Politique

De femme de chambre d'hôtel à l'Assemblée nationale française: Le prodigieux parcours de l’Ivoirienne Rachel Kéké

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Rachel Kéké, Franco-Ivoirienne, 48 ans, candidate de la Nupe, a été élue dans la 7e circonscription du Val-de-Marne. Elle fera une entrée sans nul doute remarquée sous les ors de l'illustre Assemblée nationale, en tant que femme noire immigrée devenue française, et femme de ménage. 

 

Elle aura réussi son pari ! Rachel Kéké, qui avait promis de "faire du bruit" au palais Bourbon y fait son entrée. Porte-parole de la longue grève des femmes de chambre de l'Ibis Batignolles, la nouvelle députée de la Nupes, entend bien porter haut et fort, la voix des travailleurs et travailleuses "invisibles". Âgée de 47 ans et forte d’un parcours rempli d’épreuves qui détonnent dans le monde politique, la Franco-Ivoirienne s’est imposée sous l’étiquette de la Nupes dans la 7e circonscription du Val-de-Marne. Elle a battu l’ancienne ministre des Sports Roxana Maracineanu (Ensemble !). Elle est sans doute la plus emblématique des figures issues des luttes syndicales et associatives que la coalition de gauche entend mettre en avant dans ces élections. « C’est ce que j’appelle une leader de masse », dit d’elle le député LFI Éric Coquerel. « Elle a quelque chose qui magnétise, elle est forte, elle a les mots justes, elle n’a pas besoin de lire » lors de ses prises de parole, déroule-t-il.

 

Grève des femmes de chambre

C’est lors des 22 mois de grève des femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles à Paris, pendant lesquels Rachel Kéké portait les revendications de ses collègues, qu’Éric Coquerel a fait sa connaissance. Entre 2019 et 2021, cette militante CGT s’est mobilisée pour améliorer les salaires et les conditions de travail des femmes de ménage face au « mépris » de la direction. « C’est une vraie combattante, quand on l’a rencontrée dans le cadre de cette grève, elle s’est très vite affirmée comme représentante de ses collègues », explique Claude Lévy, représentant de la CGT-HPE (Hôtels de prestige et économiques), ne tarissant pas d’éloges sur cette « autodidacte de la lutte ».

Cet hôtel devant lequel Rachel Kéké a commencé à se tailler une réputation syndicale et politique, elle a continué d’y travailler pendant le début de sa campagne avant de prendre un congé pour se consacrer pleinement aux législatives.

« C’est un métier qui détruit le corps. Il y a des syndromes du canal carpien, des tendinites, des maux de dos… », détaille-t-elle à l’AFP, se souvenant encore de cette sensation, « comme si on [lui] avait donné des coups partout », après son premier jour en tant que femme de ménage, en 2003. « Mais je me suis dit qu’il fallait que je prenne mon courage à deux mains, pour mes enfants », se rappelle-t-elle.

Mère de cinq enfants

Mère de cinq enfants, Rachel Kéké est née en 1974 dans la commune d’Abobo, au Nord d’Abidjan, d’une mère vendeuse de vêtements et d’un père conducteur d’autobus. À 12 ans, au décès de sa mère, c’est elle qui se retrouve en charge de ses frères et sœurs. Elle arrive en France en 2000 et commence à travailler comme coiffeuse avant d’entrer dans l’hôtellerie. Elle est mariée à l’artiste zouglou ivoirien, Bobby Yodé, installé en France.

Dans l’Hexagone, son parcours est chaotique : elle déménage souvent, alternant entre les squats ou les appartements d’amis en banlieue parisienne, avant de se fixer grâce au DAL (Droit au logement). Naturalisée française en 2015 - un pays qu’elle « adore » et pour lequel avait combattu son grand-père pendant la Seconde Guerre mondiale - elle habite maintenant les Sorbiers, une cité de Chevilly-Larue (Val-de-Marne) d’où elle a lancé sa campagne pour les législatives.

Avec toujours le même message : « secouer le cocotier » à l’Assemblée. « Nous ne sommes pas des rebelles, on veut juste notre dignité », a-t-elle lancé devant les acclamations des 200 amis et militants venus la soutenir. Celle qui se définit comme « féministe » et « défenseuse des gilets jaunes », a paré d’éventuelles attaques sur son manque de formation.

 

« Pas loin d’une icône »

« Si tu me parles avec le français de Sciences Po, je vais te répondre en banlieusard ! », a-t-elle mis en garde. « On connaît le niveau d’une femme de chambre, on sait que je n’ai pas de Bac + 5 », expliquait-elle. « Je dis ce que je ressens. Si on me pose une question sur quelque chose que je ne comprends pas, je ne répondrai pas. Il faut que les médias s’habituent à ça ».

 

Avec le Point

 

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