Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) s’est rendu coupable d’un gros mensonge à travers une communication sur sa participation au sommet virtuel sur la démocratie, organisé par les États-Unis les 9 et 10 décembre 2021.
Le vieux parti, incapable de produire un document formel d’invitation, s’est plutôt livré à la manipulation et à la propagande, tant dans ses journaux que sur les réseaux sociaux. « PDCI-RDA, 1ère puissance démocratique de Côte d’Ivoire. Les USA saluent le combat de Bédié et du PDCI », barrait à sa manchette, un organe de presse pro-PDCI, dans sa parution du lundi 13 décembre dernier. « Bédié, le nouveau chouchou des USA au détriment de Ouattara. Le pays de Joe Biden honore Bédié et humilie Ouattara et le RHDP », renchérit un autre journal pro-Bédié. Cela a suffi pour enflammer les réseaux sociaux sur lesquels des cyberactivistes proches du PDCI ont produit des arguments tout aussi faux les uns que les autres. La télévision en ligne du parti septuagénaire « PDCI TV », a même enregistré une déclaration du coordonnateur du comité politique dudit parti, Allah Kouadio Rémi, à l’occasion de ce sommet. Tout ce déploiement d’énergie pour une invitation fictive. En effet, le PDCI n’a nullement été invité à ce sommet virtuel. Pour s’en persuader, il suffit de se rendre sur le site internet www.state.gov. Ce que nous avons fait ce mardi 14 décembre 2021. La liste complète des États participants y est affichée. Nous dénombrons 110 pays invités.
‘’Les États, la société civile et le secteur privé invités’’
Joint dans la matinée de ce mardi pour en savoir davantage, un haut fonctionnaire de l’ambassade des USA en Côte d’Ivoire est formel : « aucun parti politique n’a été invité. Et d’ailleurs, aucun parti ne peut être invité sans invitation au pays en question. Nous ignorons les véritables intentions de ce parti (PDCI, Ndlr) ». Sur les 110 pays, il n’y a que 10 pays africains qui ont participé à ce sommet. Il s’agit du ‘’Ghana, du Libéria, du Niger, du Nigeria, du Botswana, de la République démocratique du Congo, du Malawi, de la Namibie, de l’Afrique du Sud et de la Zambie’’. Sur les raisons du choix de ces pays, les États-Unis s’expliquent : « les États-Unis ont tendu la main à un ensemble régional diversifié de démocraties bien établies et plus jeunes dont les progrès et les engagements feront avancer un monde plus juste et plus pacifique. Notre objectif est d'être le plus inclusif possible. Nous nous efforçons de garantir que toutes les voix et tous les points de vue pertinents alimentent le processus du Sommet ». En d’autres termes, d’autres pays seront invités dans les années à venir. « Nous continuerons de nous engager avec les participants au Sommet et d'autres gouvernements du monde entier pour contrer le recul démocratique, promouvoir le respect des droits de l'Homme et lutter contre la corruption tant au pays qu'à l'étranger, que ce travail se déroule dans le cadre ou en dehors du Sommet. Nous cherchons à impliquer tous les pays qui montrent une réelle volonté de prendre des engagements qui soutiennent les objectifs du Sommet », indique un communiqué publié sur le site internet des USA.
‘’Une initiative de Joe Biden qui s’étendra à d’autres pays’’
Ce sommet est une initiative du président Joe Biden qui s’étendra à d’autres États. Selon une note d’information de son administration, M. Biden a clairement indiqué que le renouvellement de la démocratie aux États-Unis et dans le monde, est essentiel pour relever de grands défis actuels. « Le président Biden a organisé le premier des deux sommets pour la démocratie, qui ont réuni des dirigeants du gouvernement, de la société civile et du secteur privé dans le cadre de nos efforts communs pour définir un programme affirmatif pour le renouveau démocratique et lutter contre les plus grandes menaces auxquelles sont confrontées les démocraties aujourd'hui à travers l'action collective », note le communiqué encore disponible.
De ce qui précède, nulle part, aucun parti politique, ni de la Côte d’Ivoire, ni d’ailleurs, n’a été invité. D’où vient-il que le PDCI annonce sa participation à un sommet virtuel ? S’il a été effectivement invité, pourquoi n’a-t-il pas produit ou publié la copie de l’invitation officielle ? À la vérité, le vieux parti s’est livré à un exercice périlleux. Soit ce parti méconnait les règles de la diplomatie et des relations internationales (les USA ne peuvent prendre le risque d’inviter un parti d’opposition sur un sujet aussi sensible, alors qu’ils développent des partenariats avec des États tiers), soit il fait de la propagande dans l’espoir de discréditer le pouvoir d’Abidjan. Dans un cas comme dans l’autre, ce parti se fourvoie et les Ivoiriens découvrent aujourd’hui, les tenants et aboutissants de ce sommet qui n’est qu’à son lancement. D’autres pays, selon les États-Unis, prendront le train en marche.
Joint pour avoir sa version des faits, le parti de Bédié soutient avoir été saisi par courrier officiel pour prendre part à ce sommet sur la démocratie. « Le président Bédié a bien reçu un courrier officiel à prendre part à ce sommet. Il ne s’agissait pas pour lui de faire le déplacement aux États-Unis. Il a finalement laissé le soin à Allah Kouadio Remi de parler en son nom et au nom du PDCI », s’est borné à déclarer Jean-Marie Ahoussou, de la direction de la communication du PDCI. Sauf que de courrier officiel, on n’en a aucune trace à ce jour.
Y. Doumbia
