Des chefs d’entreprises de manutention et des dockers ont décidé mardi 15 février 2022, de fédérer leurs actions dans le but de booster leurs activités dans l’intérêt de la compétivité des ports d’Abidjan et San Pédro.
Réunis en assemblée générale constitutive à la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) à Abidjan-Plateau, les coopérateurs associés (les chefs d’entreprises) et les coopérateurs non associés (dockers) ont porté sur les fonds baptismaux, la coopérative du bureau de gestion de la main-d’œuvre docker (BGMOD). Sous la supervision de Maître Cissé, conseil juridique, la rencontre a vu l’élection de Stéphane Eholié, président directeur général (PDG) de la société ivoirienne de manutention et de transit (SIMAT) et Fulgence Aka, responsable du Conseil de surveillance (CS).
Le décret de Ouattara sur le statut des dockers porte ses fruits
La mise sur pied du BGMOD répond de la volonté du chef de l’État, Alassane Ouattara. En effet, le mercredi 30 janvier 2019, le Conseil des ministres qui s’était tenu au Palais de la présidence de la République, a adopté un décret portant statut particulier des dockers de Côte d’Ivoire. Cependant, ce n’est qu’en janvier 2021 qu’il est entré en vigueur.
Le décret, tel que défini, vise à améliorer les conditions de vie et de travail des dockers. Aussi, il redéfinit, conformément aux standards internationaux, les conditions d’accès à la profession de docker, les modalités d’embauche, de conclusion, d’exécution et de rupture des contrats de travail des dockers. En outre, il prévoit divers avantages sociaux au profit des dockers, notamment la formation professionnelle continue, une assurance santé, ainsi qu’un fonds de solidarité.
La prise de la décision par le numéro 1 des Ivoiriens continue de susciter de nombreuses satisfactions au sein des acteurs portuaires, en partie, les ouvriers employés au chargement et déchargement des navires arrivant dans les ports d’Abidjan et de San Pedro.
L’unité pour booster la puissance des ports
Les dockers constituent, faut-il le rappeler, une colonne ouvrière importante et essentielle aux opérations portuaires en Côte d’Ivoire. En 2019, ils ont contribué à la réalisation des résultats records des plateformes d’Abidjan et de San Pedro, qui ont traité respectivement, 26 millions et 5 millions de tonnes de marchandises. Malheureusement, l’environnement marqué par la pandémie de Covid-19, va occasionner une baisse des activités. Celle-ci va avoir une répercussion sur la balance des opérations portuaires de l’exercice en cours. En 2020, le port d’Abidjan termine l’année avec un trafic maritime global de 25 350 923 millions de tonnes net, soit un repli léger de -1,5 %, par rapport à l’année 2019. Celui de San Pedro a subi les mêmes secousses avec un trafic qui s’est établi en 2020 à 4 755 833 de tonnes.
En dépit, de cet obstacle, le gouvernement a décidé de remédier à l’extension des ports d’Abidjan et de San Pédro sur la période de 2021-2025 pour le renforcement de leur compétivité grâce à une large ouverture sur le monde. Vu l’importance de ces investissements, l’État ne cesse de préconiser la coordination des actions communautaires.
Pour le nouveau président du bureau de gestion de la main-d’œuvre docker, Stéphane Eholié, l’interpellation des gouvernants est un appel à l’unité des travailleurs pourtant, concurrents dans un même secteur d’activité au détriment des enjeux personnels. « Aujourd’hui est un jour historique, parce que des opérateurs concurrents ont dans une vision commune, décidé de fédérer leurs forces. L’histoire retiendra que nous nous sommes mis ensemble pour une gestion commune et saine des manutentions. L’idée est que nous travaillons en toute transparence. Nous devons parler de gestion participative, car l’union fait la force », a-t-il insisté. Les participants, au dire du conseil juridique, ont opté pour la société coopérative. Une option qui implique les dockers dans la gestion des affaires de l’association et leur confère, le droit d’une gestion participative avec représentation égale de ladite organisation.
Un hommage à la lutte des dockers
Pour sa part, Pierre Sahué, Coordinateur du projet a, au nom de ses pairs, rendu un hommage mérité aux dockers pour la persistance d’une lutte entamée depuis 1990 qui a porté ses fruits en 2019.
À l’en croire, c’est également la solidarité des chefs d’entreprise de manutention à ces combats, exprimée à travers les séminaires dont celui de Grand Bassam en 2010, puis Yamoussoukro en 2012, qui a abouti à la signature du décret par le président Alassane Ouattara.
« Les dockers vivaient dans la précarité. Ils n’étaient pas déclarés à la CNPS, ils n’avaient pas d’assurance-maladie. Ils se sont battus, il y a eu des grèves. En 1999, c’est sous le Président Bédié que le décret n° 99-510 du 4 août 1999 portant Statut particulier des dockers et dockers transits des ports de Côte d'Ivoire a été décidé. 2010, à l’issue d’une rencontre à Grand Bassam, ils ont réfléchi sur les nouveaux taux horaires demandés par les dockers. En 2012, à Yamoussoukro, il leur a été accordé 5% d’augmentation. Ça été des combats menés qui, aujourd’hui, ont abouti à la signature du décret par le président Alassane Ouattara », a-t-il déclaré.
Venance Kokora