Économie

Enquête express / Flambée des prix des aliments : Sale temps pour les mères avec nourrisson

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Nombreuses sont ces mères avec nourrisson qui vivent difficilement la flambée actuelle des prix des denrées alimentaires. Pour des raisons d’ordre économique, ces femmes, quelle que soit leur situation sociale, sont amenées à se battre pour se procurer des aliments de leur enfant, dont la plupart ont vu leur prix augmenter à la faveur de la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

 

Dame Y.M. est mère de 05 enfants et réside avec son mari, dans la commune de Marcory, précisément dans le mythique quartier d’Anoumabo. Elle tient sous un arbre qui lui sert d’abri, un étal pour la vente de vivriers. Cette dernière n’a pas caché son amertume pour se procurer une boîte de lait Nursie expertise +. Elle nous informe qu’elle le fait tous les 4 jours, en raison de 4500 F CFA pour son fils de 8 mois. En plus des 4 autres gamins, cette génitrice a en charge, la pitance quotidienne de la famille.

« Si ce n’est pas Dieu, je ne sais pas comment j’allais nourrir mon fils. Il est bien gros. Cela me conforte quand je cherche l’argent pour assurer sa nourriture. Son père a perdu son emploi en raison de la Covid-19. Depuis, il cherche toujours du travail. Grâce aux bénéfices de mes ventes, je fais tout pour assurer la nourriture de mon fils. Souvent, je sollicite le soutien de mes frères et sœurs pour m’aider », a-t-elle raconté.

Sonia T., institutrice dans un établissement public à Yopougon, ne sait à quel saint se vouer avec l’augmentation exagérée des aliments pour enfant. Elle nous a raconté qu’à la naissance, sa fille a refusé de téter le lait maternel au détriment du lait Primalac qui est une préparation pour nourrisson adaptée dès la naissance. Aujourd’hui, à 5 mois, son enfant continue de consommer ce lait qu’elle a finalement intégré au budget familial. Le prix de cet aliment varie d’une pharmacie à une autre, dans l’ordre de 5 025 F CFA à 5 500 F CFA.

« Je suis heureuse d’être une mère, mais c’est un véritable casse-tête pour moi. C’est vrai que nous nous (son époux et elle) sommes préparés à cela, mais c’est un budget quand même énorme. Tous les 2 ou 3 jours, il faut renouveler la boîte. L’État doit réglementer les prix des aliments pour enfant qui grimpent et causent de véritables soucsi aux femmes. Il n’y a pas que les aliments pour les adultes », a-t-elle déploré.

Mme Cissé M., assistante sociale, ne décolère pas contre la flambée des prix des aliments pour enfant. « Tout a augmenté, ce n’est pas possible ! » À l’en croire, le pain, les pâtes alimentaires, le sac de la pomme de terre, le Kg du riz ou des céréales ont augmenté.

Cette évidence est d’autant partagée par Mme Oula C. « Le carton de phosphatine 200g est à 1200 F CFA au lieu de 1000 F CFA, le prix de la boîte de Blédine 400g qui était à 1400 FCFA est passé à 1600 F CFA », a-t-elle dénoncé.

Effectivement, hormis les grandes surfaces, des boutiques de quartiers ont profité de la situation pour imposer leur dictat. Dans ces endroits de proximité à forte audience, les populations subissent au quotidien, la hausse des prix des produits.

La bouteille d’eau minérale Olgane de 5 litres est vendue à 1200 F CFA au lieu de 1000 F CFA, les couches pour enfant sont passées de 1000 F CFA à 1200 F CFA. Le yaourt pour enfant dénommé « Milkana », est à 300 F CFA l’unité contre 250 F CFA, il y a quelques semaines.

Dans les marchés, les commerçants sont entrés dans le jeu en avançant des arguments farfelus en rapport avec la hausse des prix. Au forum d’Adjamé, le sac de pommes de terre de 25 kg coûte entre 9 000 F CFA et 8 000 F CFA. Quant à celui de 5 Kg, il est à 2000 Kg contre 1800 F CFA. Ces mêmes produits sont respectivement revendus à Bingerville à 10 000 F CFA pour le sac de 25 kg et 2500 F CFA.

 

Ces faux arguments qui ne tiennent pas

 

Les commerçants évoquent une augmentation du coût de transport élevé de leurs marchandises qui a une répercussion sur le prix de la revente.

« Le transport a augmenté, c’est pourquoi nous avons ajouté en retour, quelque chose sur le prix de nos articles », a défendu Dame Tra Lou Yvonne. « Nous sommes obligsé d’augmenter le prix des marchandises à cause du prix du transport », a enrichi Akissi C. dont les étagères se situent dans les environs. Pourtant, dès les premiers signes, relativement à l’augmentation des prix de certains produits, le gouvernement ivoirien s’est montré très réactif en arrêtant une série de mesures, dont le but est de préserver le pouvoir d’achat des populations.

À cet effet, il a adopté la subvention partielle des prix des produits pétroliers, notamment le gasoil, pour éviter l’impact sur le coût de la vie, pour un montant d’environ 55 milliards, de janvier à mars 2022. Le plafonnement sur une période de trois (3) mois, des prix de l’huile de palme raffinée, du sucre, du lait, du riz, de la tomate concentrée, de la viande de bœuf et des pâtes alimentaires est réglementé, tout comme l’élargissement de la liste des produits de grande consommation et services.

Toujours au titre des mesures, le gouvernement a également décidé de l’instauration du principe de l’information préalable et de concertation, avant toute augmentation de prix des denrées de grande consommation, pour une période de six (6) mois. La soumission à autorisation des exportations de produits vivriers de grande consommation, notamment la banane plantain, le manioc et dérivés (attiéké, placali,), l’igname, le riz local afin de garantir la desserte des marchés intérieurs.
Il était prévu l’allocation d’un appui financier aux acteurs du vivrier, afin de faciliter l’approvisionnement des marchés. Le démantèlement immédiat des barrages routiers illégaux et l’information des acteurs économiques et des populations sur les barrages réguliers.

En dépit de toutes ces assurances, les commerçants continuent de ruser avec les autorités. Vivement que le nouveau gouvernement prenne à bras le corps, la situation de l’alimentation des enfants dont les prix grimpent au jour le jour.

 

Venance KOKORA

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