Le 28 avril 2021, Henri Konan Bédié a doté son parti, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) d’un Comité Politique. Le choix porté sur Rémi Allah Kouadio, propulsé pour coordonner ce nouvel organe, suscite bien des interrogations.
Henri Konan Bédié, 87 ans, est-il en train d’écrire son testament politique ? La création, fin avril, d’un Comité politique au sein du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), ne passe pas inaperçu. Bien des observateurs y voient une décision subtile du sphinx de Daoukro de préparer sa succession.
En effet, ce nouvel organe propulse à sa tête, un homme : Rémi Allah Kouadio. Officiellement, ce comité a pour mission de « réformer et moderniser le parti ». Lors du 75e anniversaire de l’ancien parti unique, Henri Konan Bédié avait reconnu la nécessité de remodeler sa formation politique. Histoire de tirer les leçons des revers électoraux de la présidentielle d’octobre 2020 et des législatives du 6 mars 2021. Pourtant, la nomination de Rémi Allah Kouadio à la tête de la coordination de ce nouvel organe assure à ce dernier, la position de numéro 2 du parti, selon certains cadres du parti. « Le secrétaire exécutif sait désormais qu’il n’est plus le numéro 2 du parti », concède un proche de Maurice Kakou Guikahué, bien que le député de Gagnoa sous-préfecture demeure le secrétaire exécutif du Pdci.
« La sociologie politique ivoirienne, les déterminants communautaires, le départ de Jeannot Ahoussou Kouadio font de Rémi Allah Kouadio, le successeur putatif de Konan Bédié », décrypte le politologue et écrivain, Geoffroy Julien Kouao. L’actuel président du Sénat, Jeannot Ahoussou Kouadio, était, en effet, perçu comme le successeur naturel de M. Bédié. Avant de prendre ses distances d’avec le PDCI et rejoindre le Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). « Allah Kouadio comble le vide laissé par Ahoussou-Kouadio », confirme un cadre du bureau politique du parti de Bédié. Selon cet homme également originaire de Toumodi, Rémi Allah Kouadio est sans conteste « le cadre le plus influent qui est resté fidèle dans le V Baoulé » à Henri Konan Bédié.
L’autre signe qui en dit long sur les intentions de M. Bédié, c’est la composition même du nouvel organe taillé sur mesure pour son « successeur désigné ». Le Comité politique d’Allah Kouadio est en effet constitué de 29 hauts cadres dont les dinosaures Ouassenan Koné, Emile Constant Bombet, Cheickna Sylla... Ces caciques sont chargés de conseiller le coordonnateur, quand certains, notamment les jeunes loups comme Jean-Louis Billon, Thierry Tanoh, etc. y siègent avec des attributions spécifiques. Tous, sous la houlette du nouvel homme fort de Bédié. Autre signal : les « patrons » des structures comme le Secrétariat Exécutif (Guikahué) et le Secrétaire Général(Me Blessy) sont tous les deux membres du Comité Politique, que chapeaute Allah Kouadio. Autant de messages subtils qui font dire que Bédié a déjà choisi son camp s’agissant de sa succession.
Ténin Bè Ousmane
