Ce contingent est composé de 200 soldats qui assurent la protection du camp dans lequel sont basés les officiers et officiers supérieurs de la Minusma. En août 2023, le reste des soldats estimé à plus de 600 et basé à Tombouctou pliera bagage. Ce contingent constitue une force salvatrice pour la Minusma parce qu'il est le seul qui ravitaille les soldats des autres pays beaucoup plus au Nord du Mali. Il y a un axe de ravitaillement que les Maliens ont nommé "axe de l'enfer", parce qu'il constitue une zone d'embuscade des terroristes. Les "barbus du Sahel" y placent des explosifs artisanaux et tendent des embuscades aux soldats de la Minusma. La Côte d’Ivoire a perdu quelques soldats sur cet acte réputé dangereux.
Malheureusement, cette voie ne peut être contournée et constitue un cauchemar pour tous les soldats de la mission des Nations unies. "Ce sont les soldats ivoiriens seuls qui assuraient le ravitaillement de leurs frères d'armes des autres pays déployés un peu plus au nord. Si les soldats ivoiriens rentrent, leurs frères d'armes déployés un peu plus au nord pourraient être en difficulté ", a confié un officier de la Minusma, joint par téléphone, dans la soirée du mardi 15 novembre. "Il n'y aura pas de relève. À partir de janvier, nous allons commencer à remballer notre logistique. C'est un camp que nous avons bâti et le retrait débutera à partir de janvier pour s'achever au mois d'août 2023. Tous nos soldats vont rentrer à la maison", a renchéri un officier de l'armée ivoirienne.
Evidemment, ces annonces laissent la mission onusienne dans une situation d'incertitude quant à son avenir
Devant les entraves de toutes sortes posées par la junte malienne, bien d’autres contingents sont sur le départ et la capacité opérationnelle de la Minusma pourrait s’en trouver affectée. Le Royaume-Uni a également annoncé le retrait de ses troupes du Mali. L'Égypte a retiré ses troupes depuis le mois d'août et la Suède annonce son départ cette année 2023. Le Benin a plié bagage l'année dernière. Ces retraits sont le résultat de la confiance rompue entre les autorités maliennes et certains pays contributeurs en troupes de la Minusma. "Evidemment, ces annonces laissent la mission onusienne dans une situation d'incertitude quant à son avenir", a déclaré Ornella Moderan, chercheuse associée à l'Institut néerlandais des relations internationales (Clingendael Institute) interrogée par la DW. La Côte d’Ivoire envisage de redéployer ses soldats aguerris et l’ensemble de leurs équipements aux frontières nord, notamment celle avec le Mali.
Le retrait des soldats ivoiriens intervient dans un contexte particulièrement tendu entre la Côte d’Ivoire et le Mali. Le 10 juillet 2022, les autorités maliennes ont arrêté 49 soldats ivoiriens déployés dans le cadre d'une mission de soutien à l'aéroport de Senou. Malgré la médiation de plusieurs pays africains, notamment le Sénégal et le Togo, les autorités maliennes sont restées inflexibles. La dernière médiation conduite par le président ghanéen avait suscité beaucoup d'espoir. Aux dernières nouvelles, le Mali pose d'autres conditions qu'aurait rejetées la Côte d’Ivoire. La décision de retrait des soldats ivoiriens sonne comme le début d'une série de décisions que la Côte d’Ivoire pourrait prendre contre son voisin.
Yacouba DOUMBIA