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Mali : L'aide de camp du président malien victime d'un tir de sniper

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Deux témoins évoquent un «sniper» qui aurait fait feu avec précision et à une certaine distance du palais présidentiel, avec l’intention de tuer. (Kay Nietfeld/picture alliance.Getty Images)
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Mercredi 2 novembre, le capitaine Souleymane Traoré, proche du colonel-président Assimi Goïta, a été atteint par un tir au palais présidentiel de Koulouba, à Bamako.

S’agit-il d’un avertissement visant le président du Mali ou d’un règlement de compte entre militaires ? Selon nos informations, le 2 novembre, vers 18 heures, alors qu’il quittait le palais présidentiel de Koulouba, situé sur une colline de Bamako, le capitaine Souleymane Traoré, aide de camp du colonel-président Assimi Goïta, a été la cible d’un tir. Une balle l’a atteint au niveau du thorax. Blessé, l’homme a survécu grâce à son gilet pare-balles, freinant l’impact du projectile.

L’incident a été confirmé par trois sources sécuritaires distinctes auprès de Libération. Il subsiste néanmoins de nombreuses zones d’ombre concernant les circonstances de cet attentat et les motifs du tireur. L’auteur du tir n’aurait pas été appréhendé, selon l’une des sources. Deux témoins évoquent ainsi un «sniper» qui aurait fait feu avec précision et à une certaine distance du palais présidentiel, avec l’intention de tuer. Un modus operandi militaire qui laisserait penser que l’assaillant était un «tireur entraîné», pointant dans la direction d’un renégat de l’armée malienne ou d’un soldat membre d’une faction opposée à la junte actuellement au pouvoir à Bamako.

Absence de revendications 

Si la thèse d’un attentat terroriste commis par l’un des groupes jihadistes actifs dans le pays ne peut être écartée pour le moment, elle semble à ce stade hautement improbable. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim, selon son acronyme en arabe), affilié à Al-Qaeda, ou l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), les deux organisations jihadistes prépondérantes au Mali, privilégient habituellement les attaques de masse, parfois kamikazes. Leurs attentats, avec kalachnikov et explosifs, ont pour cible des restaurants, des hôtels ou plus récemment le camp militaire de Kati, près de Bamako, le 22 juillet. Ils n’ont jamais, jusqu’à présent, commis d’assassinat ciblé sur des hauts dirigeants, de surcroît au cœur de la capitale. Par ailleurs, l’absence de revendication sur les canaux jihadistes habituels rend cette hypothèse peu plausible.

D’habitude promptes à dénoncer publiquement les tentatives d’assassinat sur les figures du régime, comme celle ayant visé Assimi Goïta le 20 juillet 2021, ou les tentatives supposées de coup d’Etat contre les colonels (novembre 2021 et mai 2022), les autorités maliennes de transition sont pour l’heure restées extrêmement discrètes sur cette tentative de meurtre d’un proche du chef de l’Etat. Contactée par Libération, la présidence n’a pas répondu à nos sollicitations.

Le poste d’«aide de camp», bien que parfois honorifique, n’en est pas moins un travail à plein temps, assimilable à celui d’un assistant de direction. Les personnes qui occupent ce rôle, comme le capitaine Souleymane Traoré, ne sont pas choisies au hasard. Elles vivent au plus près du chef, sont au courant de son agenda, les côtoient dans l’intimité et ont accès à des appréciations de situation privilégiées, recueillant pensées et confidences des officiers qu’elles servent.

Avertissement destiné au président

L’attentat raté trahirait-il des dissensions au sein de la junte ? Tandis que les colonels au pouvoir à Bamako ne cessent d’évoquer une «montée en puissance» des forces armées maliennes sur le terrain, les jihadistes multiplient les offensives dans le nord et le centre du pays. Dans la région de Gao, l’absence de résistance des soldats maliens face aux avancées jihadistes force les anciens groupes de rebelles touaregs à faire barrage à leur place afin d’éviter la prise de la ville de Ménaka. Il y a quelques mois, des soldats maliens avaient dénoncé dans une vidéo les conditions d’entretien déplorables de leurs camps et de leurs équipements. Une grogne qui aurait trouvé chemin jusqu’à la capitale ? Selon une source proche de l’armée malienne, ce tir contre l’aide de camp, «ressemble beaucoup à un avertissement destiné au président Goïta».

Source : Libération 

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