Économie

Péage sur l’axe Abidjan – Nord: Vers un surcoût du prix de transport ?

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Les péages participent à renflouer les caisses de l’État pour l’entretien des routes et autres investissements. (Photo : DR)
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À l’instar du poste de péage de Grand-Bassam qui, en son temps, avait fait l’objet de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux, celui de Tiébissou sur l’autoroute de Yamoussoukro, n’en demeure pas moins sous le feu des critiques à cause de l’augmentation, a-t-on appris, du prix de transport. Pourtant, il n’en est rien.

La Côte d’Ivoire s’est dotée depuis 2012, d’importantes infrastructures routières pour relever son niveau de développement. Ainsi, les différents gouvernements qui se sont succédé, ont œuvré en ce sens pour que le vœu cher au président de la République, Alassane Ouattara, qui est de doter le pays d’infrastructures modernes à l’horizon 2030, tienne le délai. Dans le même temps que cette politique gouvernementale permette de disposer de routes adéquates sur l’étendue du territoire national, le gouvernement a prévu des péages pour assurer leurs entretiens.

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Selon le ministère de l’Equipement et de l’Entretien routier, ce sont 14 postes à péage au total d’ici la fin de 2023. D’ailleurs, ce droit que l'on doit payer pour franchir un passage ou emprunter un ouvrage d'art et qui ne s'applique aux personnes, aux véhicules ou aux marchandises transportées sur des axes, a amené des compagnies de transport à revoir le prix des tickets de voyage. C’est le cas de la ligne Abidjan – Boundiali qui, autrefois, était 10 000 F CFA. Il est monté à 12 000 FCFA. Le prix du ticket de voyage Abidjan – Korhogo reste inchangé, mais le client doit ajouter 100 FCFA pour les frais de timbre. Le prix de transport Abidjan – Bouaké est passé à 7000 FCFA et Yamoussoukro – Bouaké à 2500 FCFA.

Ce bouleversement dans le prix du transport est survenu après la livraison du poste de péage de Tiébissou sur la section Yamoussoukro-Tiébissou concernant l’autoroute du Nord reliant Yamoussoukro à Bouaké. D’ailleurs, des compagnies de transport justifient leurs actes par le fait de nombreux péages sur l’axe Abidjan au Nord du pays qui comprend plus de 04 postes. L’inquiétude s’est déjà emparée des populations de ces zones du Nord, pourtant, la situation n’est pas que spécifique à une zone. D’ici la fin de 2023, après l’achèvement du 4e pont, un péage y sera installé. Deux péages sont en vue sur l’axe Yamoussoukro-Bouaflé-Daloa, deux péages à PK109-Divo-Gagnoa, deux à Bouaké-Ferké, un à Divo-Guitry-Côtière, un sur l’axe Grand-Bassam-Assinie, deux sur l’autoroute Yamoussoukro-Bouaké, trois sur la route de la côtière. Pour maintenir un climat social apaisé, le Ministère rendra fonctionnel, son comité sectoriel du dialogue social. À cet effet, l’arrêté portant nomination des membres du Comité Sectoriel de dialogue social sera pris au 1er trimestre 2023.

La nécessité des différents péages

Se confiant récemment à des confrères, le ministre de l’Equipement et de l’Entretien routier, Amédé Koffi Kouakou, a été un peu plus explicite sur les raisons de la nécessité des péages dans le dispositif établi.

« Nous multiplions les péages pour ne pas pénaliser ceux qui vivent dans ces zones et qui ne vont pas loin. De plus, si on veut appliquer les charges réelles, le coût serait plus élevé. Mais nous fixons un prix qui nous permet d’entretenir les autoroutes. Nous tenons compte de la vie sociale », a-t-il informé. Avant de revenir sur l’état des lieux historique des routes sur le plan national.
« Notre pays avait très peu de routes goudronnées. Jusqu’en 2016, on comptait 6500 routes goudronnées et 1400 à réparer. Nous n’avons pas de ressources pour entretenir des routes. Il nous faut donc des péages pour l’entretien des routes », a indiqué le ministre. Qui, au passage, a mentionné que le Fonds d’entretien routier (FER) pour assurer le service, emploie de plus de 700 personnes dont 80% de nationaux.

