L’entrée en vigueur officielle de la vidéo-verbalisation le 06 septembre 2021, avait suscité chez bon nombre d’Ivoiriens, une lueur d’espoir dans le sens qu’elle allait ramener à la raison, des conducteurs indélicats, mais que non ! L’incivisme routier s’est plutôt accru défiant le gouvernement dans toutes les mesures édictées.
L’incivisme routier est devenu une seconde nature pour des conducteurs routiers qui, à longueur de journée, s’adonnent à des pratiques au mépris des règles édictées par le gouvernement. Le cas qui choque encore les consciences, est l’accident grave de la circulation survenu le 13 juillet 2022 à Yopougon, plus précisément au carrefour Kénéya, non loin du centre commercial Cosmos. Un camion benne, dont le chauffeur a manqué de respecter le feu rouge, a violemment percuté et écrasé un taxi-compteur qui transportait le conducteur et son passager, les tuant sur-le-champ.
Une indiscipline notoire qui gagne du terrain
Cette indiscipline relevant de la mauvaise conduite, est devenue une règle ! Au quotidien, ce sont les feux tricolores qui ne sont pas respectés par les chauffeurs indélicats sur les grandes artères d’Abidjan, reliant diverses communes. On observe des dépassements dangereux, des conduites dans le sens inverse par des véhicules avec des plaques d’immatriculation jaunes ou sans plaque d’immatriculation, des stationnements anarchiques sur les trottoirs. Les excès de vitesse, l’usage du téléphone au volant, la conduite sous l’effet des stupéfiants et de l'alcool… sont devenus monnaie courante.
Dans la nuit du samedi 16 juillet 2022, sur l’axe Bingerville-Cocody sur le virage de Free World Hôtel International, un automobilise roulait dans le sens inverse, sans être inquiété. Malgré les interpellations de ceux qui roulaient dans le sens normal, ce dernier est resté campé sur sa position. Le lundi 18 juillet 2022 qui a suivi, au niveau de l’École de police à Cocody, dans le sens allant de cette institution au carrefour « la vie », pendant que des véhicules étaient stationnés au feu rouge, un véhicule 406 avec les vitres teintées et une plaque de l’armée, est sorti du rang, sous le regard de policiers impuissants. Il arrive souvent que ces chauffards roulent au milieu de la voie et empêchent, le véhicule qui le suit de se frayer un passage. Ces mauvaises habitudes, en grande partie imputées aux chauffeurs de gbaka, taxis-compteurs et communaux, sont en train de se généraliser. Des véhicules personnels s’adonnent à ce désordre routier avec en prime, les insultes les plus grossières. Les piétons et les motocyclistes ne dérogent pas à la règle. Ils n’attendent plus que le feu soit rouge pour traverser les voies.
Face à l’impuissance de l’État
Malgré les grands moyens déployés par le gouvernement et les campagnes de sensibilisation qui ont été menées, rien ne semble freiner l’incivisme routier en Côte d’Ivoire. Selon le ministère des Transports, les causes des accidents de la circulation relèvent de 90% de l’incivisme et de la mauvaise formation des conducteurs. Abidjan occupe 40% et 40% pour quatre axes routiers du pays reliant la capitale économique. Le directeur général de Quipux Afrique, Ibrahima Koné, a reconnu le vendredi 17 juin 2022, lors de ses échanges avec les bloggeurs de Côte d’Ivoire, que les difficultés persistaient à cause du manque de matériels. Pour le Grand Abidjan, seulement une soixantaine de caméras sont installées. « Nous sommes à une soixantaine de radars installés. L’objectif d’ici à la fin de l’année, c’est d’installer 200 radars sur le périmètre du projet qui couvre pour le moment, le Grand Abidjan », avait-il informé. À l’en croire, le pays avait franchi à la fin d’avril 2022, le cap des 3 millions d’infractions. Une situation d’autant plus inquiétante.
Pour l’Observatoire de la solidarité et de la cohésion sociale, il est temps que le gouvernement mette en application, la mesure prise en Conseil des Ministres le jeudi 3 novembre 2016, visant à instaurer le permis de conduire à points.
D’autres observateurs préconisent qu’il serait judicieux d’inscrire dans les programmes scolaires, l’apprentissage des bonnes manières.
Depuis l’avènement de la vidéo-verbalisation, les forces de l’ordre, notamment les policiers, semblent avoir pris du recul. Toute chose qui n’est pas de nature à promouvoir la culture du civisme. De façon générale, la police a sa place dans la régulation de la circulation. C’est à ce prix que les Ivoiriens pourront être fiers du boulot qu’abat le gouvernement.
Venance Kokora