Économie

Portrait/ Tehua Marie Sylvie Mireille épouse N’Douffou, la communicatrice devenue patronne de l’immobilier

portrait-tehua-marie-sylvie-mireille-epouse-ndouffou-la-communicatrice-devenue-patronne-de-limmobilier
PARTAGEZ

Titulaire d’un BAC+4 et exerçant dans le secteur de l’immobilier, Tehua Marie Sylvie Mireille épouse N’Douffou, est la gérante de la société des Lys de Marie. Nous l’avons rencontrée, dans ses bureaux, situés à Marcory Résidentiel. Un modèle à suivre. Portrait.

 

Parce qu'elle a cru en ses compétences, cette femme a brisé le plafond de verre et est aujourd'hui à la tête d’une société d’aménagement, de promotion immobilière et gérance.  En dépit de pesanteurs socioculturelles qui constituent souvent des entraves à l’épanouissement des femmes, elle par contre, s’arme de courage et réalise des exploits qui profitent à plus d’un.

Tehua Marie Sylvie Mireille épouse N’Douffou, est la gérante de la société Les Lys de Marie. Spécialisée dans l’aménagement, la promotion immobilière et la gérance,  mariée et mère de 4 enfants, cette femme a fait des études en marketing avec un niveau BAC+4. N’étant pas issue du métier, raconte-t-elle, « je me suis mise à l’école, je me suis mise à prendre des cours. A présent je suis en préparation d’un master en aménagement et promotion immobilière ».

 

Après mes études en France, j’ai exercé dans le domaine de la communication

 

Selon Mme N’Douffou, le choix de l’immobilier lui est tombé là-dessus, par un coup de tête. Tout simplement parce que confie-t-elle, « j’ai eu dans le passé à gérer quelques biens des amis. Quand j’ai fini mes études en France, j’ai exercé dans le domaine de la communication et du marketing dans des entreprises ici en Côte d’Ivoire, j’ai travaillé pour des entreprises telles que le Groupe Sifca, Comafrique, pour le Groupe français Cofas et ensuite quelques amis me demandaient de suivre quelques biens pour eux. Parallèlement, j’aidais un peu mon mari pour tout ce qui était aménagement pour des sociétés de la place. C’est parti comme ça tout d’un coup, je me suis intéressée vraiment à la construction et aux programmes immobiliers ».  5 ans après la création des Lys de Marie, la gérante se dit satisfaite. « A l’issue du programme Présidentiel, j’ai eu la chance de figurer parmi les promoteurs qui ont été retenus. Donc, tout est parti du fait qu’une personne qui n’est pas issue du métier se sent pressentie pour un travail qui, à l’origine, n’est pas son métier de base et accepte de rentrer dans le jeu. Donc, ça fait 5 ans que nous sommes dans le programme immobilier, programme situé à Modeste (Grand-Bassam). On a environ 461 logements à construire et sur les 461, on a déjà réalisé plus de 200 logements. La cité est déjà habitée. On a quand même une bonne vingtaine de personnes qui habitent déjà leurs logements. La cité est déjà viabilisée. Elle a déjà l’électricité, les personnes qui y habitent sont connectées et c’est vraiment une réalité », se félicite-t-elle.

 

Quand vous exercez un métier, il n’y a pas que le bureau

 

Femme rigoureuse, malgré son titre, Mme N’Douffou n’hésite pas à aller régulièrement sur ses chantiers. « On est contraint. Parce que quand vous êtes dans un métier, il n’y a pas que le bureau. En dehors du fait qu’on soit aménageur et promoteur, mon métier de base, c’est celui de l’aménagement, parce qu’on a eu l’agrément aménageur en premier, avant d’avoir celui de promoteur », informe-t-elle.

 

Rigoureuse, mais je suis un peu trop maternelle

 

Réveillée déjà à partir de 4 heures 30, la journée de notre interlocutrice commence toujours par la prière. « Dès que je me réveille, c’est la prière. Je commence par aller à la messe (chrétienne catholique), regarder si mon fils s’est réveillé, si tout va bien, une petite discussion avec mon époux pour savoir s’il vient au bureau, quelles sont ses tâches. Si je n’ai pas fait ma messe, je me rends toujours à l’église pour dire un petit mot à Dieu, parce qu’au cours de la journée, on ne sait jamais à quoi on peut être confronté. Quand j’arrive au bureau, je commence avec ma responsable des ressources humaines, afin d’avoir le point de la situation de l’entreprise (les tâches) … Ma journée s’achève à 20 heures, voire 21 heures, parce qu’il y a toujours une information pour laquelle il y a une réponse à préparer pour demain », confie-t-elle. 

