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Burkina-Faso/ Capitaine Ibrahim Traoré: «Les assises vont désigner un président de la transition» au Burkina-Faso

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Le colonel Traoré Ibrahim s'engage à transmettre le pouvoir (Photo DR)
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Il s’appelle Ibrahim Traoré, il a 34 ans, il était jusqu’à présent le chef de corps du régiment d’artillerie de Kaya, dans le nord du Burkina-Faso. Et comme il vient de renverser le colonel Damiba, c’est maintenant le nouvel homme fort du pays. Le capitaine Traoré a accepté dimanche soir de répondre aux questions de Christophe Boisbouvier. Le nouveau maître du Burkina-Faso affirme qu’il n’est là que pour expédier les affaires courantes et qu’il n’a pas l’intention de présider la future transition.

RFI : Quelle est la situation politique ?

Ibrahim Traoré : Eh bien, il n’y a pas d’évènements majeurs, seulement une concertation entre militaires pour soutenir l’équipe du MPSR (Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration). Donc, le dénouement est heureux. Parce que comme vous l’avez dit, je suis capitaine, il y a bien plus gradé que moi dans l'armée. Il s’agit donc d’expliquer le contexte et le pourquoi, et ces anciens acceptent de soutenir, de nous conseiller, et nous aider. Donc ça, c’est une bonne nouvelle pour nous.

Les chefs religieux et traditionnels annoncent que le colonel Damiba a accepter de démissionner, est-ce que vous confirmez ?

Il y a eu une concertation entre ces chefs traditionnels et religieux et le colonel Damiba depuis samedi. Ce dimanche matin vers 9h, j’ai eu un contact téléphonique avec eux, ce qu’ils m’ont fait savoir également.

Alors, le colonel Damiba avait posé sept conditions, parmi lesquelles la garantie de sa sécurité et de celles des militaires qui lui sont restés fidèles. Qu’est-ce que vous répondez ?

Il faut comprendre que nous sommes une armée et il n’y a pas d’ennemi. Donc, après ce genre d’évènements, on laisse tomber tout, on revient sur la table et tout reprend à zéro. Donc, c'est cet acte que les anciens ont posé aujourd’hui, et qui fait aussi la cohésion entre nous. Il n’y a pas une chasse aux sorcières.

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Et savez-vous où est le colonel Damiba ?

À l’instant où je vous parle, je ne peux pas vous dire là où il se trouve, question de sécurité. Il va bien, très bien.

Est-ce qu’il est sur le territoire du Burkina Faso ?

(Rires) Peut-être que vous avez d’autres informations à nous donner ?

Je vous pose la question parce que plusieurs sources disent qu’il est au Togo.

Probable, je n’ai pas d’informations sur une extradition ou un autre évènement de ce genre.

Mais c’est probable ?

Comme vous avez une source qui vous le dit, donc, c’est probable.

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Est-ce que vous lui avez parlé ces derniers jours ?

Oui, même ce matin, je lui ai parlé.

Et alors ?

Il n’y a pas de problème entre le colonel Damiba et moi. Ce n’est pas un problème personnel. Donc, on a même communiqué ce dimanche matin.

Et quand vous avez parlé avec lui, il vous a précisé qu’il démissionnait ou pas ?

Nous n’avons pas parlé à proprement dans notre dernière conversation de cela. C'est plutôt samedi soir que nous avons parlé de cela, nous avons plus parlé des sept conditions que vous avez citées.

C’est ça, il vous a dit qu’il ne démissionnerait que si les sept conditions qu’il posait étaient acceptées ?

Nous ne dirons pas conditions en tant que telles, mais je dirais sept accompagnements, parce que ce sont des souhaits.

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Alors, justement, parmi les souhaits que vous a exprimé le colonel Damiba, il y a le respect des engagements pris avec la CEDEAO, et notamment le retour à l’ordre constitutionnel en juillet 2024.

On souhaite que le retour à l’ordre constitutionnel normal soit même avant cette date, si la situation le présage. Donc, notre souhait, c’est que ça puisse se faire avant 2024.

Ce dimanche soir, un communiqué de militaires qui vous soutiennent a dit que vous êtes chargé vous-même, mon capitaine, de l’expédition des affaires courantes, mais seulement jusqu’aux assises des forces vives qui désigneront un président de transition. Est-ce que vous confirmez ?

