Cette intervention est une nouvelle étape dans la dégradation de l'état de santé du souverain pontife de 86 ans, qui se poursuit depuis plusieurs années. En mars dernier, l'inquiétude était déjà grande lorsque le souverain pontife avait souffert d'une infection respiratoire qui lui avait déjà valu plusieurs jours d'hospitalisation.
"Le pape reste le pape"
Cette dégradation progressive pose une épineuse question œcuménique: qui doit remplacer le pape si celui-ci se retrouve en incapacité de diriger l'Église catholique?
La règle est bien établie lorsque le pape meurt. Il est alors temporairement remplacé par un camerlingue qui administre les affaires courantes le temps que son successeur soit désigné par les cardinaux. Mais la question reste en suspens lorsque celui-ci est admis à l'hôpital, où encore voit sa santé décliner rapidement.
Selon l'hebdomadaire Famille chrétienne, cette question constitue une zone grise dans les textes canoniques, puisque le souverain pontife est censé être désigné à vie.
"Le pape reste le pape même à l’hôpital", explique auprès d'I.Media, l'agence de presse spécialiste du Vatican, un spécialiste du droit canonique.
Et même en cas de dégradation trop grave de la santé papale, comme un coma ou une maladie mentale par exemple, rien n'est réellement prévu pour remplacer le souverain pontife défaillant. "Le pape est le seul à pouvoir renoncer librement à son pouvoir", précise ainsi le canoniste.
"Nous laissons cela au Saint-Esprit"
Comme l'explique pour sa part le site jésuite America, il n'est pas non plus possible "d'empêcher" un pape. En réalité, le droit canonique prévoir un motif "d'empêchement", mais pour les évêques seulement et en cas de "captivité, bannissement, exil ou incapacité."
Le pape étant lui-même évêque de Rome, il pourrait être concerné par ce motif. Mais l'article 355 du code canonique est très clair à ce sujet: le souverain pontife ne peut en aucun cas être considéré comme un simple évêque.
"Quand le siège de Rome devient vacant ou totalement empêché, rien ne doit être innové dans le gouvernement de l’Église tout entière", dit l'article.
"Vraiment, nous n'avons pas de règles pour cela. Il n'y a pas de canons et il n'y a pas de document séparé qui dit comment vous détermineriez l'incapacité, si l'incapacité est permanente ou temporaire, et, encore plus important, qui gouvernerait l'Église à cette époque. Rien. Absolument rien. Nous laissons cela au Saint-Esprit", indique Nicholas Cafardi, avocat spécialisé en droit canonique, au média America.
Lettre de démission
Comme le reprend Famille chrétienne, le défunt pape Benoit XVI a bien tenté de combler le flou qui entoure cette question en ordonnant l'écriture de nouveaux textes législatifs qui au final n'ont jamais été promulgués.
La décision revient donc au pape en personne. Une charge que François a bien comprise puisqu'il a lui-même admis qu'en 2013, alors qu'il venait d'être nommé pape, il avait écrit une lettre de renonciation en cas de "problème de santé" l'empêchant d'exercer son ministère.
"Toutefois, cela ne signifie pas du tout que la démission des papes doive devenir, disons, une 'mode', une chose normale", a-t-il nuancé lors d'un entretien à la revue Civilta cattolica, faisant référence à la démission surprise de son prédécesseur Benoït XVI.
Ce n'est pas la première fois que la question de la santé d'un pape se pose dans l'histoire récente. À partir des années 2000, Jean-Paul II, pape de 1978 à 2005, s'affichait extrêmement diminué en raison de nombreux ennuis de santé dont la maladie de Parkinson et de multiples problèmes respiratoires, qui l'empêchaient peu à peu de mener à bien ses interventions publiques. Les dernières années de sa vie, son élocution était devenue très hésitante et il se déplaçait en chaise roulante à cause de problèmes récurrents à la hanche et au genou.
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