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Pourquoi le Mali se retire du G5 Sahel?

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Selon la règle de la présidence tournante c’est pourtant le Mali qui devait succéder au Tchad à la présidence du G5 Sahel à partir de février 2022.

Le Mali a annoncé, dimanche 15 mai dans la soirée, son retrait du G5 Sahel et de sa force militaire antijihadiste pour protester contre le refus qui lui est opposé d'assurer la présidence de cette organisation régionale formée avec la Mauritanie, le Tchad, le Burkina Faso et le Niger.

« Le gouvernement de la République du Mali décide de se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel, y compris la force conjointe. Cette décision sera notifiée aux États membres de l’organisation conformément à la procédure prévue en la matière. Le gouvernement de la République du Mali réaffirme son engagement constant en faveur de l’intégration et de la coopération régionales pour la réalisation d'objectifs qui servent les intérêts majeurs des peuples africains » explique un communiqué diffusé la la télévision nationale du Colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, porte-parole du gouvernement de transition issu du putsch de mai de l’année dernière, le second en neuf mois après l’éviction en août 2020 de l’ex président élu Ibrahim Boubacar Keita (IBK) aujourd’hui décédé.

Pour justifier la décision de Bamako, le communiqué dénonce d’abord la « non tenue à Bamako de la 8e session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat des pays membres du G5 Sahel » et dénonce « des réunions statutaires des autres organes », qui selon son communiqué, «  constituent une violation d’une décision prise par l’institution mais aussi celle des textes de base du G5 Sahel ». 

Le gouvernement malien réfute, ensuite, « fermement l’argument d’un Etat membre qui avance la situation politique interne nationale pour s’opposer à l’exercice par le Mali de la présidence du G5 Sahel ». Selon Bamako, aucun texte juridique du G5 Sahel ne prévoit des restrictions contre un Etat membre, sur la base de sa situation politique nationale ».

Pour les autorités maliennes, « aucune disposition des textes de cette institution ne prévoit qu’elle puisse également endosser des sanctions ou restrictions édictées par d’autres organisations à l’endroit d’un Etat membre ». Bamako considère que « l’opposition de certains Etats du G5 Sahel à la présidence du Mali est une manœuvre extra-régional visant désespérément à isoler le Mali ».

Désigné en février 2021 à la présidence tournante du G5 Sahel, le tchadien Mahamat Idriss Deby a vu son mandat s’achever un an plus tard. Mais il s’est trouvé contraint de jouer les prolongations en raison des réticences de certains de ses pairs, surtout le nigérien Mohamed Bazoum, à confier les rênes de l’organisation sous-régionale au Colonel Assimi Goïta qu’ils soupçonnent de ne pas avoir envie de remettre le pouvoir à des autorités civiles élues. 

Selon la règle de la présidence tournante consacrée par les textes de l’organisation, c’est pourtant le Mali qui devait succéder au Tchad à la présidence du G5 Sahel lors d’un sommet qui devait être organisé au début de l’année 2022 à Bamako. Ce qui s’était avéré, finalement, presque impossible. Le président nigérien Mohamed Bazoum ne se serait jamais déplacé chez le putschiste de Bamako. La France et l’Union européenne, contributeurs majeurs au budget du G5 Sahel et dont les forces sont en train de se retirer du territoire malien suite à la dégradation de leurs rapports avec la junte de Bamako, n’auraient jamais approuvé qu’un tel sommet se déroule au Mali.

Pour contourner cet écueil, le président tchadien a pensé que la 8 ème Conférence des chefs d’Etat du G5 Sahel pouvait se faire par téléconférence, ce qui aurait permis, notamment, d’éviter une rencontre physique entre le chef de l’Etat de transition du Mali et le président nigérien.
Mais la démarche aurait inévitablement conduit à la remise de la présidence tournante du G5 Sahel au colonel Goïta.  

Bazoum que semble viser le communiqué malien quand il dénonce des  « manœuvre extra-régional visant désespérément à isoler le Mali , en allusion à sa proximité avec Paris, la France et l’Union européenne auraient sans doute désapprouvé. 

Apanews 

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