 

Ma vision, c’est de faire un travail bien approprié                                        

 

Pour la bonne marche de ses activités, elle fait savoir que tous les lundis, elle tient des réunions avec ses collaborateurs. Des réunions qui se tiennent souvent sur le chantier ou au bureau. « Je suis rigoureuse, j’ai horreur des fautes. Tous mes collaborateurs savent que quand on fait un message ou un rapport, quand il y a une faute, je ne lis pas, je leur retourne la copie. Mais, je suis un peu trop maternelle », souligne-t-elle. En outre, dans le courant de la semaine, informe-t-elle, « je suis tenue d’être au moins deux fois sur le site sur lequel on travaille. Mais, il n’y a pas que le site de Modeste, on a quelques autres chantiers, donc on est tenu de s’organiser pour être un peu présente sur ces sites ».

Employeuse d’une dizaine de personnes, la patronne des Lys de Marie travaille également avec des sous-traitants. Quel est son secret pour l’obtention de marchés et autres contrats ? « Pour les Lys de Marie, c’est par pure grâce. Si vous êtes face à des personnes qui sentent en vous un potentiel, la confiance peut naître. On a eu la chance d’avoir la construction de 2000 logements, ce qui n’est pas négligeable. Ces personnes sont passées sur notre site. Ce qui les a captivées, c’est qu’elles ont eu à faire à une femme. Ma vision, c’est de faire un travail bien approprié », rassure-t-elle.

 

Exhorter les femmes à s’impliquer davantage dans le secteur immobilier

 

 Malgré ses occupations quotidiennes, Mme N’Douffou gère bien sa vie de couple. « Mes enfants sont grands. Les 3 premiers sont hors du pays, ils sont déjà grands. Le tout dernier est en classe de seconde. Il comprend. Je leur ai déjà inculqué la prise en charge. Donc, mon fils se prend déjà très bien en charge, on a toujours une petite discussion avec lui sur son programme de la journée, ses difficultés… Les dimanches, on se retrouve en famille pour la messe. Quand il y a un voyage, on profite du voyage pour faire un petit bilan du couple. Mon époux étant financier, il est impliqué aussi dans l’entreprise », relate-t-elle la gestion de sa petite famille.  

Toutefois, fait-elle savoir, le métier d’aménageur et de promoteur n’est pas sans risques, encore moins sans difficultés. « Vous faites confiance à des personnes avec qui vous êtes sur le chantier et malheureusement, ces personnes en qui vous avez mis votre confiance, sont celles-là mêmes qui vous déplaisent le plus. C’est vraiment des coups durs. Ce sont des montants énormes. Et, à force de ne pas livrer un chantier dans le délai, vous êtes ainsi confrontés à des risques. Alors qu’au niveau des impôts, vous avez pas mal de frais auxquels vous êtes confrontés », déplore-t-elle.

 

Difficultés à se faire accompagner par des partenaires financiers

 

 Autre chose, relève-t-elle, les difficultés à se faire accompagner par des partenaires financiers. « Ici, les banques exigent souvent des jeunes entrepreneurs d'avoir un savoir-faire, d'avoir quelques références. Pour qu'une banque puisse vous octroyer un crédit, ce n'est pas vraiment une chose aisée. On a pu bénéficier de deux crédits, malheureusement, il y a un qui s'est passé plus ou moins bien. Et, il y a l'autre qui ne s'est pas très bien passé pour la simple raison que la structure financière qui devait nous octroyer ce crédit, ne l'a pas fait dans les normes. Aujourd’hui, quand vous signez des engagements avec des banquiers, il faut faire très attention à ceux qu'on en prend. Il y a beaucoup de clauses dans les ouvertures d'actes de crédit, si vous ne faites pas attention, vous ne prenez pas les informations nécessaires, vous vous retrouvez dans de grosses difficultés. C'est vraiment un peu compliqué », dénonce-t-elle. Toutefois, exhorte-t-elle les femmes à s’impliquer beaucoup plus dans l’entreprenariat.  

Dans ce sens, la gérante des Lys de Marie encourage l’Etat de Côte d’Ivoire à créer des écoles de formation afin de réfléchir sur les moyens à mettre en œuvre pour exhorter les femmes à s’impliquer davantage dans le domaine de l’entreprenariat. « Nous les femmes, nous avons souvent des contraintes, mais n’empêche que ce serait intéressant que les femmes choisissent ce métier, parce que le secteur est porteur. »   

Collaboratrice de Mme N’Douffou, Alice N’Guessan, assistante commerciale ne tarit pas d’éloges à l’endroit de sa patronne. A l’en croire, son employeuse est très aimable, assez maternelle et adore beaucoup le travail bien fait. « C’est vrai qu’elle ne décolère pas souvent, mais nous l’apprécions parce qu’elle le fait pour notre bien-être. Cela nous permet de nous améliorer », témoigne-t-elle. Tout cela pour la bonne marche de la société.

Réalisé par Fatou Sylla

 

Newsletter
Inscrivez-vous à notre lettre d'information

Inscrivez-vous et recevez chaque jour via email, nos actuaités à ne pas manquer !

Veuillez activer le javascript sur cette page pour pouvoir valider le formulaire