Les Journées nationales du cacao et du café ont pris fin avec la fixation des prix des deux principales matières premières. Au cours de la campagne 2024-2025, le gouvernement a décidé que le Kg du café se paie à 1500 F CFA et celui du cacao à 1800 F CFA. Selon Yessoh Komenan Pacôme, planteur de cacao, cette hausse généralisée des prix est nettement mieux que celle de l’an passé. Cependant, il regrette n’avoir pas associé à la culture du cacao, celle du café. « C’est un manque à gagner, mais je n’y peux rien », a-t-il déclaré. Sawadogo Sidiki, planteur à Divo, salue la décision du gouvernement qui rassure les producteurs de café et de cacao et les met à l’abri de certaines craintes. Yapi Ambroise, planteur à Kossondji, dans la commune d’Alépé, n’en dira pas moins. « Le prix du cacao est bon. C’est vrai qu’on a compté sur 2 000 F CFA, mais 1800 F CFA, c’est beaucoup, ça peut aller. C’est le prix du café qui m’a le plus surpris », a-t-il confié. « Moi, je dis merci au président de la République d’avoir pensé à nous, pour la prise en charge médicale des producteurs. On dit merci également à la Première Dame », s’est réjoui N’Guessan N’Goran, producteur de café-cacao à Kimoukro, dans la sous-préfecture de Kokumbo.
Konan Séraphin, producteur de café–cacao à Bacanda dans le département de Grand-Lahou, contient difficilement sa joie, après la déclaration du ministre de tutelle. « Nous sommes heureux, rassurés, parce que le gouvernement, avec à sa tête, le président de la République et le Premier ministre, ont pris l’engagement d’honorer les producteurs que nous sommes. Aujourd’hui, c’est une fierté pour moi de revenir à la terre et de cultiver le café et le cacao. Nos parents n’ont pas eu cette occasion, cette chance, mais aujourd’hui, nous profitons de ce qu’ils nous ont laissé comme héritage. Je suis comblé et très heureux, merci au Chef de l’État », s’extase-t-il. À ses côtés, des amis de fortune ne peuvent rester indifférents à sa joie. « La fête ne fait que commencer », enchaîne l’un d’entre eux. La nouvelle des prix d’achat du Kg du café et du cacao n’enchante pas seulement les producteurs. Des syndicats de la filière, notamment la Centrale Syndicale Agricole de Côte d'Ivoire, ne reste pas en marge de l’expression de la reconnaissance envers le président de la République.
« Le prix donné par le gouvernement est bon. Nous le saluons et nous encourageons les autorités, parce que nous avons encouragé la revalorisation des prix. 1500 FCFA pour le café et 1 800 F CFA pour le cacao, c’est une bonne chose. Nous sommes satisfaits, mais nous le sommes encore plus, d’autant que l’assurance des planteurs est prise en charge. Ils ne pourront plus débourser 12 000 FCFA l’année pour les prestations de la CMU, c’est un élément qui nous tient à cœur, parce qu’on a toujours milité pour l’assurance des planteurs. C’est la preuve qu’on est dans le terme de la JNCC « pas de planteurs, pas de cacao ». Pour qu’il y ait du cacao, il faut que les planteurs soient en bonne santé ! », a relevé Thibeaut Yoro, SG et porte-parole de la Centrale Syndicale Agricole de Côte d'Ivoire.
Une joie mitigée à cause des règlements de l’UE
Poursuivant, notre interlocuteur a fait savoir que sa joie est mitigée à cause de l’entrée en vigueur des règlements de l’Union Européenne. « Notre joie est mitigée à cause des règlements de l’Union Européenne qui rentrent bientôt en vigueur. Ces règlements planent sur notre tête. L’UE interdit la commercialisation de notre cacao, s’il n’est pas tracé, alors que n’avons pas pu remplir ces conditions à 100%, parce que toutes les plantations ne sont géo[1]localisées ; tous les planteurs de Côte d’Ivoire ne sont pas encore recensés. C’est une menace pour nous, alors que ce sont nos principaux clients. Nous sommes heureux, mais on a la crainte au ventre que l’UE applique sa décision », a-t-il déploré. Thibeaut Yoro a informé que depuis le 27 septembre 2024, il a animé une conférence de presse pour plaider auprès de cette union politico-économique afin qu’elle accorde une rallonge d’un an « pour leur permettre de tout mettre en ordre ». « La géolocalisation des plantations et d’autres choses qui ne dépendent pas de nous les planteurs, mais de l’État, ne sont encore réglées. Nous avons demandé aux ministères concernés de plaider pour nous les planteurs auprès de l’UE afin que les réglementations soient repoussées au moins d’un an », a-t-il conclu.
Venance Kokora