Les lampions se sont éteints ce dimanche 6 février 2022 au Stade Olembé de Yaoundé sur la 33e édition de la Coupe d’Afrique des Nations, avec la victoire des Lions de la Téranga. Il est vrai que l’équipe nationale de la Côte d’Ivoire n’a pas pu franchir le cap des quarts de finale, mais la CAN 2021 s’est invitée dans le quotidien des Ivoiriens, jusqu’au dernier coup de sifflet de l’arbitre dans le cadre de ce tournoi, le plus grand et le plus suivi sur le continent africain. De fait, après l’élimination de l’équipe nationale de la Côte d’Ivoire, un débat qui a pris des proportions diplomatiques, s’est instauré entre les populations ivoiriennes et celles du pays hôte, le Cameroun. De quoi s’agit-il ? Lors du Côte d’Ivoire-Égypte comptant pour les quarts de finale, les Camerounais avaient pris fait et cause pour les Pharaons du Nil, avant, pendant et après le match. Avant le match, ils ont appris à chanter l’hymne national de l’Égypte et conspué l’exécution de celui de la Côte d’Ivoire. Pendant le match, ils ont poussé à bout, les joueurs égyptiens jusqu’à la victoire finale. Après le match, ils se sont moqués des supporters ivoiriens avec une rare délectation et des mots très durs au mépris de l’amitié ivoiro-camerounaise. C’était là, la ligne rouge qu’il ne fallait pas franchir. Cette attitude des supporters camerounais a réveillé une vieille rivalité footballistique. Les Ivoiriens attendaient seulement une défaite des Lions Indomptables face à l’Égypte en demi-finale pour dompter les supporters camerounais. Ce qui fut fait avec panache par les Pharaons en demi-finale. C’est à partir de ce moment que les Ivoiriens qui ont une extraordinaire capacité de tourner les pires situations en dérision, vont se faire sentir ! En un clic, ils prennent le contrôle de la toile et ramènent le Cameroun et ses supporters à leur plus simple expression. Fait notable dans ce qu’il convient désormais de nommer le sursaut de la CAN 2021, les Ivoiriens, quels que soient leur origine, rang social, appartenance politique et idéologique, se sont lancés dans une campagne de charme de leur pays. Pour une fois, partisans du pouvoir et de l’opposition étaient unis et soudés pour démontrer que leur pays est plus développé que le Cameroun, en publiant chacun, sur les réseaux sociaux, de grandes réalisations de ce pays, dont beaucoup portent la marque du président Alassane Ouattara. Pour tuer le match, certains activistes de la toile ont même publié, avec photos à l’appui, que l’entrée du Zoo d’Abidjan est plus jolie que l’entrée de Yaoundé.
À l’analyse, on peut le dire tout net : le temps est vraiment l’autre nom de Dieu. Ceux qui se sont foutus de Ouattara et de ses routes et ponts, sont ceux-là même qui ont utilisé les images de ces mêmes routes et ponts pour attester de la grandeur de leur pays.
L’autoroute de Grand-Bassam, le troisième pont, les stations de péage, les immeubles du Plateau, le barrage de Soubré, le nouveau palais présidentiel, le poids de l’économie, etc., bref, tous les internautes ivoiriens, comme un seul homme, ont défendu l’image, le prestige et la puissance de leur pays face aux camerounais qui ont perdu leur latin dans ce jeu. Même ceux qui avaient coutume de dire qu’on ne mange pas ponts et goudron, ont été les premiers à publier les images des autoroutes et ponts. À l’analyse, on peut le dire tout net : le temps est vraiment l’autre nom de Dieu. Ceux qui se sont foutus de Ouattara et de ses routes et ponts, sont ceux-là même qui ont utilisé les images de ces mêmes routes et ponts pour attester de la grandeur de leur pays. Comme on peut le voir, le sursaut patriotique de la CAN 2021 vient d’inculquer deux grandes leçons aux Ivoiriens : Primo, l’image et le prestige de la Nation passent avant tout. Secundo, les infrastructures dans un pays, quel que soit l’initiateur, sont destinées à toutes les populations et à la postérité. À un certain moment, il faut savoir sortir de la politique politicienne. Un pont, une route, un barrage, une université construite dans un pays, ne sont pas destinés à un président, encore moins, aux militants de son parti politique. Dans l’œuvre de construction du pays, il faut savoir arrêter de polémiquer sur le sexe des anges et regarder l’intérêt supérieur de la Nation. Le sursaut patriotique de la CAN au Cameroun vient de nous le démontrer.
Kra Bernard