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Côte d’Ivoire / Le long chemin vers la réconciliation

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Déjà, à la veille du Nouvel An, le 31 décembre 2020, le président ivoirien Alassane Ouattara appelait à intensifier les efforts pour la "réconciliation" dans son pays. Ce discours qui intervenait après les violences liées à l'élection présidentielle du 31 octobre. Récemment encore, ce jeudi 29 avril 2021, devant les populations du sud-est, il réitérait cette ambition.

Le temps de la réconciliation, la vraie, a-t-elle maintenant sonné ? Alors qu’il donne le feu vert à Laurent Gbagbo de rentrer dans son pays après 10 ans de procès à la Cour pénale internationale (CPI), le président ivoirien ouvre les bras à son ancien allié Henri Konan Bédié, avec qui il s’était brouillé avant l’élection présidentielle de 2020. « Je considère que c'est une approche que nous devons avoir. Je l'ai dit au Premier ministre (Patrick Achi, Ndlr). Je lui ai dit que moi-même je suis en contact avec le Président Bédié (…) Je crois que c'est important que nous ayons des options politiques basées sur l'intérêt de la Côte d'Ivoire », a déclaré, Ouattara à ses hôtes. Si Henri Konan Bédié venait à saisir à nouveau la main tendue de son ‘‘jeune frère’’ Alassane Ouattara, le pays franchirait un nouveau palier dans son processus de réconciliation. En effet, beaucoup d’action, de décisions et… de milliards de nos francs ont été engloutis dans ce processus qui semble s’éterniser. Commençons par évoquer la Commission dialogue, vérité et réconciliation ivoirienne (Cdvr), mise en place entre 2011 et 2014 et dont la direction avait été confiée à l’ancien Premier ministre Charles Konan Banny. Au terme de sa mission, les résultats ont laissé les Ivoiriens sur leur faim. Faut-il rappeler que l’objectif de cette institution consistait à « œuvrer en toute indépendance à la réconciliation nationale et au renforcement de la cohésion sociale entre toutes les communautés vivant en Côte d’Ivoire par le biais de mécanismes de justice traditionnelle ». Après l’échec constaté de l’institution dont le président s’était déclaré candidat à l’élection présidentielle de 2015, Alassane Ouattara ne lâche pas son ambition « de rassembler les Ivoiriens ». En 2015, il met en place une autre structure : la Commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes (Conariv). L’institution est confiée à Mgr Paul Siméon Ahouana, l’Archevêque métropolitain de Bouaké. Au terme de son mandat de deux ans, la Conariv annonce avoir recensé 316 954 victimes des crises survenues dans le pays entre 1990 et 2011. Elle devait, en fait, être le pilier central de la pacification des esprits dans le pays. Le ministère de la Solidarité, de la cohésion sociale et de la lutte contre la pauvreté prend la relève d’un processus d’indemnisation qui a souvent pris du retard depuis 2015. Fin 2014, le Président Ouattara n’avait-il pas annoncé la création d’un fonds de 10 milliards de F CFA pour l’indemnisation des victimes de la crise post-électorale de 2010-2011 ? Tous ces efforts n’ont pas empêché une autre crise politique autour de l’élection présidentielle de 2020, où une partie de l’opposition, emmenée par le Pdci d’Henri Konan Bédié et soutenu par toutes les tendances du Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, a opté pour un boycott actif. Avant de tenter la mise en place d’un Conseil national de transition (CNT) sur fond de désobéissance civile … Après cette crise qui avait crispé l’arène politique et installé l’angoisse au sein des populations, un élan d’apaisement a vu le jour grâce au discours d’ouverture d’Alassane Ouattara. Pourvu que cette fois soit la bonne !

Ténin Bè Ousmane

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