Dans les minutes et heures qui ont suivi ces nominations, l’opposition ivoirienne, toutes tendances confondues, est en transe. N’ayant plus d’os à broyer pour espérer troubler la quiétude des tenants du pouvoir, les thuriféraires de cette opposition, aussi bien dans les médias que sur la toile, sont tombés à bras raccourcis sur le chef de l’État. Son seul crime : avoir usé de cette prérogative que lui confère pourtant la Constitution.
Pour eux, la nomination de Jeannot Ahoussou-Kouadio, Mabri Toikeusse et Mamadou Sanogo à la Présidence de la République, est un acte qui vient contrarier la politique du gouvernement de lutter contre la cherté de la vie dans un contexte allégué de surendettement. Mais ceci est un vrai faux débat que tentent maladroitement d’exploiter ceux qui n’ont pas d’yeux pour apprécier le développement prodigieux actuellement en cours dans le pays qui est d’ailleurs, reconnu et salué par tous les agrégateurs nationaux et internationaux qui évaluent les indicateurs de développement. Les pourfendeurs du régime agitent le chiffon rouge de l’augmentation du train de vie de l’État sans véritablement dire si oui ou non, les dernières nominations de Ouattara sont des nominations de plus qui vont occasionner de nouvelles dépenses. Et c’est justement à ce niveau que la mauvaise foi s’est invitée dans le débat. Aly Coulibaly et Cissé Ibrahim Bacongo qui occupaient des postes clés, sont partis de la Présidence sans que leurs différents postes ne soient pourvus. Idem pour Gilbert Kafana Koné qui était ministre d’État et qui a été promu Haut représentant du chef de l’État.
Dans ce jeu de turn-over au Palais, après la promotion de Masséré Touré Koné au rang de Secrétaire générale de la Présidence, en remplacement de Cissé Aboudrahamane qui est également parti, le poste de Secrétaire général adjoint est resté vacant jusqu’à ce jour. Or, pour qui connaît la charge du travail à la Présidence de la République, les postes laissés vacants par Aly Coulibaly, Koné Kafana, Cissé Bacongo et Masséré Touré Koné, sait qu’ils devraient être pourvus dans les meilleurs délais afin de fluidifier le travail.
Quelques mois après ces départs, Ouattara décide donc de remplacer un ministre d’État par un ministre d’État et deux ministres par deux autres ministres. Pendant ce temps, le poste de Secrétaire général adjoint de la Présidence est encore vacant. Où est donc le problème pour que les nominations de Jeannot Ahoussou-Kouadio, Mamadou Sanogo et Mabri Toikeusse fassent l’objet d’un tel tollé ?
De la sorcellerie politique en plein jour…
La posture des thuriféraires du régime est d’autant plus surprenante et incompréhensible, dans la mesure où le budget de la Présidence sur lequel vont émarger ces nouveaux promus, n’a subi aucune augmentation. Ici encore, où est le problème au point de faire croire que ces nominations vont faire exploser les dépenses de l’État, alors que rien n’a augmenté à la Présidence en termes de ligne budgétaire. Mieux, il y a même un poste qui reste encore vacant. Mais là où les critiques frisent le ridicule, c’est quand les thuriféraires du régime avancent que les dernières nominations de Ouattara vont accentuer la cherté de la vie, parce que in fine, ce sont les contribuables qui vont en faire les frais.
Pour qui connaît le traitement salarial d’un ministre en Côte d’Ivoire qui tourne autour de 5 millions de Francs CFA par mois, peut déduire qu’un ministre coûte en moyenne, 60 millions de Francs par an à l’État et un ministre d’État, 80 millions. En d’autres termes, les trois nouveaux promus vont coûter environ 200 millions de Franc CFA à la Présidence au lieu de 260 millions, parce qu’il y a encore un poste vacant. 200 millions, ce n’est, certes pas rien, mais ce n’est pas avec 200 millions qu’on peut mettre fin à la cherté de la vie dans un pays. Toujours dans ce même ordre d’idées, ceux qui crient au scandale aujourd’hui, ont oublié que le même gouvernement qu’ils accablent de tous les maux, a déjà débloqué 700 milliards, pas millions, pour subventionner les prix du carburant à la pompe en vue d’éviter justement une flambée générale des prix en cas d’augmentation à la pompe.
Ce même gouvernement a aussi plafonné les prix de 21 denrées de grande consommation, toujours dans la dynamique de protéger les populations. Exit l’électrification de la quasi-totalité des localités du pays, la construction de nombreuses routes, l’allocation de filets sociaux et aussi et surtout les 361 milliards de financements accordés aux jeunes dans le cadre de l’année de la jeunesse. Peut-on objectivement fermer les yeux sur ces efforts incommensurables qui permettent de juguler la cherté de la vie et puis, considérer des nominations à des postes laissés vacants comme un crime de lèse-majesté ?
Le faire, ce n’est pas faire de la politique, c’est plutôt de la sorcellerie politique. Ni plus, ni moins.
Kra Bernard