Le Front populaire ivoirien se prépare activement pour tenir le pari de la mobilisation lors de son prochain congrès extraordinaire du 13 novembre. Dans cette interview qu’il nous a accordée ce mercredi 10 novembre 2021 au siège du parti à Abidjan-Cocody-Vallon, son secrétaire général, Issiaka Sangaré, évoque les enjeux de cette grand-messe.
Comment les préparatifs de votre congrès avancent-ils à deux jours de la grand-messe ?
Nous sommes très avancés. Nous avons mis en place toutes les commissions au niveau de l’organisation qui travaillent d’arrache-pied. Nous avons aussi les commissions thématiques qui vont aborder les questions à l’occasion de ce congrès extraordinaire. Aujourd’hui, en ma qualité de président du congrès, je peux vous dire que nous sommes prêts à 100%. Nous attendons 10 000 participants qui sont les délégués du parti.
Ne craignez-vous pas de connaître une faible mobilisation pendant ce congrès extraordinaire après la crise qui a conduit au départ du Président Laurent Gbagbo qui a créé désormais un nouveau parti ?
Non. Il n’y a plus de crise. Dès lors que nos anciens camarades ont décidé de créer un nouveau parti politique, le Front populaire ivoirien reste le Front populaire ivoirien. Ceux qui prétendent être partis aujourd’hui étaient déjà partis depuis 2014. Quand ils ont refusé de reconnaître l’autorité du Président AffI. C’est la dissidence. Et ce congrès va nous permettre de nous resserrer et de lancer la mobilisation.
De nombreux cadres de la direction ont tout de même quitté le navire dès que Gbagbo est revenu au pays…
C’est quoi le ratio ? Sur quelle donnée chiffrée vous vous basez pour dire cela ? Quand, sur plus de 200 membres de la direction, deux ou trois annoncent leur départ, c’est une goutte d’eau dans la mer. Je vous assure que nos militants sont restés constants. Nous allons à ce congrès pour revoir les questions relatives à la communication et à notre fonctionnement interne pour que les informations aillent rapidement à la base. Nous allons également voir les questions du financement du parti et d’autres questions relatives à notre idéologie et à la ligne du parti.
Voulez-vous dire que vous allez à ce congrès pour réorienter le sens du combat et redéfinir l’idéologie du FPI, qui s’est toujours présenté comme un parti de gauche ?
Nous n’avons jamais dit que nous allions réorienter le combat du FPI ou encore l’idéologie. Nous sommes restés constants dans cette idéologie de notre parti. Il y a certains axes qu’il faut réaffirmer en tenant compte de l’évolution de l’actualité. Mais nous allons rester constants vis-à-vis de notre idéologie et sa ligne que vous connaissez.
Quels sont concrètement ces axes dont vous parlez qui pourraient connaitre des modifications ?
Le principal, c’est l’axe de communication. Nous allons le renforcer. C’est vrai que nous sommes déjà connus comme parti politique. Mais il faut anticiper sur l’avenir pour s’adapter aux réalités de l’environnement. Nous allons aussi insister sur notre organisation interne. En faisant en sorte que la direction soit ouverte à beaucoup plus de jeunes. Cela nous paraît essentiel parce que 70 % de la population à moins de 30 ans. Il faut en tenir compte.
Quels sont vos rapports avec les autres partis politiques de l’opposition ?
Nous avons des rapports cordiaux avec l’ensemble des partis de l’opposition. N’oublions pas que le FPI lui-même est l’un des piliers de cette opposition politique en Côte d’Ivoire.
Et le président Gbagbo, votre ancien mentor ?
Nous n’avons pas de relations particulières avec lui et son nouveau parti. Chacun fait son chemin. Mais ce ne sont pas nos ennemis.
Et le PDCI-RDA d’Henri Konan Bédié ?
Je vous l’ai dit : nous avons des rapports cordiaux avec tous les partis politiques de l’opposition, y compris le PDCI.
Récemment, vous avez indiqué qu’une alliance avec le Rhdp n’était pas à exclure. Espérez-vous cette alliance ?
Nous avons répondu à cette question à plusieurs occasions. Le président du FPI, le Président Affi N’Guessan l’a dit et moi-même, je l’ai dit, en ma qualité de secrétaire général et porte-parole du parti. Nous avons dit que nous n’excluons pas une alliance avec le Rhdp. Mais rien n’est engagé dans ce sens actuellement.
Vous aviez lancé un appel à l’ex-Première dame Simone Gbagbo pour rejoindre le FPI. Elle était absente au congrès constitutif du PPA-CI. Comment analysez-vous cette absence ? Espérez-vous qu’elle réponde un jour à votre appel ?
Simone Gbagbo est membre fondateur du Front populaire ivoirien. Le FPI, c’est sa maison et c’est ce qui nous paraît plus essentiel. Nous la considérons comme l’une des nôtres. Mais c’est à elle de décider. Nous lui avons adressé une invitation pour le congrès extraordinaire. Nous espérons que Simone Gbagbo sera présente à ce congrès
Qu’en est-il de Charles Blé Goudé ?
Le ministre Charles Blé Goudé a son parti et nous avons des rapports pleins de courtoisie. A la dernière élection législative, nous avons fait des listes communes avec son parti, le COJEP. Notamment à Yopougon.
Lors de sa conférence de presse du lundi 8 novembre, le Premier ministre a annoncé la réouverture du dialogue politique dès décembre. Comment avez-vous accueilli cette information ?
Nous apprécions, à s juste valeur, cette décision sur instructions du président de la République. Mais nous sommes surtout heureux de constater que cette annonce est faite quelques jours après la rencontre entre le Président Affi et le Président Ouattara, rencontre au cours de laquelle la question a été évoquée.
Voulez-vous dire que la reprise de ce dialogue est une doléance du Président Affi au chef de l’Etat lors de cette rencontre ?
Cette question faisait partie des échanges entre le président Pascal Affi N’Guessan et le président de la République.
Réalisé par Ténin Bè Ousmane