Le 14 décembre 2020, le président de la République, Alassane Ouattara, était investi après sa victoire au scrutin présidentiel qui s’est tenu le 31 octobre de la même année. La cérémonie s’est tenue au palais présidentiel au Plateau, dans un contexte pour le moins tendu.
Ce lundi 14 décembre-là, le pays était encore secoué par les convulsions d’une élection présidentielle marquée par une vague de violences. Le jour du scrutin, en effet, plusieurs localités ont été déchirées par des scènes d’horreur, suite à la désobéissance civile décrétée par l’opposition et qui s’est traduite par des scènes d’une violence inouïe, ayant fait officiellement 85 morts. C’est dans ce contexte incandescent que s’est tenue la cérémonie d’investiture. À l’occasion, une quinzaine de chefs d’États africains ont fait le déplacement, ainsi que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian et l’ancien président français, Nicolas Sarkozy.
En l’absence de l’opposition, Alassane Ouattara a prêté serment sur la Constitution, devant le président du Conseil constitutionnel, Koné Mamadou. Puis, il a reçu les attributs de la fonction : le grand Collier de l’Ordre, des mains de la Grande Chancelière, Henriette Diabaté. Le président du Conseil constitutionnel a saisi cette tribune pour revenir sur le débat ayant précédé la tenue de cette élection présidentielle, avec pour point d’orgue, l’éligibilité d’Alassane Ouattara à ce scrutin. Il a dénoncé le fait que « ce débat ait d’ailleurs quitté son domaine naturel, à savoir le droit, pour devenir un débat politique et que tout le monde y soit allé de son interprétation ». Il s’était gaussé de tous ces gens qui n’avaient pour tout diplôme qu’un extrait de naissance et qui s’étaient mêlés à ce débat pour juriste averti. Et l’homme de loi de lancer à l’endroit de tous ces juristes du dimanche : « Quand le Conseil constitutionnel déclare qu’un candidat est éligible, il est éligible. Et quand le Conseil constitutionnel déclare qu’un candidat est élu, il est élu ».
À sa suite, l’homme du jour, Alassane Ouattara, a pris la parole. Sur un ton grave, il a déploré les violences ayant émaillé le scrutin dont il est sorti victorieux. « Ces actes graves ne doivent pas rester impunis », avait-il martelé, avant d’asséner : « Nul n’est au-dessus de la loi. La vie des Ivoiriens et des populations vivant en Côte d’Ivoire ne doit pas être sacrifiée pour nourrir des desseins politiques ». Par la suite, il a appelé à la reprise du dialogue politique. « Pour ma part, je renouvelle mon ambition de construire avec tous mes compatriotes, une Côte d’Ivoire sans exclusive, une Côte d’Ivoire plus solidaire pour un avenir meilleur pour tous les Ivoiriens », a promis le fraîchement élu président de la République, à l’issue d’un scrutin controversé.
C’est que, pour l’opposition, conduite par le président du PDCI, Henri Konan Bédié, la Constitution ne permettait pas à Alassane Ouattara d’être candidat à un autre mandat, qu’elle taxait de 3e mandat. Pour s’opposer à son élection après la validation de sa candidature par le Conseil constitutionnel, elle va donc opter pour une insurrection populaire en mettant sur pied, un Conseil national de transition (CNT), dont le président du Front populaire ivoirien, Pascal Affi N’guessan était le porte-parole. Suivant le mot d’ordre de désobéissance civile, lancé par ce CNT, des partisans de l’opposition se sont livrés à des scènes de violence qui ont coûté la vie à 85 personnes. Officiellement.
Assane Niada