièges sur 254, loin devant l’opposition qui, rassemblée, en compte que 91 élus ...
Ralliements tous azimuts
Et durant ces quatre ans d’existence, le parti n’a pas cessé de connaître les ralliements de cadres de l’opposition. Du PDCI d’Henri Konan Bédié à Générations et peuples solidaires (GPS) de l’ancien Premier ministre Guillaume Soro, jusqu’au Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo, tous ont connu une bonne saignée (qui continue) en faveur du parti d’Alassane Ouattara.
Le dernier cadre en date à être tombé sous le charme du parti unifié, est Frank Anderson Kouassi, l’un des principaux communicants de Laurent Gbagbo. Anciennement secrétaire général en charge de la Communication du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), celui-ci justifie, avec force argument, son choix : « En face, je vois de l’action, je sens du mouvement. En dépit de quelques imperfections liées à toute œuvre humaine, je vois une Côte d’Ivoire qui avance résolument sur le chemin du progrès, sous la houlette du premier d’entre nous, le Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane Ouattara. Mon adhésion à sa formation politique sonne donc pour moi, à la fois comme un témoignage à son leadership et comme un appel du devoir, le devoir de contribuer, chacun à sa modeste place, à l’édification d’une nation ivoirienne prospère et généreuse ».
La mayonnaise qui tarde à prendre…
Si le parti peut se vanter de sa force, il n’en demeure pas moins vrai que le RHDP connaît des bas. L’unification est en effet, restée un vrai défi au sein du parti. Le cas le plus saisissant, a été celui de l’Union pour la démocratie et la paix (UDPCI). Après les dissensions autour du choix du candidat du parti à l’élection présidentielle de 2020, le président de l’UDPCI, Albert Mabri Toikeusse, alors vice-président du RHDP, a rejoint les rangs de l’opposition… avec ‘‘son parti’’ ! Et il y demeure jusqu’à présent. Pis, des cadres, restés au sein du parti unifié, continuent à s’accrocher à leurs anciennes formations politiques. Le 28 février 2022, le président du parti, lors de son discours d’orientation du conseil politique, a été sans équivoque sur ce défi. « Les membres du RHDP, parti de rassemblement, n’arrivent pas toujours à s’affranchir de leur parti d’origine », avait regretté Alassane Ouattara, avant d’annoncer la restructuration du parti. Laquelle restructuration doit aboutir à plus de solidarité et d’ouverture « à la collaboration avec toutes les formations politiques éprises de paix, de justice et de progrès pour le bonheur de nos concitoyens. »
Ténin Bè Ousmane