Oui, je le confirme, parce que ce sont les assises qui vont désigner un président de la transition. Donc, pour l’instant, nous expédions les affaires courantes.

Et ces assises, est-ce que vous souhaitez qu’elles se tiennent avant la fin de l’année ?

Oui, bien sûr. Bien avant la fin de l’année, on souhaite que ça se passe le plus vite possible.

Et à l’issue de ces assises, est-ce qu’on verra un président civil ou un président militaire ?

Civil ou militaire.

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Mais votre préférence, mon capitaine ?

Je n’ai pas de préférence, ça dépendra de ce qui se passera aux assises.

Vous avez discuté ces dernières heures avec des officiers supérieurs qui sont plus gradés que vous. J’imagine que vous pensez notamment au lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni qui commande les opérations du théâtre national, et au colonel major David Kabré, qui dirige l’état-major. Que ressort-il de ces discussions, mon capitaine ?

C’est ce que je vous ai dit, ils sont disposés à nous conseiller, à nous appuyer, à nous soutenir.

Et à vous reconnaitre comme le numéro un du pays dans les semaines qui viennent ?

Ça ne leur pose pas de problèmes.

Et est-ce qu'eux-mêmes pourraient prendre votre succession à l’issue de ces assises ?

Ça dépendra de ceux qui seront aux assises. Je ne vais pas à intervenir dedans.

Et vous-même, mon capitaine, est-ce que vous pensez pouvoir poursuivre votre mission à la tête du pays après les assises ou est-ce que vous comptez passer le relais à ce moment-là ?

(Rire) Pourquoi continuer ? Nous ne sommes pas venus pour continuer, nous ne sommes pas venus pour un but particulier. Tout ce qui intéresse, c'est de savoir si le niveau de sécurité est bien, c’est le combat, c’est le développement. Les assises qui vont désigner le président, ça ne nous concerne pas trop. On sera là pour donner des idées.

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Ce samedi, des manifestants s’en sont pris à trois emprises françaises au Burkina Faso, deux à Ouagadougou et une à Bobo-Dioulasso. Quelle est votre réaction ?

Il y a eu un communiqué concernant ces emprises militaires, il ne s’agit pas juste de la France. Donc, tout ce qui est emprise dans notre pays, nous condamnons ces dérives de la foule. Avec la communication, je pense que ça rentre dans l’ordre.

Et quel appel lancez-vous aujourd’hui à ces manifestants ?

D’être patriotes, des manifestants pacifiques, et de ne pas se livrer à des actes de vandalisme. Pourquoi casser? Pourquoi détruire ? Nous passons des messages, nous communiquons pour que les gens n’attaquent pas, ne vandalisent pas.

Vous avez mentionné votre ferme volonté « d’aller vers d’autres partenaires prêts à aider dans la lutte contre le terrorisme ». A quels autres partenaires pensez-vous ?

Il y a beaucoup de partenaires, la France est un partenaire, il y a beaucoup d’autres partenaires. Donc, il n’y a pas une cible prioritaire, tous ceux qui pourront nous aider.

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Je vous pose la question mon capitaine, parce que, depuis trois jours, les manifestants qui vous soutiennent brandissent des drapeaux russes. Est-ce que vous allez vous tourner vers la Russie ?

Le drapeau russe. La Russie est un État comme les autres, on est déjà en partenariat comme vous pouvez le constater. Même dans notre armée, nous utilisons beaucoup de matériels russes. Donc, c’est déjà un partenaire pour le Burkina Faso. Je ne vois pas quelle particularité il y a à voir un drapeau russe que l'on brandit à Ouagadougou.

Est-ce que vous souhaitez continuer un partenariat avec la France ou pas ?

S'il y a une ambassade ici, c’est qu’on est déjà partenaires, maintenant peut-être qu’on va parler des termes du partenariat.

C’est-à-dire revoir les termes ?

Oui, je pense que la France même est en train de changer les termes de ses partenariats avec beaucoup de nations. Nous voulons aussi discuter des termes du partenariat avec la France. Il y a des choses à améliorer, et peut-être qu’il y a des choses à abandonner, mais tout ce qui peut être amélioré doit être fait. 

 Source: RFI.FR

 

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