Les pics de chaleur de ces derniers jours ont fait place à une forte pluie qui a arrosé la capitale économique ivoirienne. À la suite de ce phénomène naturel, des embouteillages ont été constatés sur des axes, notamment sur celui qui relie les communes de Cocody à Bingerville. En effet, sur ce tronçon, le pont jouxtant le pôle scientifique et d'innovation de l’Université Félix Houphouët-Boigny, a été submergé par les eaux.
Cet encombrement de véhicules qui a perturbé la circulation, était insoutenable jusqu’à 23 h, tant pour les passagers que les transporteurs. Malheureusement, pour des usagers de ces véhicules de transport en commun, communément appelés « gbakas », des chauffeurs véreux, en complicité avec leurs apprentis, une porte était ouverte pour s’adonner à des actes ignobles sans en être inquiétés.
Prétextant des difficultés pour se frayer un chemin, ces conducteurs de gbaka, comme s'ils s’étaient passé le mot, ne se gênaient pas à immobiliser leurs engins à un endroit choisi, précisément à la montée du Carrefour Kessié. Une fois l'objectif atteint, ils disparaissent des lieux sans crier gare, abandonnant les clients à l’intérieur des engins.
« Je n’avais que 500 FCFA pour retourner à la maison, le chauffeur et son apprenti ont fui », a déploré une dame. Cette dernière, comme bon nombre de passagers dans son cas, doivent terminer leur parcours à pied. « Non ! ce sont des malhonnêtes, ces gens-là. Comment peut-on se comporter de la sorte », a rétorqué un sexagénaire.
« Ils ne m’ont pas encore remis ma monnaie. Je lui ai remis 2000 FCFA, ils doivent me remettre 1500 FCFA », a confié une dame.
Cette interrogation a suffi à faire naître des suspicions chez tous les autres passagers se trouvant dans un tel cas.
« Mais où sont passés le chauffeur et son apprenti, depuis on s’impatiente, le temps passe et il se fait tard. Moi, il me doit 4500 FCFA. C’est tout ce qui me reste. Pourquoi des gens font des choses comme ça ! », s’est plaint une commerçante. Panier en main, sûrement qu’elle revenait d’une de ces ventes sur un marché donné.
Pendant ce temps sur la voie, les forces de l’ordre, venues en renfort, tentent de fluidifier la circulation à cette heure tardive de la nuit où les automobilistes s’impatientent de regagner leurs domiciles. Le ton monte d’un cran, mais les éléments de la police nationale réussissent à remettre de l’ordre.
Aux environs de 23 h 40 mn, les flux routiers semblent avoir repris, mais des gbakas sont encore immobilisés. Les passagers assis dans les véhicules, attendent toujours les conducteurs et leurs acolytes, observant impuissamment la circulation reprendre son rythme habituel.
Sans interlocuteurs et livrés à eux-mêmes, ils se résignent finalement à descendre. Le hic est qu’eux aussi, ont été dépossédés de leur argent par les apprentis.
Pour certains, c’était le début d'un calvaire, parce que ne disposant plus d’argent, ils ne savaient pas à quel saint se vouer pour regagner leurs domiciles. La seule issue qui s’imposait à eux, était la marche. Tandis que ceux qui disposaient encore de moyens financiers, ont emprunté d’autres gbakas jusqu’à la gare routière de Bingerville.
Venance Kokora