Société

Déguerpissement à Adjamé liberté: Un tenancier de kiosque à café devient vendeur d’eau 

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Kakou Anini Roger sur les ruines de son kiosque à café
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Il fait partie des victimes de l’opération de déguerpissement, qui a eu lieu le vendredi 1er novembre 2024 à Adjamé liberté. Kakou Anini Roger, qui a vu son kiosque à café démoli en l’espace de quelques minutes, a choisi de vendre de l’eau pour subvenir aux besoins de sa famille, mais aussi et surtout pour traiter une maladie, qu’il traine depuis plus de 30 ans.    

La vie de Roger, la soixantaine révolue, a viré au cauchemar depuis cette date. « La destruction de mon kiosque m’a vraiment fait de la peine. C’était mon unique source de revenus ». Ce sont les bénéfices de son kiosque à café, bâti au quartier Mistral non loin de l’immeuble Harmattan au prix de 2 500 000 F CFA en 1990, qui lui permettaient de subvenir jusque-là aux besoins de sa famille. Il ne s’attendait pas à sa destruction.  

Roger convertit en demi-grossiste vendeur d’eau  


Après la démolition de son kiosque à café, c’est pratiquement la mort dans l’âme que Roger a décidé de revendre de l’eau, en tant que demi-grossiste. Il vend au prix de demi-gros de l’eau à deux jeunes filles, qui le revendent à leur tour en détail. Les deux filles écoulent généralement 4 paquets d’eau par jour, à raison de 300 F CFA de bénéfices par paquet. Ce qui représente un bénéfice journalier de 1 200 F CFA. Un montant insuffisant pour faire face aux charges de la famille Kakou Roger, au regard de leurs besoins. « En temps normal, je remets 3 000 F CFA par jour pour la popote, 3 000 F CFA aux enfants pour se rendre à l’école. Mon loyer s’élève à 100 000 FCFA. Ma facture d’eau oscille autour de 30 000 F CFA, celle de l’électricité tourne autour de la quarantaine ».     
Avec son kiosque à café, Roger s’en sortait plus ou moins bien. Il gagnait entre 18 et 22 000 F CFA par jour. Ce qui lui permettait de prendre convenablement soin de sa famille. A cause de son état de santé, Roger a recruté deux personnes pour servir les clients. Chacun recevait un revenu mensuel de 60 000 F CFA. Ils se retrouvent du coup à la rue.    

Il souffre d’une insuffisance veineuse, dont le traitement nécessite beaucoup d’argent  


Kakou Roger est d’autant soucieux parce qu’il souffre d’une insuffisance veineuse depuis 1993. La pathologie dont il souffre a occasionné une inflammation d’une partie de sa jambe gauche, laissant apparaitre de larges plaies béantes. Les médicaments, qui lui ont été prescrits, lui coûtent environ 20 000 F CFA par mois. Des infirmières du CHU de Treichville doivent passer chaque deux jours pour faire le pansement, à raison de 2 000 F CFA par séance. Mais en raison de sa situation, il n’arrive plus à y faire face. « Je ne suis plus en mesure d’honorer cette charge. Mes moyens financiers actuels ne me le permettent pas ». Depuis le 1er novembre, pour son pansement, l’homme se rend dans des infirmeries de son quartier. 
A ce jour, c’est grâce aux maigres revenus de la vente d’eau à l’aide d’âmes généreuses que Roger parvient à faire face à certaines charges. Mais pour combien de temps ?                  

Aristide Otré 

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