Économie

Interview/Maxime Zounon, DG de Filature Tissage Gonfreville Bouaké : « L’industrie locale peut produire des champions nationaux »

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Selon Maxime Zounon, les entreprises du textile gardent l'espoir de voir le secteur redynamisé pour l'emploi et le bien-être des populations (Photo : DR)
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En marge de la rencontre thématique sur la compétitivité du secteur de la transformation du coton, initiée par l’Observatoire national sur la compétitivité des entreprises (ONCE), Maxime Zounon, Directeur général de Filature Tissage Gonfreville Bouaké, s’est confié à L’Avenir. Dans cette interview, il revient sur les difficultés que connaissent les entreprises emblématiques et les dispositions prises par l’État ivoirien pour redynamiser la filière.  

Le Premier ministre Patrick Achi était à Bouaké pour s’imprégner des réalités de terrain en rapport avec les entreprises du textile. Comment appréhendez-vous cette démarche ?

Le coton est une culture très importante pour la Côte d’Ivoire. Il fait vivre directement et indirectement, plus de 3 millions de personnes et impacte le développement des régions centre et Nord. Les débouchés du coton-graine sont essentiellement de trois ordres après l’égrenage : la fibre obtenue est soit exportée en l’état, soit transformée en textile et la graine obtenue est transformée en huile. C’est dans le cadre de la relance et de la redynamisation de l’industrie de la transformation du coton que s’est inscrit la visite du Premier ministre dans notre usine.

Il n’est pas inutile de rappeler que la Côte d’Ivoire a été pionnière de l’Industrie textile en Afrique de l’Ouest, avec des entreprises emblématiques comme Gonfreville, Uniwax, Cotivo, Utexi, etc. Aujourd’hui, plusieurs de ces entreprises qui interviennent dans la partie en amont de la filière (la filature et du tissage), connaissent de très graves difficultés et menacent de fermer.

Ainsi, l’État est en train d’étudier les pistes pour les aider à se relancer, pour créer des emplois, de la valeur ajoutée, des richesses et augmenter la part de coton fibre transformée localement. Plusieurs actions ont été initiées par le gouvernement. C’est dans ce cadre que l’année passée déjà, le Premier ministre, accompagné d’une forte délégation, a visité la plupart des entreprises sinistrées. Cette visite est l'illustration parfaite de l'intérêt que le gouvernement accorde à la filière textile, notamment le niveau de la transformation en fil et en tissu qui nous concerne.

Quelles sont exactement, les situations auxquelles sont confrontées les entreprises du secteur coton-textile ?

 Il y a eu beaucoup de choses qui se sont passées, et il faut aller de l’avant. Nous sommes aujourd’hui dans un environnement mondialisé, de plus en plus digitalisé et incertain. Le textile est, à bien des égards, une industrie où le volume compte. Nous devons investir, mais judicieusement. On ne peut pas tout faire également et on ne doit pas tout faire. Nous devons choisir les niches où nous avons plus de chance de réussir et obtenir plus de retombées économiques et sociales et même culturelles. C’est tout ce travail qui est en train d’être fait actuellement.

Pensez-vous que le pays dispose suffisamment de coton pour permettre aux entreprises locales de se relancer sur le marché ?

Il y a actuellement suffisamment de coton en Côte d’Ivoire, au regard de la taille de l’industrie textile ivoirienne. La Côte d’Ivoire est l’un des premiers producteurs de fibre de coton dans la région et plus de 95% de la fibre est actuellement exportée. L’État a aussi mis en place, des mécanismes de coopération entre les égreneurs (producteurs de fibre) et les filateurs (transformateurs de fibre) pour assurer les approvisionnements de ces derniers. Le problème, aujourd’hui, est au niveau de la relance de l’industrie de la transformation pour la doter de nouveaux équipements et des moyens de s’approvisionner en matière première.

Êtes-vous certain que les partenaires et investisseurs attendus, suffisent pour renouer avec la transformation locale du coton ?

Oui, l’État a choisi la bonne démarche. Notre souhait, c’est que le processus s’accélère. Il faut aider à la relance de l’existant et à la création de nouvelles entités pour transformer une grande partie de notre production. Cela va permettre de sauver des emplois et d’en créer de nouveaux, surtout pour de nombreux jeunes de notre région. 

Parlons de la production locale, est-ce que la Côte d’Ivoire peut faire face à une sollicitation de grand marché ?

Oui. En investissant, on peut transformer une grande partie de notre production locale de coton. On peut maximiser le taux de production. Il y a beaucoup de produits importés, alors qu’avec des investissements bien organisés, on peut s’approvisionner localement, créer des emplois et augmenter la valeur ajoutée. 

Concrètement, est-ce que des facilités sont prévues pour vous épargner de certaines charges fiscales ?

Certaines mesures sont déjà initiées et l’État a pris les choses en main pour justement, identifier toutes les mesures à prendre en vue d’accompagner la relance durable des industries.

Des industriels et des partenariats sont annoncés, comment entrevoyez-vous une éventuelle collaboration ?

Nous ne sommes pas encore au stade où nous pouvons à nous seuls, développer le textile. C’est normal que nous nous appuyions sur des modèles qui ont réussi et que nous échangions avec de potentiels futurs clients. Notre marché local ne peut pas seul, attirer certains gros partenaires qui sont présents mondialement. Ce sont des acteurs majeurs dans le textile. Donc, nous devons nous appuyer sur leurs expériences, leurs expertises et accompagnements.

Au terme de notre échange, avez-vous espoir que les choses iront dans le sens de votre appel ?

Permettez-nous de saluer ici, les différentes initiatives entreprises par le gouvernement pour la relance du secteur textile qui a été défini comme l'un des secteurs prioritaires pour le développement du pays. Il y a deux grands axes dans le développement du textile en Côte d’Ivoire : relancer les unités industrielles existantes et attirer de nouveaux investissements orientés vers l’exportation. L’industrie locale peut produire des champions nationaux. Les unités de transformation existantes, l’artisanat, la confection, peuvent attirer des promoteurs importants et permettre à la Côte d’ivoire de redevenir un pays qui compte dans l’industrie du textile. Pour cela, nous devons relancer toutes ces usines qui ont durablement fait le succès de ce pays et continuent de se battre avec détermination. Nous gardons beaucoup d'espoir de voir un secteur textile redynamisé pour l'emploi et le bien-être des populations.

Réalisée par Venance Kokora

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