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LES LEÇONS DE LA DÉMOCRATIE SPORTIVE DE YAMOUSSOUKRO

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Le rideau est tombé samedi à Yamoussoukro, sur l’Assemblée Générale élective de la Fédération ivoirienne de football (FIF) qui cristallisait toutes les attentions et soulevait toutes les passions. Les jours d’après, le soleil a continué à se lever à l’Est et à se coucher à l’Ouest. Ceux qui ont perdu, se sont rendu compte de leurs erreurs et les vainqueurs continuent de savourer leur victoire méritée.  Mais que de leçons à retenir de cette assemblée générale ! La première chose qu’il convient de retenir, c’est que jamais dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, en dehors des deux CAN remportées, un événement sportif n’a soulevé autant de passions et d’attentions. Cela revient à dire que le football demeure le sport roi et le catalyseur de l’unité nationale. La seconde leçon et la plus grande d’ailleurs, c’est la posture des différents candidats, leurs staffs et leurs partisans, avant, pendant et après le vote de Yamoussoukro. Pour cette élection, il n’y avait que trois candidats à la présidence du Comité exécutif et chacun avait un trait spécifique. Le premier, Sory Diabaté, était perçu comme la continuation de l’establishment qui a été à la base de la baisse de régime du football ivoirien. Le second, Yacine Idriss Diallo, était perçu comme un membre de l’establishment qui a pris ses distances et qui veut revenir dans le jeu pour nettoyer les écuries d’Augias.  La troisième candidature et celle qui était au centre de toutes les attentions, était celle de l’ex-international Didier Drogba. L’ancien capitaine des Éléphants, dans l’esprit de ses partisans, était ce ‘‘messie’’ que le monde du sport en Côte d’Ivoire attendait pour venir remettre en selle, le football ivoirien. Au finish, c’est Yacine Idriss Diallo qui a remporté le saint graal devant son ancien compagnon Sory Diabaté.  Fait notable, le deus ex machina Didier Drogba qui était perçu comme le ‘‘candidat du peuple’’ n’a même pas pu franchir le second tour. De plus, son score de 21 points fait clairement ressortir que les attentes des populations ont été largement en deçà de la promesse des fleurs de sa candidature. Et c’est là, la plus grande leçon qu’il faudra tirer de cette élection. Didier Drogba avait le soutien de dizaines de millions de partisans, mais il a obtenu seulement 21 voix à l’élection et est arrivé en dernière position. Cela doit amener les Ivoiriens à chercher à comprendre le système électoral de toute compétition avant de s’y engager.

Didier Drogba avait le soutien de dizaines de millions d’Ivoiriens, mais il a obtenu seulement 21 voix à l’élection et est arrivé en dernière position. Cela doit amener les Ivoiriens à chercher à comprendre le système électoral de toute compétition avant de s’y engager.

 

Pour l’AG de la FIF, il n’y avait que 81 personnes physiques issues des clubs et des groupements d’intérêt qui devraient choisir. Malheureusement, certains citoyens n’ont pas compris, n’ont pas cherché à comprendre ou ont feint de ne pas comprendre que pour cette élection, ce n’était pas le système du vote populaire. Mais les jours d’après, ils l’ont compris à leurs dépens. Aux États-Unis, c’est quasiment le même système électoral. Là-bas, on peut gagner et puis ne pas être élu. L’ancienne secrétaire d’État, Hillary Clinton, en a fait les frais face à Donald Trump à l’élection présidentielle américaine de 2016. Dans le vote populaire, Hillary Clinton avait obtenu les suffrages de 65 millions d’Américains contre 62 pour son rival Trump. Mais au finish, ce sont 538 individus appelés ‘‘Grands électeurs’’ qui ont décidé à la place des 245 millions d’Américains inscrits sur le listing électoral. Parmi ces 538 individus, 304 ont décidé de faire du républicain Donald Trump, président des États-Unis contre 227 pour la démocrate Hillary Clinton qui avait pourtant, remporté le vote populaire. En son temps, ce système électoral complexe, avait scandalisé certains analystes qui ont estimé que 538 individus ne pouvaient pas faire un choix contraire à la place du peuple. Ce système avait été critiqué, mais c’est la loi que se sont donné les Américains qui ont fait de ce pays, la plus vieille démocratie au monde. Ici, dans le cas de la FIF, Didier Drogba avait certes, l’onction de millions de supporters, mais le règlement de la FIF dit clairement que c’est 81 personnes qui doivent décider et ces 81 électeurs ont choisi Yacine Idriss Diallo au détriment de ‘‘l’enfant du peuple’’ Didier Drogba. Que s’est-il passé ? Pourquoi Didier Drogba qui est une légende vivante du football et dont le seul nom peut ouvrir des portes est arrivé en dernière position ? L’ancien capitaine des Éléphants n’était-il pas pris au piège du miroir aux alouettes du fait de sa célébrité ? Est-ce qu’être star et adulée par le peuple suffit-il pour remporter une élection ? Voici autant de questions qu’il faudra se poser pour tier les leçons de cette démocratie sportive de Yamoussoukro.

 

Kra Bernard

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