Depuis les perturbations dans la fourniture de l’électricité en Côte d’Ivoire, c’est la guerre des vocables pour décrire la situation que vit le pays. Tandis que les autorités évoquent la thèse du rationnement, d’autres, pour la plupart dans les cercles politiques, retorquent que le pays est dans une situation de délestage que le gouvernement veut camoufler. Ni plus, ni moins. Dans leur argumentaire, les ‘‘adeptes du délestage’’ vont jusqu’à recourir à la définition du dictionnaire des deux termes pour se convaincre que délestage et rationnement renvoient à une même réalité : « le fait de supprimer momentanément la fourniture de l’électricité dans un secteur du réseau ». Qu’à cela ne tienne. Mais pour mieux cerner les contours de cette situation, L’Avenir a décidé de quitter les sentiers battus des définitions classiques du dictionnaire et des thèses politistes pour se rapprocher des spécialistes en électricité et aussi de la réalité dans le pays pour avoir une idée nette de cette situation qui n’épargne personne quel que soit le bord politique. Ce qu’il faut retenir et c’est ce qui ressort des explications des spécialistes, c’est que dans le cadre du ‘‘Programme électricité pour tous’’, la Côte d’Ivoire dispose d’une politique d’augmentation régulière du volume de l’électricité jusqu’en 2030. Le pays n’a donc pas de problème de production ou de fourniture d’électricité. C’est pourquoi, ajoute notre source, l’on ne doit pas parler de délestage. Ce qui n’est pas le cas avant 2010 où le pays avait un vrai problème de production d’électricité. C’est pourquoi en son temps l’on a parlé de délestage tout comme il y a eu un autre délestage en 1984. En électricité, ce sont deux termes à ne pas confondre. On ne parle de délestage que quand il y a un problème de déficit structurel, c’est-à-dire que les installations ne peuvent pas produire le courant pour couvrir tous les besoins nationaux. Dans un tel cas de figure, il y a lieu de réaliser de nouvelles installations ou infrastructures. Mais ce que la Côte d’Ivoire actuellement est un problème conjoncturel ou circonstanciel. C’est pourquoi quand toutes les pannes à la base de ces perturbations seront corrigées dans les deux prochains mois, le pays va retrouver son rythme de croisière en termes de production et tous les besoins en électricité seront largement couverts. Mieux l’on pourra à nouveau vendre et exporter du courant aux pays voisins. Ce qui n’est pas le cas si nous étions en délestage. Avec les assurances données ces jours-ci par la Compagnie ivoirienne d’électricité et Côte d’Ivoire Energie, tous finiront par comprendre que le pays n’est pas dans une période de délestage. C’est plutôt une crise conjoncturelle qui sera très vite corrigée et c’est ce que les populations doivent savoir et comprendre.
Kra Bernard