À la question de savoir pourquoi les péages n’étaient pas gratuits, le ministre de l’Equipement et de l’entretien routier a expliqué que le coût de réalisation d'un kilomètre de route s'élève à minimum 750 millions de francs CFA. Et que pour un kilomètre d'autoroute, ce n'est pas moins de 2 milliards de francs CFA.

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« Celui qui passe, doit contribuer à l'entretien de la route. L’ennemi numéro 1 de la route, c'est l'eau. Nos machines et notre personnel veillent à l'entretien. On crée des voies d'évacuation ».
Sans faux fuyant, le ministre Amedé Kouakou a relevé que le péage de Grand-Bassam qui n'est qu’une branche de l'autoroute Abidjan – Lagos, n'est pas une section de l'autoroute Abidjan-Bassam.

« Quand nous faisions notre route, il n’y avait pas d’habitations. Lorsqu'on faisait notre autoroute, elle se trouvait en brousse. Ce sont les hommes qui sont venus habiter là. Certains sont allés habiter près de l’autoroute. Il y avait des clôtures d'habitation qui se trouvaient à proximité de l'autoroute. Il y a des emprises autoroutières qu’il faut respecter. Mais finalement, nous avons trouvé un accord en permettant à tous ceux qui vivent à proximité de l’autoroute de payer uniquement 1000 FCFA/jour. Même s'ils passent 100 fois dans la journée, ils ne paient plus »

L’appel du Haut conseil du patronat

Le directeur du Haut conseil du patronat des entreprises de transport routier, Diaby Ibrahim, que nous avons joint au téléphone vendredi 27 janvier 2023, croit que l’augmentation du prix de transport dans certains endroits n’est pas du fait de l’installation de postes de péage, mais bien à autre chose. « La situation n’est pas liée au péage mais à un autre cadre. C’est un autre aspect qui ne concerne pas le péage. S’il n’y avait pas de péage, le transport allait être beaucoup plus. Heureusement que le péage est arrivé », a-t-il tranché, sans donner les moindres détails.

Toutefois, notre interlocuteur a préconisé que les populations ne voient pas les péages comme des charges pour les transporteurs, mais plutôt comme un gain, un énorme avantage à cause de la baisse du coût d’entretien des véhicules.  

« Nous ne voyons d’impact sur le prix du transport. Nous voyons cela en termes de baisse de coût d’entretien des véhicules. Si on veut aller sur la base de calcul économique, on gagne plus en payant 1000 FCFA, 2000 FCFA que de passer sur les anciennes routes. Quand tu vas au garage pour l’entretien d’un véhicule, tu peux dépenser 25 à 30 000 FCFA. Un voyage sur l’axe Yamoussoukro-Bouaké sans crever un pneu, sans qu’on ne casse une lame de ressort, cela fait des économies. C’est beaucoup plus avantageux que par le passé. Le transporteur se réjouit d’avoir les infrastructures qui l’amènent à ne pas dépenser dans le cadre des réparations des véhicules », a-t-il insisté.

Il a, par la suite, déploré les procès dont le secteur du transport est sujet. Le directeur du Haut conseil du patronat des entreprises de transport routier a évoqué des difficultés que connaît leur domaine d’activité qui n’échappe pas aux effets liés au contexte mondial, avec la crise entre l’Ukraine et la Russie que vivent de nombreux secteurs d’activités du pays.

« Le transport est un travail économique extrêmement difficile. Le prix du véhicule, il y a 05 ans, et celui d’aujourd’hui, n’est pas la même chose. Les prix des pneus, de l’huile et de tous les autres intrants ont presque triplés. Il est important de noter que dans le secteur des transports en Côte d’Ivoire, les transporteurs font d’énormes efforts, des sacrifices et nous sommes prêts à le démontrer », a-t-il défendu.

Notons que le gouvernement, dans ses orientations stratégiques, ambitionne de miser sur la qualité des infrastructures qui est un facteur majeur d’accroissement de la compétitivité d’une économie, car elle offre un environnement des affaires où les coûts de production et de transaction sont réduits. Sans oublier les interconnexions qui sont assurées entre les zones de production et celles de commercialisation et de consommation. Des efforts conséquents sont donc indispensables. Il s’agira d’aménager le territoire et de gérer les terres de façon à développer les zones économiques, tout en préservant l’accès des populations et des opérateurs à la propriété foncière, le tout, dans une optique de développement durable et de préservation de l’environnement. Toute cette vision passe par la route qui précède tout développement.

Venance Kokora

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